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Un potentat africain, marchand d’esclaves, Samory, émir de Bissandougou, le fameux Almamy, chef temporel et spirituel dès 1867 d’un Etat stable qui devient l’empire Wassoulou en 1878, s’oppose à l’avancée des Français sur son territoire. Aventurier et sans scrupule, il s’est taillé un véritable empire dans les vallées du Haut-Niger et du Haut-Sénégal en s’alliant avec les Britanniques qui lui fournissent les armes depuis 1876.
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Après quelques accrochages, en 1882, Samory Touré signe un traité de paix et de commerce avec les Français, le 28 mars 1886.
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En 1887, Samory dispose d’une armée de 30 000 à 35 000 fantassins et de 3 000 cavaliers.
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Une expédition est décidée en mars 1891 contre Samory.
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La lutte contre Samory et son allié le sultan Ahmadou va durer vingt années.
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Les opérations menées en 1891, aux ordres des colonels Louis Archinard et Pierre Marie Humbert, pénibles et inefficaces, ont laissé de mauvais souvenirs. Les troupes de Samory, organisées et bien armées, se sont avérées des adversaires redoutables pour les unités engagées dont les rangs ont fondu au cours de la campagne.
Novembre 1892-Juin 1893 : première campagne de la Légion Etrangère
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En 1892, àla demande du colonel Archinard, chargé de la conduite des opérations au Soudan, un détachement de la Légion Etrangère est envoyé au Soudan. Sous les ordres du capitaine Destenave, il est composé de 4 officiers, 8 sous-officiers et 112 hommes, choisis parmi les hommes des deux Régiments étrangers. La Légion arrive le 2 septembre à Kayes, sur le Sénégal, à 700 kilomètres de Saint-Louis.
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Le 16 novembre 1892, la compagnie de la Légion, organisée en compagnie montée, quitte Kayes pour Bafoulabé où elle prend sa place dans les colonnes qui sont organisées contre les Sofas de Samory. Elle atteint Guéléba, capitale du sultan, après une rude et longue randonnée dans une région inexplorée.
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Du 15 février au 23 mars 1893, de Guélétara à Kouk, la compagnie de la Légion traverse en combattant une région difficile et dévastée par les bandes de Samory. Que de fois les légionnaires traversent des cours d’eau rapides, complètement nus, tenant la queue du mulet, sous les balles et les flèches des indigènes. La compagnie arrive à destination après avoir effectué 950 kilomètres en 36 jours, livré 14 combats, franchi 12 grandes rivières et plus de 300 marigots.
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Le 3 mai 1893, épuisée par les fièvres, la compagnie de la Légion rallie sa base de départ.
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Mai 1893 : la Légion se distingue dans la région de Kayes.
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Le 24 juin 1893, après neuf mois de marches et de combats incessants, la compagnie du Soudan regagne Sidi-Bel-Abbès, où elle est dissoute.
Mars 1894-Janvier 1895 : deuxième campagne de la Légion Etrangère
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Fin 1893, à la demande du lieutenant-colonel Bonnier, nouveau patron militaire au Soudan, qui entend poursuivre l’œuvre du colonel Archinard et pénétrer dans Tombouctou, un deuxième détachement de deux compagnies de la Légion étrangère est appelé une nouvelle fois dans la région du Niger, pour terminer la conquête du Soudan. Chacun des deux Régiments étrangers forme une compagnie pour la nouvelle campagne.
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En décembre 1893, une expédition est montée sur Tombouctou avec deux colonnes commandées par le lieutenant-colonel Eugène Bonnier et le commandant Joffre.
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Le 10 janvier, la colonne du lieutenant-colonel Eugène Bonnier, de l’Artillerie de marine, arrive à Tombouctou.
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Le 12 janvier, la colonne du commandant Joseph Joffre du Génie arrive à Tombouctou ; dans cette colonne le capitaine François-Henry Laperrine, commandant un escadron de Spahis soudanais.
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Le 15 janvier 1894, le lieutenant-colonel Eugène Bonnier est tué lors d’une embuscade dressée par les Touareg à Tacoubâo, à 30 kilomètres de Tombouctou. Sur les 14 européens, le lieutenant-colonel et 8 de ses officiers sont tués ; 70 tirailleurs sont tués ainsi que des dizaines de porteurs, domestiques et bergers.
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Le commandant Joseph Joffre rétablit la situation à Tombouctou.
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(S : site de Marianne Blog).
