L’inhumation du colonel (er) André PHILIPPE s’est déroulée le mercredi 27 mai 2015 à Amiens.
A 14 H 30, en l’église de Saint Acheul, église du quartier où habitait le Colonel, était célébrée la messe des obsèques en présence des généraux (2s) Raoul FORCIN, Yves DERVILLE, Henri PINARD LEGRY et des colonels Jean-Paul BLANCHARD et Hervé LANCRENON, des représentants civils et militaires d’Amiens.
Assistaient également les présidents de la Société d’Entraide des membres de la Légion d’Honneur, de l’Association nationale des membres de l’Ordre national du Mérite, de la 108ème section des titulaires de la Médaille militaire d’Amiens
Le coussin de décorations était porté par Martial MUSY.
Une participation importante de représentants des amicales et associations patriotiques venus avec leurs drapeaux rendait, par leur présence, hommage respectueux et reconnaissant à la participation active du colonel PHILIPPE qui s’impliquait personnellement dans la vie même des amicales et associations.
L’éloge funèbre récapitulant la carrière exceptionnelle du colonel André PHILIPPE forte de 38 ans au service de la France était lue par le général Raoul FORCIN qui présentait à l’ensemble des participants les qualités exceptionnelles d’un grand soldat, remarquable combattant et officier de grande valeur.
Une mention toute particulière doit être faite, en remerciement, à monsieur Jean-Claude MACQUART, de l’UNP, Association dont le colonel Philippe était membre d’honneur,qui s’est dévoué sans compter pour soutenir et accompagner le colonel André PHILIPPE tout au long des derniers moments de son existence.
La Légion étrangère était présente pour honorer ce grand Ancien avec:
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Un piquet d’Honneur et une représentation du Groupement de Recrutement de la Légion Etrangère,
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La FSALE avec son trésorier le colonel Jean-Paul BLANCHARD et le drapeau porté par Alain MOINARD,
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Des délégations des amicales d’anciens légionnaires.
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Monsieur Pierre SIEHEN, sympathisant, avait tenu à accompagner la délégation de l’AALEP .. il portait le drapeau des médaillés militaires de l’Essonne.
Le colonel André PHILIPPE repose au cimetière de Saint Acheul.
Hommage funèbre du colonel André Philippe
Par le général (2s) Raoul Forcin
C’est avec émotion et tristesse que je me présente aujourd’hui devant vous pour faire l’éloge de celui qui nous a quittés il y a quelques jours, le colonel André PHILIPPE, homme de coeur qui avait choisi de servir son pays et qui n’a jamais trahi sa promesse au cours de trente-huit ans de service.
Le colonel André PHILIPPE fut un grand soldat, un remarquable combattant et un officier de Légion de grande valeur.
Né à Amiens le 30 septembre 1927, il fut inculqué dès le plus jeune âge l’amour de son pays et le sens du devoir. C’est donc tout naturellement qu’il va participer peu avant ses 17 ans à la libération de sa ville natale. Quelques mois après, le 1er septembre 1944, il signe un engagement de trois ans pour servir dans les rangs du 3ème Bataillon de Zouaves.
Le zouave de 2ème classe André PHILIPPE ne se doute pas que la signature donnée va l’amener à participer pendant plus de 16 ans, jusqu’en 1962, à des actions de guerre et qu’il deviendra un combattant exceptionnel. Dans l’immédiat, il suit son régiment et participe aux combats qui, jusqu’à l’armistice du 8 mai 1945, se déroulent en Allemagne. Il est nommé Sergent.
En 1947, il est désigné pour un séjour en Indochine; il est affecté au Tonkin pendant plus de 2 ans, et sert dans les rangs du Bataillon de marche du 3ème Régiment de tirailleurs algériens.
En 1952, c’est un nouveau départ pour l’Extrême Orient, il rejoint cette fois le 2ème Bataillon Muong qui devient rapidement le 73ème Bataillon Vietnamien.
Au cours de ces deux séjours il est nommé successivement sergent-chef, sergent-major puis adjudant. En outre il est blessé trois fois et cité sept fois. Il est décoré de la médaille militaire à titre exceptionnel.
