CONRAD (général à titre espagnol), colonel à titre français, 1er Chef de corps mort au combat.
Extraits du livre de Paul Jean-Louis AZAN « La Légion en Espagne de 1835 à 1839 »
Lettre du capitaine BAZAINE, chef d’état-major du brigadier CONRAD, au lieutenant-général comte HARISPE.
Pampelune le 15 juin 1837.
« Je profite de cette occasion pour vous donner quelques détails sur la Légion, et sur la mort de son digne chef, dont j’étais le fils d’adoption : depuis 4 ans, je servais sous ses ordres. En Afrique, en Espagne, j’étais toujours à côté de lui, j’avais toute sa confiance, achetée au prix d’un dévouement sans bornes.
D’après cette courte explication, vous devez penser, mon général, que j’ai fait mon devoir. J’étais à côté de lui quand la balle qui le tua l’atteignit au front.
Nos troupes pliaient, le désordre commençait à se mettre dans nos rangs. Il pensa qu’en donnant l’exemple et en se dévouant, il pourrait ramener les soldats. Il se porta bien en avant des tirailleurs, mit sa casquette au bout de sa canne et cria « en avant ».
Mais les hommes, saisis d’une terreur panique, n’entendirent pas sa voix. Ils continuèrent à fuir. Son corps manqua un instant de tomber aux mains de l’ennemi, mais grâce au courage d’un officier et de quatre braves sous-officiers et soldats de la Légion, je parvins à le mettre sur son cheval et à lui faire traverser le champ de bataille.
Cependant, comme nous étions tournés sur notre gauche, il me fallut une demi-heure pour mettre le corps de mon général hors de danger. Enfin, arrivé sur la route de Berbegal, je le fis mettre dans une voiture, lui donnai une escorte et son officier d’ordonnance, M. GUYON, qui dans cette affaire avait une contusion, et qui l’accompagna dans ce village.
Quant à moi, mes fonctions de chef d’état-major m’obligèrent de retourner immédiatement sur le champ de bataille afin de rallier la Légion qui se trouvait sans chef. Le seul officier supérieur qui restât encore sous les armes ayant été blessé à mort. Je parvins à en rallier une partie et je recommandai aux officiers de démentir la mort du général, et de dire aux hommes qu’il était seulement blessé légèrement, qu’il allait être pansé et qu’il allait revenir se mettre à leur tête .Qu’il serait désespéré si la Légion ne se conduisait pas bien jusqu’à la fin de la journée. Ces paroles suffirent pour ramener chacun à ses devoirs et la Légion suivit en ordre le mouvement rétrograde de l’Armée, qui rentra à 7 heures du soir à Berbegal. »
Notes : -l’auteur de ce courrier, Achille-François BAZAINE est devenu plus tard Maréchal de France.
Major (er) MIDY -FSALE- En charge de la mémoire