L’IILE
L’Institution des Invalides de la Légion étrangère
« 70 ans d’esprit de solidarité légionnaire »
Quelle autre phrase résumerait mieux la solidarité Légion qui a permis la création d’une structure unique, l’Institution des Invalides de la Légion étrangère.
Depuis longtemps, le commandement de la Légion étrangère s’inquiétait du sort de ses invalides rendus à la vie civile après réforme. Certes, le service du moral et des œuvres de la Légion étrangère (SMOLE), en charge de l’action sociale de la Légion, avait su mettre en place un système de solidarité performant avec l’ouverture de centre de convalescence dans de nombreux endroits en Méditerranée.
Seulement, la guerre en Indochine faisant rage, il fallait désormais trouver une solution durable pour ces invalides, ces étrangers ayant servi la France au péril de leur vie.
C’est en 1953 que le rêve d’un havre de paix accueillant les nombreux blessés de guerre prend forme. L’Etat, par l’intervention du secrétaire d’Etat à la guerre, monsieur de Chevigné, achète le domaine « le Général » à Puyloubier, en Provence. Ainsi, ce domaine de 220 hectares qui ne compte alors qu’une maison de maître et quelques installations agricoles, va devenir le foyer de nombreux invalides.
Le domaine est renommé « capitaine Danjou » du nom de cet officier qui rentra dans la légende lors de la célèbre bataille de Camerone en 1863. Aucun nom ne pouvait en effet mieux refléter le courage et l’abnégation dont ont fait preuve ceux qui en seront les pensionnaires. A l’occasion de l’inauguration du domaine le 2 mai 1954, monsieur René Coty, président de la République a tenu à inscrire sur le livre d’or le message suivant : « Dans ce beau domaine de Provence, les légionnaires blessés ou malades seront désormais chez eux et retrouveront la fraternité des armes. Mes vœux les plus cordiaux les accompagneront dans ce havre de gloire. »
En Indochine, la guerre touche à sa fin, et de plus en plus d’invalides doivent être pris en charge. Ainsi, il faut rapidement construire un nouveau bâtiment qui pourra accueillir jusqu’à 400 pensionnaires. Afin de financer ce projet, l’ensemble des cadres et légionnaires offrent une journée de solde. C’est la deuxième souscription de l’histoire de la Légion étrangère. Ce bâtiment en forme d’hémicycle contenant 200 chambres doubles sera inauguré en 1955.
3Nous ne les aidons pas… nous les aidons à s’aider ! » Par cette exclamation, le premier directeur de l’institution, le chef de bataillon Le Roch, met en avant la spécificité de l’institution. En effet, l’IILE n’est ni un centre de convalescence, ni une maison de retraite. Son but ? Aider à la réinsertion professionnelle et sociale des pensionnaires.
Pour cela, des ateliers sont mis en place dans différents domaines,sous la direction de spécialistes. Ainsi, l’institution voit notamment le développement des ateliers céramique, ferronnerie, horlogerie, menuiserie, reliure, mécanique, peinture, agriculture et bien plus encore. L’histoire des ateliers évoluera avec son temps et ses pensionnaires pour voir la création de nouvelles activités et la disparition d’autres.
Ces ateliers permettaient aux jeunes invalides d’apprendre un métier afin de se réinsérer plus facilement dans la vie active. La formation durait en moyenne dix-huit mois et était sanctionnée par un certificat de formation professionnelle des adultes (CFPA) délivré par le ministère du travail.
Le profil des légionnaires venus d’Indochine ou d’Algérie pour se rééduquer fonctionnellement et apprendre un métier s’estompe au cours des années pour être remplacé par celui d’anciens, solidaires et meurtris par l’existence, malades ou handicapés.
Au début des années 1990, en visite à l’IILE, le général américain Schwarzkopf, commandant en chef de l’opération « Desert Storm » en Irak durant la première guerre du Golfe, souligne : « Nous avons visité tous les ateliers et, à chaque fois, les hommes qui y travaillent, septuagénaires et octogénaires, se mettaient au garde-à-vous. Ils avaient conservé intact leur orgueil de soldats ».
Le profil des pensionnaires a évolué mais pas l’engagement de l’IILE. Ainsi ces anciens légionnaires, ayant servi avec respect et honneur, trouveront toujours au sein du domaine ‘capitaine Danjou » une main tendue.