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Fin 1949 : la République populaire de Chine prend le contrôle des zones frontières chinoises, après en avoir chassé les nationalistes de Tchang Kaï-chek. Dès cette date, la Chine accueille des camps d’entraînement du Viêt-Minh, où des unités sont organisées, formées et équipées de façon moderne, non plus seulement pour la guérilla, mais aussi maintenant pour la guerre conventionnelle, y compris avec des soutiens d’artillerie. La guerre change donc de nature le long de la frontière chinoise, que longe la R.C.4. De grandes unités Viêt-Minh conventionnelles peuvent maintenant opérer, ravitaillées par des lignes logistiques partant de la Chine populaire.
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Le Viêt-Minh possède des ‘’sanctuaires’’ hors d’atteinte des Français. Il peut recevoir l’aide directe de la Chine rouge, alliée inconditionnelle.
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La situation se dégrade rapidement aux marches du Tonkin. Fort du soutien inconditionnel de son allié chinois, le Viêt-Minh, stoppé dans sa conquête du pays Thai, reporte son effort sur la zone frontière sino-vietnamienne. La création des grandes unités d’infanterie Viêt-Minh qui vont devenir le corps de bataille du général Giap est effective à partir de décembre 1949. Autrement dit, à l’arrivée des troupes de Mao-Tsé-Toung sur la R.C.4. Le plan initial prévoit l’équipement de six Dai-Doan (divisions).
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Les unités régulières sont dispersées sur tout le Tonkin et ont d’abord des missions d’unités territoriales. Chargées de la protection de la zone où elles sont implantées, elles ne la quittent pratiquement pas. Chaque territoire regroupe trois zones de guerre, ayant tout pouvoir, par l’intermédiaire du comité, sur les unités régulières.
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L’unité de base est le Trung-Doan (régiment) qui fonctionne comme les Français selon un système ternaire à trois Tieu-Doan (bataillons), fort de trois Dai-Doan (compagnies).
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En réalité, les effectifs sont variables selon les régions et l’implantation viêtminh.
1er septembre 1950 : des concentrations de troupes d’élite Viêt-Minh armées en Chine indiquent que le général Lê Quang-Ba, responsable du Haut-Tonkin, se prépare à attaquer les postes jalonnant la R.C.4. L’assaut sera mené par la division 308 du général Vuong Thua-Vu.
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Les forces du Nord-est comprennent la division 308 commandée par le général Vuong Thua-Vu, avec le régiment 36 et le régiment 102, des régiments de régionaux ‘’Chu Luc’’ et les régiments 246 et 209.
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Les Forces du Sud-Ouest commandées par le général Lê Quang-Ba, comprennent le régiment 174, le régiment 88 détaché de la division 308, et des régiments de régionaux ‘’Chu Luc’’.
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Ces renseignements confirment les documents récupérés par le 1er B.E.P. du commandant Segrétain au mois d’août, alors qu’il était en opération dans le delta du Fleuve Rouge.
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Avec un an de retard sur les conclusions du rapport du général Georges Revers, le général Marcel Carpentier prend alors la décision d’évacuer Cao-Bang et les postes de la frontière chinoise. Il compte ainsi récupérer quatre ou cinq bons bataillons pour la défense du delta tonkinois. Mais l’évacuation doit se faire ‘’dans l’honneur, sans perdre la face’’. L’opération est montée par le général Carpentier, son état-major et le colonel Constans, parachuté à la tête du 3e R.E.I.
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Mais les Viêts ne vont pas attendre le lancement de cette opération.
8 septembre 1950 : le 8e Tabor marocain du commandant Guérin et du capitaine Casanova est relevé à Dong Khé par deux compagnies du II/3e R.E.I. aux ordres du capitaine Allioux, adjudant-major du 2e bataillon : la 5e du capitaine Vollaire et la 6e du capitaine Jaugeon.
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Deux cent cinquante hommes remplacent un bataillon, avec pour corollaire d’affaiblir That-Khé.
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Le commandant Guérin accueille avec plaisir les légionnaires, heureux de leur passer les consignes et de reprendre dès le lendemain le convoi descendant qui doit conduire son tabor en direction d’Haiphong pour y être embarqué vers le Maroc.
La citadelle de Dong-Khé.
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Les goumiers ont fait un excellent travail de terrassement. Des tranchées font le tour de la citadelle dont la défense incombe à la 6e compagnie, et une autre tranchée profonde permet de relier la citadelle au cantonnement de la 5e compagnie, dans la plaine, au bas de la citadelle. Ils ont protégé du mieux possible, en l’entourant de sacs de sable, une pièce d’artillerie de 105 mm.
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En reconnaissant le secteur qui lui est attribué, le lieutenant Grué remarque, non loin de l’emplacement du canon de 105, un canon antichar 57 mm de marque anglaise, placé face à l’est, en cas d’irruption de blindés chinois…
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Le lieutenant s’emploie à remettre ce canon en état de tir, et à régler sa lunette de visée. Puis il fait construire autour de lui un blockhaus couvert, aux murs de rondins, de pierres et de terre d’une épaisseur de 2 à 3 mètres, capables de résister à tous les tirs adverses. Ce canon va pouvoir, plusieurs fois, arrêter des assauts des Viêts.
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La citadelle est un véritable chantier. Les légionnaires, torse nu, n’en finissent pas de creuser, de porter, de charrier, de scier, de clouer.
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Il faut aussi aménager les emplacements de combat, poursuivre l’entraînement au tir, en particulier aux armes lourdes (mortiers et mitrailleuses), et former des tireurs au canon de 57 mm. Il faut installer des postes légers sur les hauteurs qui dominent la citadelle, qui serviront de postes d’observation et de sonnettes en cas de mouvements ennemis.
