Histoire : 1838-1839 la Légion renaît en Algérie.
1838 : à la fin de l’année, la Nouvelle Légion Etrangère, à trois Bataillons, a un effectif total de 3 095 hommes. Elle se regroupe autour d’Alger. Le colonel de Hulsen demande un drapeau pour la Légion. Après la prise de Constantine, le Roi redonne à la Légion son ancien drapeau retiré avant le départ en Espagne et versé au musée de l’artillerie, et autorise la création des compagnies d’élite dans les bataillons.
Premier drapeau de la Légion étrangèe porté par le colonel Emmauel Combe - peinture PyC
Ce drapeau va échapper à la destruction des drapeaux et étendards de l’armée, ordonnée par le gouvernement de 1848.
Abd-el-Kader
Les légionnaires se battent un peu partout et, notamment, aux abords d’Alger, contre l’insaisissable Abd el-Kader. Les unités participent à de nombreuses colonnes et occupent des avant-postes exposés aux attaques.
Mai 1839 : le 1er Bataillon de la Légion prend part à l’expédition de Bougie et de Djidjelli, au cours de laquelle il livre plusieurs combats ; les combats sont meurtriers car les Kabyles sont de farouches combattants et le pays merveilleusement propice aux embuscades ; le secteur est difficile, montagneux, recouvert d’une végétation dense ; le commandant Horain, un ancien de la Vieille Légion, le héros de La Macta, un officier polonais plein de courage et de force, est tué. Une phrase est tirée du livre d'Or de 1931 : "La compagnie du capitaine de Saint-Arnaud particulièrement engagée se fait remarquer en plusieurs occasions par sa belle conduite au feu".
Du 15 juin au 5 octobre 1839, un bataillon de la Légion, demeuré à Miliana, est assiégé par les Arabes ; sur 750 hommes, il n’en compte plus que 200 de valides.
1er octobre 1839 : une ordonnance décide la création de deux nouveaux bataillons de Légion Etrangère. Les deux nouveaux bataillons sont créés le 1er octobre 1839.
Autour de Français espérant y vivre des expériences exceptionnelles ou désirant racheter un passé douteux, la Légion regroupe des hommes en quête d'aventures et des victimes de toutes les crises politiques ou économiques qui ébranlent le monde depuis 1831. Par leur nombre, certaines d'entre elles ont caractérisé le recrutement de leur temps : Allemands, Italiens et Polonais (1831-1835),
Duc Philippe d'Orléans
7 octobre 1839 : partant pour Philippeville et Constantine, le duc d’Orléans, héritier du trône, écrit : ‘’J’examine les troupes et surtout la Légion qui a une belle tenue sous les armes et l’aspect guerrier. C’est, du reste, une vraie tour de Babel. Il y a des gens de tous les pays, qui ont fait tous les métiers et vu les quatre parties du monde, beaucoup d’hommes des classes élevées qui ont commis des fautes et qui se cachent : la biographie des soldats serait une mine inépuisable pour les romanciers. Mais, avec de bons officiers, cette bande se bat admirablement, et, ce qui est extraordinaire, elle est très accessible au point d’honneur’’.
En règle générale, les engagements sont souscrits à titre étranger, sans que le candidat soit tenu de justifier de son identité. S'il déclare un faux état civil, il sera couvert par l'anonymat : aussi longtemps que sa présence à la Légion ne sera dévoilée, ni de son fait ni du fait d'un tiers, il sera protégé contre toute intervention extérieure relative à son passé. Après un certain temps de service, il peut, s'il le désire, reprendre sa propre identité ; il perd alors le bénéfice de l'anonymat. Les Français et les étrangers naturalisés français peuvent, avec l'autorisation du ministre de la Défense, s'engager ou se rengager à titre français ; ils sont alors régis par le statut général des militaires de leur catégorie. La loi du 9 mars 1831 et les lois postérieures sur l'organisation de l'armée ont limité l'emploi (et non le stationnement) de la Légion sur le territoire national aux opérations de guerre étrangère. Dans ce cas, le légionnaire, sujet d'un État ennemi, est dispensé, s'il le désire, de combattre. Sauf exceptions, la Légion a donc vocation de servir outre-mer.
Ces lignes, par-delà le mythe qu’elles contribuent à édifier, sont instructives. Les conditions initiales de recrutement ont évolué. Anonymat, identité de circonstance sont de mise. Plus d’un est venu là bâtir une nouvelle vie. La Légion prend son visage que la légende va amplifier.
