Qui sommes-nous?
L’un de nous entendait récemment: “Vous faites partie de ceux qui indisposent tous les purs qui ont l’amour de la Légion étrangère, quand vous prenez, à tort ou à raison, la liberté d’étaler vos pensées sur un site qui devient, alors, une indécente exhibition de vos positions politiques ou de vos états d’âme de donneurs de leçons. C’est d’autant plus regrettable que vous pouvez faire de l’ombre, sans vous en rendre compte, à la bonne presse dont bénéficie actuellement la Légion; de plus, vous n’avez aucun droit d’utiliser l’appellation de légionnaires ”.
Rien que ça…
Nous pourrions faire de l’ombre ? sans nous en rendre compte ? peut-être pour cause de QI anormalement bas, sans doute... Nous serions incapables de réfléchir et de ne pas « nous en rendre compte » ! Comme ces sites qui pourraient « indisposer les purs »… c’est-à-dire – pensons-nous – ceux parés de vertu et habillés de lin blanc dont nous ne sommes pas, par « l’indécente exhibition de nos positions » invités, en mode subliminal à nous taire. Nous voilà devenus impurs. Quant à l’utilisation de l’identité légionnaire, un des nôtres a osé répliquer à son “très honorable interlocuteur” que lorsque on a eu l’honneur, contrairement à d’autres, de porter le “Képi Blanc”, on est légionnaire à vie. N’est-ce pas là l’un des principes fondateurs de notre esprit de corps de la grande famille légionnaire, nous ne connaissons pas de familles dans lesquelles les membres admis à la retraite en seraient exclus. Serait-il nécessaire de produire l’obsolète « certificat de bonne vie et mœurs » pour obtenir l’imprimatur, l’autorisation d’écrire et publier ? Et au nom de qui ou de quoi ?
La presse, qui nous a « à la bonne » n’hésite jamais, ou si rarement, à faire état de l’appartenance présente ou ancienne, voire supposée, à notre Institution, du coupable d’une quelconque forfaiture. Nous devons certes « être à la bonne » mais par notre excellence et non en allant manger dans la main des faiseurs d’opinion.
Dès lors, pour quelles obscures raisons devrions-nous nous exclure du champ républicain du débat citoyen ? Pour acheter la bienveillance de quelle entité ? De quelle presse ?
Evidemment, il existe dans tous les domaines de l’activité humaine des bornes, des jalons, des limites à ne pas dépasser que ce ne soit, outre le respect de la loi, des conventions, qu’au titre de la bienséance, de la bonne éducation, du respect d’autrui.
Mais le fait d’être des anciens légionnaires, ce qui nous est demandé d’assumer dans la continuité de l’honneur et de la fidélité qui nous ont guidés (cf. code d’honneur de l’ancien légionnaire), ne doit pas nous empêcher de nous exprimer librement parce que nous ne nous trouvons pas soumis au même devoir de réserve que celui que nous avons observé tout au long de notre vie active, au service de la Légion et de la France. L’une et l’autre nous ont fait hommes libres et notre site n’a pas vocation à distraire, mais bien à faciliter le contact et l’échange d’idées entre nous légionnaires. A cette fin nous utilisons tout naturellement l’opportunité fantastique qui nous est donnée par les moyens de communications modernes.
Il est certain que nous rencontrons ici ou là des sites et blogs tenus par des anciens de la « maison » qui nous laissent parfois pantois. Si le niveau de ce qui y est écrit est lamentablement en dessous de ce que l’on peut espérer de la part d’anciens légionnaires, personne n’a le droit de poser une muselière à leurs auteurs qui n’ont de comptes à rendre qu’à la hiérarchie de leurs consciences et, en cas de transgression de la Loi, à celle des tribunaux et des articles du code pénal.
Mais ne nous voilons pas la face, ne cachons rien au chat. Nous pensons que ce qu’on peut lire de ci, de là, faisant des allusions quelquefois lourdes à l’extrême-droite ou au monde islamique est de nature à pouvoir laisser supposer à tort, par le fait que cela soit écrit par quelques anciens légionnaires, chez des esprits un peu obtus ou simplement étroits, que c’est là une tendance de l’Institution. Et il faudrait alors, pour ne pas donner matière à penser à des gens qui ne réfléchissent que jusqu’au bout de leur nez, ne plus écrire, ne plus parler, ne plus débattre ou exposer ses idées si l’on croit qu’elles peuvent intéresser quelques personnes? Sans mettre tout le monde dans la même musette et en faisant la part des choses, reconnaissons que ce serait l’installation d’une sorte de bien-pensance, si convenue certes, par les temps qui courent…
En ce qui nous concerne, nous ne saurions être exhibitionnistes et nous observons comme principe essentiel, dans nos propos, de ne jamais critiquer négativement tout ce qui peut toucher de près ou de loin notre chère Légion, même si parfois nous pouvons marquer notre désaccord avec telle ou telle position concernant les anciens dont nous faisons partie. Nous ne commentons pas la Légion d’active si ce n’est pour la louanger, selon nous à sa juste et excellente valeur. Nos propos peuvent soulever des débats entre nous, voire des polémiques, nous en sommes conscients car nous évitons, tout simplement, de parler de la pluie et du beau temps mais nous avons la prétention de ne pas rester muets. Nous prétendons avoir l’avantage de connaître le légionnaire mieux que d’autres… nous en tirons fierté et profit. Trop de choses dans ce monde en permanent changement nous bouleversent et nous font réagir, c’est un choix.