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Embarquées à Oran le 23 février, les deux unités arrivent à Saint-Louis du Sénégal le 1er mars. Elles se séparent. La compagnie du 2e va en Guinée française. Celle du 1er Régiment étranger, commandée par le capitaine Nicolon, gagne successivement Bafoulabé, Bamako et Ségou où elle arrive le 29 mai pour renforcer la petite garnison française. Le voyage fut long, en chemin de fer, en chalands et un parcours d’un mois à pied.
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Les deux compagnies sont maintenues en réserve sans intervention notoire.
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La seule présence des légionnaires, par leur discipline et leur allure, impose l’ordre dans cette région troublée. Mais les indigènes hostiles, qui hantent la brousse, nécessitent des interventions.
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Les 21 et 31 mai 1894, devant Bossé, le roi Alikari, Almamy de Bossé, repousse la colonne du capitaine Nigote et d’Aguibou, roi du Macina, au cours de violents combats, le capitaine Nigote est tué au combat.
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Le 14 juin, un détachement de 20 légionnaires participe à un raid contre les guerriers d’Alikari, roi de Bossé, qui vient d’infliger un échec à une colonne française. Le village est situé à plusieurs centaines de kilomètres dans la brousse. Le lieutenant Betbeder et le sergent Minnaërt commandent les légionnaires pendant cette mission.
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Le 1er juillet, à 7 heures du matin, la colonne commandée par le capitaine Bonaccorsi, secondé par le lieutenant Mangin, arrive devant le village de Bossé-Bangou à 100 kilomètres à l’ouest de Niamey, sur la rive droite du Niger, avec 267 fusils et 2 pièces de 80 de montagne. Les auxiliaires de Ouidi et d'Aguibou, prévenus l'avant-veille, avaient rejoint à Ira, 7 km environ ouest de Bossé ; ils sont employés à garder les routes de Oué et de Koumbara en dehors du terrain de combat. Alikari (marabout de Bossé) est réfugié dans son tata situé au nord du village dont il est séparé par un espace de 20 mètres. Malgré l’étendue du village, les 2 soukalas, villages et tata, ont pu être cernés. Le bombardement commence à 7h25 : l’objectif principal est la capture d’Alikari ; les coups sont donc dirigés d’abord sur le village dont il faut s'emparer pour compléter l’investissement du tata Almamy. L’assaut est donné à 9h40 par la 2e compagnie de marche du lieutenant Betbeder. Bien abrités, les indigènes accueillent les légionnaires par un véritable déluge de balles et de flèches. Le lieutenant Betbeder est grièvement blessé et le sergent Minnaërt, qui a déjà fait parler de lui à Sont. au Tonkin, a une flèche dans le flanc gauche, ce que l’empêche pas d’entraîner ses hommes. Il s’engage dans les rues du village et débouche sur la grande place, centre de résistance de l’ennemi. Les légionnaires sont décimés. Minnaërt est atteint une seconde fois par une balle qui lui traverse la cuisse. Mais rien ne saurait l’arrêter ce diable qui galvanise ses hommes. Apercevant quatre indigènes embusqués dans une ruelle, couvrant la place, il les abat après un court combat. Après une résistance acharnée, ceux qui ne sont pas tués se retirent dans le tata Almamy qui devient un réduit de défense
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A 8 heures 30 les Français sont maîtres du village ; l'attaque du réduit déjà préparée par l'Artillerie, commence aussitôt. A ce moment, le roi Alikari sort de la mosquée, un yatagan à la main. Entouré de ses guerriers, il s’élance en avant, mais il tombe bravement sous les balles des légionnaires qui cernent la place. Tous les défenseurs du réduit se font tuer. Les combats se terminent par une poursuite acharnée dans la brousse qui assure à la colonne un succès complet.
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Les pertes de l’ennemi sont estimées à 500.
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La colonne a toutefois subi des pertes sérieuses qui s’élèvent à 60 tués et blessés, parmi lesquels les trois-quarts des légionnaires formant le détachement du lieutenant Betbeder :
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9 tués, le légionnaire Lipperer, 2 tirailleurs soudanais de la 6e compagnie de Djenné, un tirailleur soudanais de la 16e compagnie de Bandiagara, et cinq tirailleurs auxiliaires.
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149 blessés : six officiers (capitaine Maillot, lieutenant Betbeder, Peuton, de Tavernier, Mangin et Emile-Louis Abbat), 15 européens (le canonnier Arnould, un tirailleur de la 6e compagnie et 13 légionnaires dont les sergents Minnaërt et Very, le caporal Poinson et le légionnaire Paquet), 125 tirailleurs soudanais (24 de la 6e compagnie, 22 de la 16e compagnie, deux canonniers soudanais et 80 tirailleurs auxiliaires).
