Le lieutenant-colonel (te-er) Eric Hildebert est un ancien directeur de l'IILE à Puyloubier, il affiche 38 ans de service à titre étranger.
Ses poèmes sont des enchantements d'une rare sensibilité.
Merci au “vieux con” ainsi se présente t-il à ses jeunes, un partage tout en nuance et sensibilité, observation et état d’âme salutaire qui pourrait avoir un effet bienfaisant sur notre réflexion quant à l’action social de la Légion soucieuse: “de ne pas abandonner ses anciens serviteurs”. Action solidaire et fraternelle concrétisée par l’existence de deux maisons d’hébergements d’Anciens légionnaires: Puyloubier et Auriol.

Hasard et coïncidence, au moment où ces écrits paraissent sur le site, un pensionnaire de Puyloubier, Thomas Ewans décède:

"Le lieutenant-colonel Olivier Madonna, directeur de l'Institution des Invalides de la Légion étrangère a le regret de faire part du décès d’un pensionnaire de l’I.I.L.E., l’ancien légionnaire de 1ère classe Thomas EVANS, matricule 134 497, survenu ce week-end à l’hôpital d’AIX des suites d’une longue maladie.
Thomas EVANS était âgé de 83 ans et pensionnaire depuis 25 ans à l’Institution. Il a servi la Légion étrangère pendant 5 ans aux 1er RE et 2e REP en Algérie.
Les obsèques auront lieu en la chapelle du domaine le vendredi 22 juillet 2022 à 10h00.

Thomas Ewans

Tout  est gris dehors,
Le soleil n’a pas lancé ses
flèches, d’or. La sainte Victoire
a disparu, Les nuages l’ont emportée
Vers l’inconnu. Le vent qui avait entonné
Une chanson, Est parti fredonner dans un autre
Vallon. Tout est gris dehors, Le ciel est pris de remords,
Sa souffrance fait  peine  à   voir, La pluie tombe sans espoir.
Tout est gris dehors,Le ciel est abandonné à son sort.Pas de lueur
D’espoir à l’horizon, L’astre du jour a fait faux bond, Les gouttes froides
pénètrent  les sillons, Le chien  est  sorti, pas loin de la maison Il se secoue,
traversé de frissons,Le chat, sur la rambarde, le regarde, le dos rond.
Des hommes en noir ont porté le cercueil, L’ont déposé
Doucement dans la chapelle,Des hommes
Sont là, silencieux, ils se recueillent,
Hier encore, la vie était
Plus  belle.
Son enfance douce,
Ses  bains  dans  le  Danube,
Son engagement et toutes ses certitudes,
Le grand départ pour les terres lointaines, La chaleur,
Les moustiques, les sangsues par centaines. La retraite du Tonkin
Jusqu’en Chine, Et tous ces combats en Indochine, L’atmosphère oprressante
Au milieu des rizières, Les embuscades sanglantes en traversant les rizières. Un camp
Retranché au milieu de nulle part, Les bomberdements et les jours qui défilent, La longue marche
Dans cet enfer trop vert, Enfin la libération et un nouveau départ, Retour en Afrique et la mort
De sa mère. Puis, de nouveau une guerre qui appelle, Et la traque incessante des foutus
Rebelles, Les soirs glacés aux fonds des djebels, Les amours si éphémères dans
Les bordels. Enfin le retour sur le sol métropolitain, Et les balbutiements
D’un nouveau destin. Mais les espoirs d’hier s’évanouissent
Vite, La fin du rêve, les regards qu’on évite, Puis la
Descente vers l’enfer, La traversée d’un
Grand désert, Lorsqu’on ne sait
Plus à quoi on sert,
Quand surgit le
Spectre de
La misère.
Une institution
Qui tend alors les
bras,Une chambre, un ami,
Un chien, ça ira, La renaissance
Dans une nouvelle vie, Un monde retrouvé,
Où de nouveau, il rit. Mais la vieillesse l’a rattrapé,
Puis la maladie l’a malicieusement frappé. Le combat était
Perdu d’avance, Au poker de la vie, il n’avait plus sa chance. L’ancien
Est parti pour son dernier voyage, Il avait décidé d’écrire la dernière page,
Il avait signé de sa frêle main, Le dernier mot, le mot de la fin.
Une dernière fois, la cloche de l’entrée sonne,
Dans le ciel, l’orage gronde et tonne.
Tout est gris dehors,
Le ciel a mis son costume de mort.
Le chien a fait demi-tour, a tourné le dos, Il
S’est ébroué devant la flaque d’eau, Il s’est installé juste
Sous la fenêtre, Le soleil allait bientôt apparaître. La vie reprenait
Lentement son cours, Demain serait vraiment un autre jour. Un enfant
Est apparu sur le chemin, Il s’est approché du chien en tendant la main, Le quadrupède
S’est mis à gambader, L’enfant a couru vers lui pour le câliner. La vie est
Un éternel recommencement, Quand un ancien s’éteint,
Un enfant apparaît, Profitons donc ensemble
De   l’instant   présent,
EH