Les commémorations de la guerre 14/18 doivent être un symbole fort d’unité contre l’oubli, elles devraient être “un signe d’espoir” pour les générations présentes et à venir. L’horloge du siècle le plus meurtrier de l’humanité s’est arrétée, mais notre mémoire saigne toujours, la trace de la “Grande Guerre” est inscrite dans chaque famille française avec les noms de parents affichés sur le fronton des monuments aux morts érigés dans chaque commune française.
Aujourd’hui, au delà de ces commémorations, une question s’impose en prenant la base de réflexion sur l’expression populaire qui, au lendemain de la guerre hurlait à perdre voix:” Plus jamais ça!”.
“Plus, jamais ça!”. Comment serait-il possible qu’un nouveau conflit mondial puisse voir le jour aujourd’hui et sous qu’elle forme se présenterait-il ?
Paul Valéry écrivait: “que désormais les civilisations savaient qu’elles étaient mortelles. Avec l’invention des armes thermonucléaires, l’humanité tout entière sait qu’elle est mortelle”. La tragédie n’est plus celle d’un individu, d’un peuple ou d’une nation mais celle de l’espèce. Dans la guerre atomique, il n’y a plus de héros, plus de saint, plus de grand militaire et de sacrifice exemplaire. La mort absolue abat son immense chape. Alors reste fragile mais réel, l’espoir d’une drôle de paix, conséquence imposée par le raisonnement suivant: “ou bien nous basculons dans l’apocalypse et plus rien n’a de valeur, ou bien nous sommes condamnés à la “paix à tout prix” et nous n’avons pas besoin de valeurs hautes. La “paix à tout prix” nous oblige à révérer le contraire de l’héroïsme, du courage, de la noblesse, de la passion au profit du “dialogue”, de la demi-mesure négociée, du raisonnement et de la médiocrité. Une guerre atomique n’a besoin ni de héros, ni de champions, ni d’hommes… des fusées jaillissent par dizaine, centaines, hors de leurs silos, elles décideraient de tout et ce tout serait peut-être un néant sans vainqueurs ni vaincus. Le temps de l’honneur est résolu.
Morale de notre temps: “il vaut mieux être un chien vivant qu’un lion mort”. Quand on pense à cette guerre 14-18, on s’aperçoit que celle-ci obligeait les hommes à maintenir les hautes vertus morales car ils savaient avoir besoin d’elles. Dans la lutte qui les opposait à des adversaires, ce n’est pas avec des habilités de langage et des astuces d’avocats qu’ils vaincraient mais avec du courage, de la volonté, de l’abnégation, de l’héroïsme, du sacrifice, une loyauté et un dévouement solidaire qui les lierait entre eux. Cette armée de poilus était un conservatoire de valeurs dont le maintien et l’emploi, dans les jours de dangers, décidait de la victoire.
A quoi bon le courage aujourd’hui dans nos sociétés marchandes où tout est ruse et la loyauté si tout est combine et le sacrifice si l’égoïsme est roi ?
La guerre rendait l’individu à la fois solidaire et responsable car elle obligeait à défendre et à protéger. Si on envahit ma patrie, voilà qu’elle me devient chère, si je sais que “l’autre” envahit ma terre, je la défends, s’il menace de violer ma mère et d’asservir mon père, voilà que je cesse toutes querelles futiles avec ma famille s’il veut m’imposer ses mythes et ses Dieux…
Au contraire, aujourd’hui, dans “la paix à tout prix”, les valeurs essentielles ne sont pas menacées de mort, je peux jouer avec elles. A force de jouer, je les nie et cette négation les pervertit et les tue alors que la menace les fortifiait et que le devoir de les défendre les rendait précieuses et chères.
Gide disait que: “l’art vit de contraintes et meurt de liberté”. Non seulement l’art, mais aussi la vie puisqu’il en est des collectivités et des sociétés comme d’un organisme vivant. La santé y est ordre, la maladie y est désordre, la troisième guerre mondiale se caractériserait aujourd’hui par l’usage de l’arme nucléaire, on en parle à voix basse, l’homme est devenu un mutan et à bien regardé, jamais le monde n’a souffert d’autant de conflits activés de par le monde. Nous regardons d’un oeil lassé et presque habitué le conflit de la Russie contre l’Ukraine… Serions nous conscient que ce nouveau siècle aujourd’hui puisse dépasser en horreur celui qui vient de se terminer, tout est possible même l’impensable… Les feux rouges sont allumés de partout…
CM