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Le capitaine Bonaccorsi signale la belle conduite des lieutenants Abbat et Mangin et du sergent Minnaërt.
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Le soir du premier juillet, la colonne campe sur place.
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Vers 8h du soir, un parti ennemi, arrivé par la route d’Oué, aborde à coups de fusils la face nord en criant « Allah Akbar » ; quelques feux de salves réussissent à les repousser.
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Il n'y a plus d'alerte jusqu'au 3 juillet. La colonne va camper à Ira.
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Cette courte et brillante expédition qui prouve, une fois de plus, le courage et l’endurance des légionnaires du 1er Etranger, marque la fin de la campagne du Soudan.
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Le 28 janvier 1895, la compagnie rentre à Sidi-Bel-Abbès.
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Quelques jours plus tard, le sergent Minnaërt reçoit des mains du colonel de Villebois-Mareuil, commandant le 1er R.E., la Croix de la Légion d’honneur, fait exceptionnel à cette époque pour un sous-officier. Le sergent fait partie désormais de la garde au drapeau.
Le 16 juin 1895, est créée l’Afrique Occidentale française, l’A.O.F.
La conquête de cet espace colonial a nécessité beaucoup de diplomatie pour les officiers français car plusieurs rois y régnaient et se combattaient, notamment les deux demi-frères, Aguibou et Ahmadou, fils d’El Hadj Omar. La paix n’a été obtenue qu’après la rétrogradation de ces rois en chefs coutumiers.
Jean Balazuc P.P.P.
Sources principales:
La Légion, Grandeur et Servitude – Historama – HS N°3 – Novembre 1967.
La Charte de la Fédération Nationale André Maginot – 2001 N°7.
L’Armée d’Afrique de 1830 à l’indépendance de l’Algérie – Capitaine Pierre Montagnon – Pygmalion – 2011.
La Légion Etrangère- Voyage à l’intérieur d’un corps d’élite- John Robert Young & Erwan Bergot – Editions Robert Laffont – 1984.
Le 1er Etranger- Philippe Cart & Tanneur Tibor Szecsko – Brandon Iron Production- 1986.
Site du Mémorial de Puyloubier.
Wikipédia.
Le détachement de 20 légionnaires à Bossé comprend :
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Le lieutenant Betbeder, chef du détachement, blessé ;
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Les sergents Minnaërt et Very, blessés ;
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Le caporal Poinson et les légionnaires Daniels et Paquet, blessés ainsi que huit autres légionnaires ;
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Le légionnaire Liperer, tué ;
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Cinq légionnaires indemnes.
Abbat Emile-Louis, né le 26.10.1867 à Bourges dans le Cher ; engagé en novembre 1885 ; Ecole de Saint-Maixent en 1890-1891 ; sous-lieutenant en avril 1891 ; affecté dans des R.I. avant d’être affecté au Soudan ; il participe aux combats de Bossé le 01.07.1894 puis à ceux de Zidéia le 20.01.1896 ; de retour dans le 89e R.I. ; affecté au Soudan du 10.10.1896 au 08.07.1898 ; il participe à trois opérations en 1897 ; capitaine en décembre 1899, au 153e R.I. ; chef de bataillon en juin 1910, au 133e R.I. ; retour en Afrique en 1912 dans le 6e Bataillon d’Infanterie légère d’Afrique ; lieutenant-colonel en avril 1916, chef de corps par intérim du 149e R.I. ; Combats de Verdun ; tué au combat le 08.07.1916 à Maurepas, à la tête du Groupement des B.I .L.A.
Aguibou Tall, né vers 1843, fils d’El Hadj Omar ; roi du Dinquiray ; roi du Macina après la prise de Bandiagara par le colonel Archinard ; après une période où il s’adonne aux razzias, il redevient allié des Français en 1889 ; finalement, il devient chef coutumier ; décédé en 1907.
Ahmadou Tall, né le 21.06.1836 à Sokoto dans le Nigéria actuel ; fils d’El Hadj Omar ; sultan de l’empire Toucouleur à Ségou dans le Mali actuel de 1864 à 1890 ; allié de Samory Touré ; les deux sultans tiennent sous leur cruelle domination les vallées du Haut-Sénégal et du Haut Niger ; en paix avec les Français en 1887-1888 ; chassé de Ségou par les Français en 1890 ; il devient chef coutumier ; décédé à Sokoto en 1898.
Alikari, Almamy de Bossé en 1894 ; tué le 01.07.1894.
