Je reçois un message internet d’un ami qui me souhaite un joyeux Noël et de bonnes fêtes de fin d’année, de la lointaine Thaïlande où il séjourne pour trois mois avec son épouse.
Jaloux dans un premier temps, je réagis aussitôt en me posant la question: ce genre de voyage pourrait-il m’intéresser ?... Et me viennent à l’esprit tous les voyages que j’avais prévu de faire et en particulier de visiter la France et l’Europe.
Deux voyages me reviennent en mémoire. Le premier en Italie, alors que j’étais directeur de l’Institution des Invalides de la Légion étrangère, pour raison professionnelle à la recherche de matériel mis en vente par une usine de porcelaine en situation de liquidation judiciaire et pour la réalisation de bouteilles ornées d’une grenade en relief destinées à recevoir une cuvée de prestige que nous élaborions à Puyloubier, la cuvée du terroir.
Le second concernait une invitation du Lion’s Club de Florence pour leur présenter la Légion étrangère au cours d’une conférence.
Florence… Cher Ami Oneto, je suis tombé amoureux de votre ville.
"Ce que je retiens, caché au fond de ma mémoire, c’est l’accueil des Italiens et la visite d’une ville d’art exceptionnelle, aux ruelles étroites. J’étais envahi par des pensées étranges, je me sentais environné d’un peuple nouveau, d’une langue nouvelle, à la découverte d’une ville inconnue, de beaux édifices et d’œuvres d’art anciennes. Je me trouvai « paralysé » d’admiration devant le Dôme et subjugué par une ville magnifique qui suscitait en moi des rêveries insolites et m’imposait la réflexion. J’admirais, tel un miracle, la hardiesse architecturale. Pourquoi donc cette visite m’avait-elle rendu si heureux ?
Parce qu’en voyant ces chefs d’œuvre, j’avais senti que le travail et la passion d’un homme ne sont jamais vains, qu’au-delà de la solitude accablante où chacun vit, il existe un bien partagé par tous, un bien désirable et merveilleux. A chaque époque, des centaines d’hommes ont souffert et travaillé seuls pour que ce bien consolateur puisse prendre forme. Ce que les artistes ont accompli avec dévotion et persévérance suscite encore aujourd’hui, comme hier, mille et une pensées en moi.
Ainsi, au crépuscule de mon existence et après avoir voyagé de par le monde, je reste très curieux des beautés qui sont proches de chez moi et je me découvre une sensibilité ignorée pour le passé et la permanence d’une beauté artistique à portée de main.
Cela éveille en moi un sentiment de surprise et de bonheur.
Michel Ange n’a songé à personne en travaillant, il a créé pour lui-même en pensant uniquement à lui; cela l’a rendu en partie malheureux tant il a dû lutter contre le découragement et la lassitude. Je fais partie de ces gens modestes qui aiment trouver et puiser dans la contemplation d’œuvres grandioses le courage et la foi, c’est un besoin.
Ainsi va la conclusion à laquelle ma réflexion m’a mené.
Non, je ne changerai pas une visite à Florence pour le plus beau des paysages Thaïlandais…
Meilleurs voeux mon Ami".
CM