11 décembre 1839 : le 4ème bataillon est formé à Pau et recueille de nombreux anciens légionnaires de la première Légion étrangère.
Les deux nouveaux bataillons sont rapidement acheminés vers l’Algérie.
Le 4ème bataillon prend ses quartiers à Alger menacée par l’émir Abd el-Kader contre les guerriers duquel les légionnaires sont immédiatement engagés.
1839 : au Fondouk, près d’Alger, deux bataillons de la Légion sont décimés par les fièvres et les escarmouches : le colonel de Hulsen, 9 officiers et 207 légionnaires y laissent la vie.
Jean Balazuc P.P.P.P.
Août 2022
Sources:
La Légion Etrangère 150e anniversaire. Historia N°414 bis 2e trimestre 1981
La Légion Grandeur et Servitude. Historama H.S. 3 - XI 1967.
La Légion Etrangère Voyage à l’intérieur d’un corps d’élite ; John Robert Young & Erwan Bergot. Editions Robert Laffont 1984.
Le 1er Etranger. Philippe Cart-Tanneur & Tibor Szecko. Branding Iron Production 1988.
Le 4e Etranger. Philippe Cart-Tanneur & Tibor Szecko. Branding Iron Production 1987.
Histoire de la Légion de 1831 à nos jours. Capitaine Pierre Montagnon. Pygmalion, 1999.
Français par le sang versé. Les hommes de la Légion Etrangère. Képi Blanc E.C.P.A.D. 2011.
La Légion d’Erwan Bergot. Imprimerie Philippe Cart-Tanneur & Tibor Szecko. Branding Iron Production 1988.
Delmas 1972.
Wikipédia.
Horain: Commandant, officier polonais de la Légion plein de courage et de force ; chef du 4e Bataillon de la Légion qui s’illustre dans les combats de Moulay-Ismaïl le 27.06.1834 et dans les marais de la Macta le 28 juin. Il trouve la mort en mai 1839 lors de l’expédition sur Djidjelli.
de Hulsen: Figure prestigieuse de la Vieille Garde, ayant servi dans les régiments étrangers de la Grande Armée ; colonel ; il commande la Nouvelle Légion en 1837-1839. Son unité participe) la prise de Constantine en octobre 1837. Mort des fièvres au Fondouk, dans la province d’Alger, en 1839.
Philippe d’Orléans: Né à Palerme le 03.09.1810 ; héritier de la Couronne ; Grand-Croix de la Légion d’Honneur le 03.08.1830 ; général de division le 01.01.1834 ; en 1835, il chevauche à côté du général Bertrand comte de Clauzel dans la colonne d’Oran à Mascara ; il fait son entrée dans cette ville le 07.12.1835 ; malade, il doit être rapatrié ; avec sa division, il dirige l’expédition Stora – Alger en octobre 1839 : il franchit les Portes de Fer le 28.10.1839 ; il revient une 3e fois en 1840 et commande une division lors de l’expédition dur Médéa et Miliana. Il se tue le 13.07.1842 dans un accident de voiture à Neuilly-sur-Seine.
Saint-Arnaud Achille comte: Né Jacques Achille Leroy, né le 20.08.1801 ; petit-fils de pâtissier ; roturier, il s’invente un patronyme ; sous-lieutenant à 32 ans ; capitaine de la Légion Etrangère, il participe à l’assaut sur Constantine en octobre 1837 ; il gagne la Légion d’Honneur ; il se distingue lors de l’expédition sur Bougie-Djidjelli en mai 1839, Miliana en 1840 ; officier de valeur sous les ordres du général Robert Bugeaud en Algérie ; colonel, il reçoit la reddition de Bou-Mâaza en avril 1847 ; général avec deux étoiles en 1850 ; après la campagne de Kabylie, il reçoit sa troisième étoile ; commandant les troupes de Paris en 1850-1851 ; ministre de la Guerre le 26.10.1851 ; il organise le coup d’état du 02.12.1851 ; il fait arrêter ses anciens supérieurs, Bedeau, Cavaignac, Changarnier, Charras, Lamoricière et Leflô ; Maréchal de France en 1854, il est nommé commandant en chef de l’expédition de Crimée ;vainqueur des Russes à l’Alma le 20.09.1854 ; mort du choléra sur la Mer Noire le 29.09.1854.