Au cours de son dernier combat le 21 avril 1954 dans le secteur de Vinh Yen, en ouverture de route avec sa section, il tombe dans une embuscade tendue par un puissant élément Vietminh. Le combat est d’une violence extrême, la défense de la section est héroïque mais, à court de munitions elle est submergée par les Viets qui font de nombreux prisonniers parmi lesquels le chef de section. Mais celui-ci, courageux entre tous, profite d’un moment propice pour s’évader. Après trois jours de marche dans une région hostile, l’adjudant PHILIPPE rejoint la base de son bataillon. Cette évasion montre le courage et la détermination de cet homme qui nous dira plus tard, à la retraite, sur un ton ironique que l’administration a hésité à reconnaitre sa captivité, tellement elle fut brève.
En 1954, la guerre d’Algérie se profile à l’horizon. Après avoir passé la main aux américains, les troupes françaises sont ramenées en France ou en Afrique du Nord où elles stationnaient par le passé.
Nommé adjudant-chef en décembre 1956, PHILIPPE reprend le sac pour aller combattre un nouveau rebelle qu’on appelle maintenant le Fellaga. Il est affecté au 23ème régiment d’Infanterie où il prend le commandement du Commando de Chasse opérant dans le secteur d’El Milia. Au cours de cette période, il est blessé une fois et cité deux fois. En juillet 1959, il est fait chevalier de la légion d’honneur.
Il est loin le temps où le jeune PHILIPPE s’engage dans les zouaves à Amiens. Maintenant, à la fin de la guerre d’Algérie en 1962, il a gravi tous les échelons de la hiérarchie jusqu’au grade d’adjudant-chef. Cité neuf fois, blessé quatre fois, il a reçu la médaille militaire à titre exceptionnel et a été nommé chevalier de la légion d’honneur; ses mérites de combattant sont reconnus.
Le 1er janvier 1962, fort de ses états de service et de son potentiel, il est reconnu apte à poursuivre sa carrière comme officier; il est nommé sous-lieutenant et sur sa demande est admis dans les rangs de la Légion étrangère.
Affecté directement au 5ème Régiment Etranger d’Infanterie qui devient rapidement le Régiment Mixte du Pacifique, il rejoint Papeete. Le “jeune sous-lieutenant” s’intégre très rapidement à son nouveau milieu; il est vrai que les officiers de Légion plus anciens ont toujours beaucoup d’attention à l’égard des “jeunes” officiers venant du rang. Les sous-officiers et légionnaires adoptent d’emblée cet homme qui connait son métier et se montre très humain dans son commandement. En outre il porte une barrette de décorations forte d’enseignements sur la qualité combattante de l’homme.
Nommé lieutenant le 1er janvier 1964, il poursuit sa carrière en alternant séjours au 5ème RMP et affectations en Métropole toujours dans les rangs de la Légion étrangère.
En 1976, il est affecté à Castelnaudary, au Groupement d’Instruction de la Légion étrangère qui devient un an plus tard le Régiment d’Instruction de la Légion étrangère don’t je prends le commandement. Le colonel PHILIPPE est chef d’état-major du Régiment. Il est remarquable dans ses fonctions, organisé, méthodique, discipliné; il est respecté de tous et a beaucoup d’influence sur les jeunes capitaines commandant d’unité. Je regrette son départ quelques mois avant la fin de mon commandement.
Il est affecté une nouvelle fois au 5ème RMP. Nommé lieutenant-colonel il rentre en Métropole et assume les fonctions de commandant en second du 61ème Bataillon Mixte Génie Légion stationné au camp du Larzac.
Faisant valoir ses droits à la retraite, il quitte les rangs de l’Armée le 1er octobre 1983 avec le grade de colonel de réserve après avoir effectué 38 ans 7 mois de services.
Le colonel PHILIPPE a parfaitement rempli le contrat. Après avoir été un remarquable combattant, il s’est mntré un officier de Légion solide, digne de confiance, très apprécié de ses chefs, respecté et aimé de ses camarades et de ses subordonnés.
Le colonel André PHILIPPE a bien mérité de la Légion étrangère et de la France qu’ila servies avec Honneur et Fidélité. Elevé à la dignité de Grand Officier de la Légion d’Honneur ses immenses mérites ont été officiellement reconnus.
Maintenant, dans l’au-delà, il a retrouvé ses Parents, ses Amis don’t deux anciens officiers de Légion qui lui étaient très proches, il a retrouvé tous ceux qui, alors à ses côtés, sont morts pour la France.
Qu’ensemble ils reposent dans la Paix de Dieu.
Adieu, mon colonel PHILIPPE, adieu André, mon Ami, reposez en paix.