La seconde décennie de ce siècle a vu des bouleversements importants survenir au sein de l’armée de Terre dans les domaines de cursus et de formation. Après la refonte des parcours d’accession au statut officier pour les sous-officiers et militaires du rang, c’est le cursus de formation des sous-officiers qui est rénové avec un parcours défini à quatre jalons ou quatre balises.
Le parcours de carrière du sous-officier se trouvera donc articulé autour de quatre concepts de compétences « Acquérir ; Consolider ; Exploiter ; Transmettre », dont le pivot est sanctuarisé par la fonction de chef de section ou son équivalent dans les domaines techniques.
Avec l’avènement de Scorpion, par les besoins croissants en termes de technicité et le nécessaire durcissement en matière de préparation au combat, l’accès à un niveau de qualification suffisant se fait de plus en plus pressant. Un sergent ne peut plus attendre sept ans pour être formé au niveau auquel il est d’ores et déjà employé (près de la moitié des sous-officiers adjoints ne sont pas BSTAT dans l’armée de Terre). Le nouveau brevet militaire du 2e niveau (BM2) deviendra donc un passage imposé du cursus des sous-officiers de recrutement direct et semi-direct dans leur cinquième année de service en tant que sous-officier. Les sous-officiers de recrutement rang pourront toujours présenter le BM2, mais sur volontariat.
Ce nouveau parcours introduit donc également la création d’un nouveau grade de sergent-chef breveté, qui s’apparente visuellement à l’ancien galon de nos sergents-majors. Les premiers sous-officiers détenteurs de ce grade ont été promus le 1er juillet 2022.
Dans cette conception, véritable « brevet de SOA (sous-officier adjoint) », la réussite du BM2 entraînera automatiquement dans l’armée de Terre, la promotion au grade de sergent-chef breveté. Les sergents non titulaires du BM2 pourront être promus SCH « au choix » entre huit et dix ans de grade de SGT.
La Légion étrangère, quant à elle, du fait du statut de ses sous-officiers en tant que militaires à titre étranger (MTE) gardera cette possibilité d’avancement sur le principe, « au choix ».
Le dernier-né de la hiérarchie militaire dans l’armée de Terre, en l’occurrence le grade de sergent-chef breveté est comme une certaine résurgence du passé. Dans sa réalisation, ce galon est identique à celui des sergents-majors d’antan. Composé de trois chevrons accolés de couleur d’or ou d’argent en fonction de l’arme, il est surmonté d’un quatrième chevron légèrement distant des trois premiers.
En bref rien de nouveau !
C’est dans son appellation, en revanche, que l’on pourrait trouver à y redire et, là encore, c’est un avis personnel, mais qui je le pense sincèrement sera partagé par nombre de sous-officiers ayant bien voulu y réfléchir. Quel manque de panache ! Quel terme technico-administratif, sobre, épuré à souhait et pour tout dire insipide !
Sergent-chef breveté, tout est dit, mais, en même temps, rien.
Il me semble que si l’on avait remis en vigueur l’appellation de sergent-major, cela aurait été bien plus militaire et bien plus beau. Ça ne claquera pas vraiment, pour emprunter une expression bien connue de nos adolescents, d’annoncer au pékin, « je suis sergent-chef breveté ».
Espérons que cela ne soit qu’une erreur de jeunesse...
Major (er) Jean-Michel Houssin, responsable de la mémoire légionnaire (FSALE).