Archinard Louis, né au Havre dans la Seine Inférieure le 11.02.1850 ; polytechnicien de la promotion X 1868 ; en Conchincine en 1876-1878 : lieutenant-colonel de la coloniale ; conquérant et pacificateur du Soudan français dès 1880 ; colonel, commandant supérieur du Haut-Fleuve (le Niger) en 1888. Il entre à Ségou en 1890 et s’empare de Djenné en 1893 ; général de brigade en 1896, puis général de division en 1911 ; Grand Croix de la Légion d’Honneur en juillet 1914 ; Médaillé militaire en 1919 ; décédé le 08.05.1922 à Villiers-le-Bel en Seine et Oise.
Betbeder, lieutenant, officier à la compagnie du 1er Régiment étranger envoyée au Soudan en 1894 ; grièvement blessé le 1er juillet 1894 à Bossé par les guerriers du roi Alikari.
Bonnacorsi, capitaine des Troupes de marine, chef de l’expédition sur Bossé en juin-juillet 1894.
Bonnier Eugène, polytechnicien de la promotion 1873-1875 ; sous-lieutenant à l’Ecole d’application de l’Artillerie en 1875 ; il entre dans l’Artillerie de marine ; lieutenant en 1877 ; capitaine en 1880 ; chef d’escadron en 1889 ; lieutenant-colonel, gouverneur militaire du Soudan en 1893 ; il entre dans Tombouctou le 10.01.1894 ; tué le 15.01.1894 lors d’une embuscade dressée par les Touareg à Tacoubâo, à 30 kilomètres de Tombouctou.
Destenave Georges, né à Saint-Cricq dans les Landes le 17.05.1856 ; saint-cyrien de la promotion 1874-1876 ; capitaine au 2e R.E.I. à Saïda le 12.01.1892 ; commandant la compagnie formée avec des éléments des deux Régiments Etrangers au Soudan du 15.08.1892 au 18.07.1893 contre Samory Touré ; affecté au 2e Zouaves à Oran du 28.11.1893 au 02.03.1894 ; un des conquérants de l’A.O.F. ; chef de bataillon le 20.12.1895 ; chef de la région Est et Macina du 20.10.1896 au 26.07.1898 ; lieutenant-colonel le 12.07.1901 : Gouverneur du Tchad ; colonel le 24.06.1904, chef de corps du 21e R.I. ; retraité le 13.07.1905 ; souvent malade et fatigué par ses campagnes africaines ; rappelé, général de brigade en 1914-1918 ; décédé le 23.12.1928 à Toulon dans le Var.
Omar Saïdou Tall puis El Hadj Omar, né vers 1796 : il entre dans la confrérie Tidjaniya d’origine maghrébine ; il effectue le pèlerinage à La Mecque vers 1827 ; il est désormais El Hadj Omar ; très pieux, il arrive à se bâtir un royaume autour de Dinquiray apr’s avoir épousé deux filles de sultans ; disparu mystérieusement dans la falaise de Bandiagara le 12.02.1864.
Humbert Pierre Marie Gustave, né le 15..1845 à Batterans en Haute-Saône ; polytechnicien de la promotion 1868-1870 ; il fait carrière dans l’Artillerie de marine ; capitaine le 20.05.1875 ; Guerre contre la Prusse en 1870-1871 ; Tunisie en 1881 ; Sud-Oranais en 1881-1882 ; Tonkin en 1883-1884 ; Soudan en 1890-1891 ; décédé en 1932.
Joffre Joseph, né le 14.01.1852, à Rivesaltes dans les Pyrénées Orientales ; polytechnicien ; de la promotion 1869 ; officier du Génie, il participe aux campagnes du Tonkin en 1885, du Soudan en 1892 et de Madagascar en 1900 ; il devient chef d’état-major général en 1911 ; le 14.07.1913, il reçoit les insignes de Grand Croix de la Légion d’Honneur ; commandant en chef des opérations du 02.08.1914 au 26.12.1916, il remporte la bataille décisive de la Marne ; élevé à la dignité de Maréchal de France en 1916 ; décédé à Paris le 03.01.1931.
Laperrine, François Henry d’Hautpoul, comte, né le 29.09.1860 à Castelnaudary ; saint-cyrien, promotion des Zoulous en 1878-1880 ; capitaine au 2e Dragons en novembre 1891 ; il sert sous les ordres du colonel Joffre dans le Sud Oranais et au Soudan ; colonel, père des Compagnies méharistes sahariennes en 1892, officialisées le 30.03.1902, par décret ; responsable des Territoires du Sud, dans le Sud Algérois et le Sud Constantinois, de juillet 1901 à novembre 1910, il reçoit la soumission de l’amenokal des Touareg Ahoggar, Moussa ag Amastane en 1902 ; général de brigade en 1912, il participe aux batailles d’Ypres et de Verdun ; commandant les troupes au Sahara de février 1917 à septembre 1919 ; général de division en 1918 ; muté à la tête de la division d’Alger, il quitte le Sahara le 02.10.1919 ; mort d’épuisement le 05.03.1920 après un accident d’avion survenu le 18.02.1920 lors de la tentative de la première traversée aérienne du Sahara par deux appareils qui quittent Tamanrasset vers le Niger. Grand Officier de la Légion d’Honneur, Croix de Guerre 01914-1918, Croix de Guerre belge avec palme.
