Quand la Patrie est trahie par la République (Jean Raspail):
“J’ai tourné autour de ce thème comme un maître-chien mis en présence d’un colis piégé. Difficile de l’aborder de front sans qu’il vous explose à la figure. Il y a péril de mort civile. C’est pourtant l’interrogation capitale. J’ai hésité. (Jean Raspail, camp des Saints).
D’autant plus qu’en 1973, en publiant “le camp des saints”, j’ai déjà à peu près tout dit là-dessus. Je n’ai pas grand chose à ajouter, sinon que je crois que les carottes sont cuites.”
Je retiens de mes expériences et des confidences de mes anciens que le caractère profond de l’homme se révèle seulement dans les situations critiques de la vie.
La valeur du rapport de l’individu avec le spirituel apparaît lorsque les gardes-fous cèdent ou s’ébranlent. Les grandes épreuves nous donnent l’occasion de constater que les hommes sont encore nombreux à mourir pour une idée !
La culture a su, trouver ou créer au delà de ce qui est nécessaire au problème de survie, elle représente toutes les valeurs spirituelles, qu’elles soient religieuses, artistiques ou philosophiques. Mais on peut ajouter ausi la joie de l’attachement à la patrie et aux idéaux d’un parti. S’il est un message à faire passer à tous ceux qui, au nom de Dieu, égorge, décapitent et tuent sans pitié, c’est celui de leur dire: “que notre idéal d’hommes civilisés est demeuré intact par delà les frustrations de l’histoire mondiale et l’évolution des moeurs. Nous portons en nous, l’appartenance à une communauté sprituelle indestructible et nous possédons une richesse que personne n’est en mesure de nous dérober. Nous pouvons perdre de l’argent, la santé, la liberté, mais les valeurs spirituelles que nous avons acquises et qui font partie de nous-même, ne peuvent nous être retirés sans qu’on nous ôte la vie.”
Les choses que nous portons en nous sont inébranlables et inéaliénables, malheureusement, elles ne se dévoilent que dans les périodes de détresse et de souffrance.
Aucune relation, aucune amitié, ne sont durables si on n’y a pas mis un peu de soi-même, si on n’a pas accepté de donner une partie de son existence à se sacrifier et à se battre.
L’existence façonne notre personnalité mais elle réclame une faculté de soumission et d’abnégation, elle exige qu’on reconnaisse un certain nombre de valeurs, qu’on les préserve. La société humaine soutient et aide l’individu à condition que celui-ci la reconnaisse et consente pour elle a des sacrifices.
Maintenant que je suis bien rentré chez les septuagénaires proche des octogénaires, je sens apparaître chez moi des attitudes, des pensées, des conceptions nouvelles qui étaient en gestation depuis des années; je sens mon existence tendre vers un équilibre nouveau, différent.
Je me leurre, peut être, en allant chercher dans mon passé l’origine des récents changements intervenus dans mon existence, que, je refasse l’histoire, que je regarde en arrière, que je me mens à moi-même.
La souffrance que fait naître en nous le sentiment de la mort inéluctable est terrible; elle m’apparaît rétrospectivement comme un abîme de terreur immense et noir. Mais je sais et j’ai appris que la souffrance demeure souffrance jusqu’à une certaine limite. Au delà, elle disparait ou se transforme ou se pare de couleurs éclatantes. Elle devient source d’espoir et de vie, même si elle est toujours présente. Tout ce que je suis incapable d’accepter, d’aimer, de savourer devient poison, à l’inverse, tout ce que j’aime, tout ce qui insuffle en moi de l’énergie représente une source de vie, un trésor.
Ce n’est pas ce genre de réponse qui pourrait contester les propos de Jean Raspail, mais pour l’avoir cotoyé un instant, il avait, me disait-il, un très grand respect pour la Légion étrangère.
CM