La Légion peut être considérée comme un bien universel, mais elle est avant tout une institution française qui appartient, subséquemment, au peuple français donc à tous et, à Dieu ne déplaise, aux légionnaires.
D’autres qui s’arrogeraient le titre de son exclusive propriété, seraient des usurpateurs.
CM et AM
Mon Père m'a dit :
En 1969, de retour en France après plus de trois ans passées à Madagascar, lors d’une permission mon Père me disait:
“Vois-tu, mon fils, quand j’ai vu les Allemands pendant la guerre, je pensais aux jeunes gens pour qui les mots « nazisme, fascisme, communisme, radicalisme », étaient des mots sans grande signification aux valeurs indéterminables, floues.
Ces soldats, d'origine française, d’une discipline inquiétante et fascinante étaient beaux, solides, fiers, ils étaient indiscutablement faits pour la victoire et non la débandade. Ils avaient tout ce qu’il fallait pour attirer un jeune homme en pleine santé.
A la libération on a fusillé un bon nombre de ces garçons qui s’étaient laissé séduire en s’engageant dans la SS ou la LVF ; ils complétaient un tableau où les comptes se réglaient sans pitié et qui voyait même les femmes qui avaient “copiné” avec les Allemands, se faire tondre en public.
Leur engagement était la conséquence d’une totale inculture politique, il a suffi d’un rien pour qu’ils s’engagent pour aller se battre et devenir eux-mêmes ces beaux soldats fiers et vaillants. Quelques phrases claironnantes, un milieu différent, un autre entourage, bien peu de chose en somme, et c’est ainsi que l’on fabriquait les héros et les traîtres, ou du moins ceux que l’on finit par baptiser ainsi, recrutés parmi les mêmes garçons naïfs et sincères.
Ne t’es-tu pas trompé de voie fiston ?
Je sais que pendant la guerre d’Algérie, une certaine presse ne s’est pas privée d’attaquer la Légion. Je vais te surprendre si je te dis que je ne suis pas d’accord avec ces gens-là. Qu’ils aient été de gauche, de droite ou d’ailleurs, qu’ils aient parlé au nom de l’église ou d’une quelconque ligue humanitaire, ils n’avaient aucun droit d’accuser la Légion d’inhumanité. En fait, ils reprochaient aux légionnaires de faire une guerre inhumaine. Quelle idiotie ! Comment une guerre pouvait-elle être humaine, si ce n’est dans la mesure où elle oppose des humains ?
Ils reprochaient aux légionnaires et parachutistes la torture, comme si la police, la gendarmerie, les unités d’appelés, l’OAS et… ceux d’en face n’avaient pas compté, dans leurs rangs, des tortionnaires… il est tellement vrai que nous vivions dans un triste monde, où l’on tuait trop facilement pour de trop bonnes raisons.
Aujourd’hui, un soldat peut regretter qu’on ait transgressé les règles de l’honneur mais il faut qu’il admette que le temps du « champ clos » où s’affrontaient deux armées est dépassé. Napoléon a porté la guerre dans les villes. Dans un conflit, ce sont des millions d’êtres humains qui vont y être mêlés, souvent malgré eux. Les militaires n’ont plus le privilège de la guerre, elle s’abat sur notre monde.
Lorsque le gouvernement français expédiait ses soldats en Algérie pour des missions dites de pacification, il savait bien qu’il les envoyait se battre contre des hommes qui n’avaient que le choix entre la défaite et la guerre subversive. Il savait fort bien, aguerri par l’expérience de l’Indochine, qu’on ne lutte pas contre un ennemi sans être renseigné sur ce qu’il prépare. Attaqué et mis au pied du mur, il n’a pas hésité à rejeter sur l’Armée une responsabilité qu’il était seul à porter.
Si ton “Képi blanc” est resté blanc, la couleur de leur veste a changé une fois retournée. Leur faire un procès, oui, sans doute, mais tout dépend dans quel camp ils se retrouveront lors de celui-ci, tant il est vrai qu’il n’y a d’assassins que chez les vaincus!
Le plus grand malheur du monde vient de ce que le pouvoir se trouve entre les mains de quelques individus qui se sont prostitués pour l’obtenir et que seuls intéressent, ce pouvoir proprement dit et l’argent qu’il procure.