Minnaërt, sergent de la Légion Etrangère ; il s’illustre en 1883 à Sontay au Tonkin et dans la région de Tombouctou en 1894. En juin 1894, le lieutenant Betbeder et le sergent Minnaërt commandent les légionnaires pendant une mission contre le roi Alikari. Le 1er juillet,la colonne arrive devant le village de Bossé. Bien abrités, les indigènes accueillent les légionnaires par un véritable déluge de balles et de flèches. Le lieutenant Betbeder est grièvement blessé et le sergent Minnaërt, qui a déjà fait parler de lui à Sontay au Tonkin, a une flèche dans le flanc gauche, ce que l’empêche pas d’entraîner ses hommes. Il s’engage dans les rues du village et débouche sur la grande place, centre de résistance de l’ennemi. Les légionnaires sont décimés. Minnaërt est atteint une seconde fois par une balle qui lui traverse la cuisse. Mais rien ne saurait l’arrêter ce diable qui galvanise ses hommes. Apercevant quatre indigènes embusqués dans une ruelle, couvrant la place, il les abat après un court combat.A ce moment, le roi Alikari sort de la mosquée, un yatagan à la main. Entouré de ses guerriers, il s’élance en avant, mais il tombe sous les balles des légionnaires qui cernent la place. Au début de février 1895, à Sidi-Bel-Abbès,le sergent Minnaërt reçoit des mains du colonel de Villebois-Mareuil, commandant le 1er R.E., la Croix de la Légion d’honneur, fait exceptionnel à cette époque pour un sous-officier. Le sergent fait partie désormais de la garde au drapeau du 1er Régiment étranger.
Nicolon, attaché à la mission Pavie au Laos de 1887 à 1889 ; il rejoint le 2e Régiment Etranger en Algérie ; capitaine, commandant la compagnie du 1er Régiment étranger envoyée au Soudan de mai 1894 à janvier 1895. Décédé en février 1896 dès son retour en France.
Nigote, capitaine des Troupes de marine ; rescapé des combats du 15.01.1894 à Toucabâo, près de Tombouctou ; tué lors de combats de la fin mai 1894 devant Bossé.
Samory Touré, né vers 1833 à Miniambaladougou dans l’actuelle Guinée ; il se met au service des Cissé pendant plus de sept ans pour délivrer sa mère capturée et esclave des Cissé ; il s’engage dans l’armée des Bérété, ennemis des Cissé ; enfin il rejoint son propre peuple les Camara pour les protéger contre les Bérété et les Cissé. En 1867, il crée une armée professionnelle et construit un Etat stable ; musulman, il devient Almani, chef temporel et spirituel ; avec l’armement acheté aux Britanniques, il construit l’empire Wassoulou, capitale Bissandougou. Un des deux sultans qui tiennent en 1892 sous leur cruelle domination les vallées du Haut-Sénégal et du Haut Niger. Une campagne est décidée en 1891 contre ce potentat africain, marchand d’esclaves. Aventurier et sans scrupule, avec ses Sofas, il s’est taillé un véritable empire. La lutte contre Samory et son allié le sultan Ahmadou va durer vingt années. Capturé le 29.09.1898, il est exilé dans l’actuel Gabon ; décédé le 02.06.1900 à Ndjolé au Gabon.
Georges Henri Anne-Marie Victor comte de Villebois-Mareuil, saint-cyrien de la promotion 1865-1867 ; il s’engage dans l’Infanterie de marine ; pendant la guerre entre la France et la Prusse, il s’illustre à Blois en conduisant l’assaut le 28.01.1871 alors qu’il est déjà blessé ; promu capitaine, il reçoit la Croix de la Légion d’Honneur le 07.02.1872 ; breveté de l’Ecole Supérieure de Guerre en 1879 ; il fait carrière dans les colonies d’Afrique entre 1881 et 1893 ; colonel, chef de corps du 1er Régiment étranger en 1895-1896 ; général du Transvaal, il participe à la guerre des Boers et il est tué au combat à Boshof le 05.04.1900.