UNE COROLLE SUR BEATRICE.
Ils sont là, Paras, sanctifiés dans la fournaise
,Ceux de Saint Cyr, de Sidi bel Abbés, de Pau, Ces
soldats devenus gisants couverts de glaise, Faisant front
en refusant de courber le dos... Mille corolles éclatent soudain
dans un ciel rougi, Puis s'étalent et fleurissent comme un champ au
printemps, Les vieux copains ont sauté, le Viet a bondi, à Paris leDéputé
va au Parlement... C'est la boucherie, l'agonie, la fin des temps, On sebat avec
les mains, les morts font rempart, Les balles trouent les chairs, se frayent un chemin
sanglant, L'Indochine toute entière prend deuil de son histoire... Le silence s'est fait, terrible,
oppressant, repu, Comme une marée, les Jaunes ont envahi la piste, Des Régiments entiers
de Preux ont disparu. Paras amoureux d'une fille nommée Béatrice...Le vent en colère se lève et l'orage
grondit, Saint Michel de ses ailes recouvre d'une auréole, Ceux qui, brevetés ou pas, sautèrent dans la nuit,
Pour l'honneur, la fidélité à une parole... Bérets rouges, verts, bleus, une corolle pour Béatrice, Le lendemain,
la France étonnée, endeuillée, Par mille corolles de blanc linceul sur Béatrice, Apprit qu'à
Diên-Biên-Phu, ils s'étaient sacrifiés...
Légionnaire Kurtmayer de la 13° D.B.L.E. - Mai 1969
Voilure, liant le silence du ciel à la terre cruelle par un chemin d'aller sans retour, d'un froissement d'ailes,
sur le sol, tuétales ta blancheur. Amie, ne pouvan t trahir qu'une fois, toujours ramassée, entassée,
mis au chaud dans un hangar, soignée, choyée ... servant à un autre ami, une autre fois. Sauf
cette fois-là ... Fleur morte entre les fleurs mortes, ennoblissant de blanc l'ingrate terre
rouge ... d'en haut ... champ de marguerites sans bouton d'or.
Sergent-chef Muzzati du 1/2e R.E.P. à Diên-Biên-Phu.