Tu seras obligatoirement violence, à l’image de ta nouvelle famille composée de ce groupe d’hommes qui te ressemble. Tu ressembleras à ces gens curieux qui s’accrochent au passé de la Légion et à son drapeau. Moi, je m’accroche aux êtres qui me sont chers et surtout à l’image de cet homme qui, voici plus de deux mille ans, a fini sur la croix après avoir, comme le dit Renan: “révélé au monde que la patrie n’est pas tout, l’homme est antérieur et supérieur au citoyen”.
Dans mes lectures, je revois, tel un cauchemar ce cri lancé par un soldat Allemand dans l’enfer de Stalingrad: “Je ne crois plus en Dieu, car il nous a trahis…” Je crierais plus haut que lui, chaque fois que je verrai martyriser un innocent ou pire: mourir un enfant.
Ce qui est terrible pour un chrétien, ce n’est pas seulement de constater que les horreurs de la guerre peuvent conduire celui qui les subit à douter de l’existence de Dieu, mais qu’en réalité, les éléments les dominent et les dépassent. Ils sont dominés par la peur, le nationalisme, l’intérêt matériel et surtout de fausses nécessités économiques ou politiques. Le tout adroitement exploité, déclenchant des passions que nul ne parvient plus à contrôler.
Nous tentons trop souvent de justifier notre violence en montrant du doigt celle des autres. Nous essayons de nous convaincre que nous ne faisons que nous défendre.
Jésus libérateur. En fait, ce qu’espéraient les juifs, c’est que Jésus prenne un jour la tête d’une armée qui les mènerait en guerre contre l’occupant. Mais Jésus s’adressa à eux et ce n’est pas de haine et de violence qu’il leur parla, mais d’amour. Il dit non à l’épée et repoussa le pouvoir.
L’apôtre Paul l’a précisé: “Ne rendez à personne le mal pour le mal. Soyez en paix avec tous les hommes. Surmontez le mal par le bien. La vraie patrie d’un chrétien est celle de l’amour, et l’itinéraire pour y parvenir est tracé par l’évangile que nous devons non pas seulement lire, mais nous efforcer de vivre au quotidien.”
Après un petit temps de silence, je dis à mon père que je ne pouvais pas être d’accord avec sa manière de penser, je lui dis aussi que cependant, je pouvais parfaitement la comprendre.
J’explique son sentiment antimilitariste affiché, par une certaine naïveté marquée, cependant, par un courage indiscutable. Mais j’eusse aimé qu’il m’expose comment une nation totalement désarmée pourrait être protégée par le monde entier. Il lui manquait indiscutablement, quelques horribles images en couleurs…
Le peuple juif, cruellement martyrisé sous le joug nazi, en est sorti métamorphosé. Ces gens venus du fond des siècles en portant avec eux la paix se sont, eux aussi, mués en peuple guerrier le jour où une terre leur a été donnée. Leur terre originelle.
Léon Poliakov constate: “La vision d’un récent et hallucinant passé, de ces frères et sœurs qui furent voués à une mort atroce et anonyme, hantait les combattants juifs et expliquait leur furieuse ardeur au combat. Ainsi le dynamisme juif, traditionnellement refréné et orienté vers des conquêtes pacifiques, s’exprimait d’une manière agressive, faisant étalage d’une violence primaire, ordinaire, affichant de belles vertus militaires auxquelles il s’était toujours refusé”.
Aujourd’hui, nous n’avons plus le droit à l’ignorance. Il faut appeler un chat un chat. L’exemple d’Hitler et du nazisme constitue la plus flagrante des mises en garde.
Au procès de Nuremberg, Casamayor écrivait, parlant des “crimes contre l’humanité”:
« …rien que le titre fleure bon l’idéalisme américain qui fait si bon ménage avec son sens pratique. Ici, la tâche était facile, les horreurs étant parfaitement monumentales. » Mais encore faudrait-il s’entendre sur ce que parler veut dire. En théorie, c’est assez clair, l’assassin choisit sa victime, l’auteur du crime contre l’humanité n’y prend même pas garde: il supprime un ensemble, il agit globalement. En pratique, on ne se contente pas seulement du critère de quantité, il y a la manière. Fusiller cent mille hommes, femmes, enfants, vieillards par bombardements comme à Dresde, Berlin, Hiroshima, Nagasaki, c’est bien les uns contre les autres, je parle des fusilleurs et des bombardeurs qui justifient les massacres par nécessité.
Les Allemands sentaient leurs arrières pourries par les résistances, les Américains étaient pressés d’en finir expliquant les largages de bombes par l’hypocrisie d’économiser des vies de soldats. Chacun avait de bonnes raisons d’utiliser des moyens monstrueux pour éliminer son “adversaire” et vae victis, malheur aux vaincus.
Les seules croix sont bien celles qui se couchent, telles des ombres infâmes, chapes ignobles d’ingratitude qui hantent les tombes des soldats morts, tout celà pour: " des Altesses et des rois qui se feront des politesses pendant qu’ils pourriront…"
CM