Du 16 au 18 septembre 1950 : la chute de Dong Khé.
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De Langson à Cao Bang sur 130 kilomètres, la fameuse R.C.4 serpente dans un paysage dont la beauté ne doit pas dissimuler les dangers. Par Dong-Dang, Na-Cham, That-Khé, Dong-Khé, elle court le plus souvent en fond de vallée, dominée par des falaises calcaires ou des hauteurs recouvertes d’une végétation intense. Un tracé idéal pour tendre des embuscades en ce pays ‘’de montagnes et de nuages’’. Le Viêt-Minh ne s’en prive pas. Les légionnaires appellent la R.C.4 la route de la mort.
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Dong Khé, à 40 kilomètres au sud-est de Cao Bang, aux deux-tiers du parcours Langson – Cao Bang, est dominé à l’est et au nord par des sommets calcaires. Cinq postes périphériques, plantés sur les hauteurs, contrôlent les accès de la plaine. Le poste principal se scinde en deux, de part et d’autre de la R.C.4 : le quartier Dumouchet à l’ouest, la citadelle à l’est, sur deux mamelons allongés distants d’environ 300 mètres.
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La citadelle, bâtie sur une butte, accueille le P.C. de la défense, aux ordres du capitaine Allioux, adjudant-major du II/3e R.E.I., un lieutenant et quelques artilleurs avec le canon de 105, et la 6e compagnie de capitaine Jaugeon, sur la citadelle et les trois autres pitons : Piton nord, Piton sud et Grotte calcaire à l’est, réputée imprenable dans ses falaises. La 5e compagnie du capitaine Vollaire occupe le quartier Dumouchet, une vieille enceinte fortifiée dans le village, avec six légionnaires à Piton Aviation, le plus éloigné à 800 mètres à l’ouest, au-delà du terrain d’aviation, mouchoir de poste destiné aux Piper. L’effectif est de 250 légionnaires et 30 autochtones, plus quelques artilleurs.
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Le 14 septembre, les Viêts isolent Dong Khé après la destruction du pont en béton en direction de That Khé. La route est coupée par des abattis et des fossés.
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Seize bataillons ennemis sont en place dans la brousse avec des canons et des mortiers : l’attaque est lancée par six bataillons, dont un d’artillerie, des régiments 165 et 174. Deux bataillons sont en couverture de la R.C.4. Soit un total de 10 000 hommes. Une dizaine d’autres bataillons, dont la fameuse brigade 308, se tiennent en deuxième échelon, prêts à se lancer dans la bataille.
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Le 15 septembre, une patrouille de reconnaissance commandée par le lieutenant Grué repère un homme, pieds nus, posté, à l’abri des buissons, pour observer la citadelle.
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Le 16 septembre, à six heures du matin, une patrouille commandée par le lieutenant Monnet, officier de renseignement, est accrochée à la sortie nord de Dong Khé ; les défenseurs entendent des rafales d’armes automatiques. La patrouille se replie sans pertes.
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A sept heures, l’attaque se déclenche, avec un bombardement intensif de la citadelle et du poste nord par des 75 et des 81. Les Viêts procèdent au réglage de leurs tirs. Les légionnaires sont à leurs postes de combat. Toutes les pièces de Dong Khé ripostent aux tirs rebelles.
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Par l’embrasure de son blockhaus, le lieutenant Grué aperçoit un groupe de Viêts grimpant à l’assaut du poste Nuyen, installé à l’est, au sommet d’un calcaire boisé dominant la route de Talung. Ils sont munis d’échelles de bambous. C’est bientôt une grappe humaine qui progresse comme des fourmis le long de la paroi difficile. Les obus du 57 et les balles traçantes de la mitrailleuse de 12,7 s’avèrent très efficaces sur cette cible située à moins d’un kilomètre.
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Mais le lieutenant Grué se rend compte qu’il ne dispose que d’obus perforants conçus pour percer le blindage des chars alors qu’il aurait besoin d’obus explosifs antipersonnel. Il fait passer commande par radio à Hanoï.
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Toute la journée, le matraquage se prolonge avec intensité. Les pertes à Dong Khé s’accentuent. A la fin de la journée, quatre postes périphériques sont submergés. Les défenseurs de la ‘’Grotte calcaire’’ sont décimés par un tir au but. La pièce de 105 est détruite et les cinq servants sont tués. A Piton Aviation, un légionnaire envoyé en liaison est capturé. Les autres, jugeant Dong Khé tombé, disparaissent dans les couverts. Ils rejoindront That-Khé, 30 kilomètres au sud.
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La pièce où, dès le début de l’attaque, ont été enfermés les prisonniers Viêt-Minh, utilisés en guise de main-d’œuvre, les P.I.M. (Prisonniers internés militaires), a reçu plusieurs obus de mortiers. Ces hommes sont tous morts ou grièvement blessés. C’est un véritable massacre.
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La section du lieutenant Grué a ses premiers blessés : le tireur de la mitrailleuse 12.7, le légionnaire de 1ère classe Maurice Boissard, est mortellement blessé ; le légionnaire Menendez le remplace.
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Le médecin lieutenant Jean Loup est sérieusement blessé.
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Les défenseurs de Dong-Khé sont sans illusions. Mais Langson, le P.C. du 3e R.E.I. du colonel Constans, a été alerté. Un bruit court : le 1er B.E.P. serait largué en renfort. Cette espérance un peu folle gonfle les cœurs et fixe un objectif : tenir jusqu’à l’arrivée du 1er B.E.P.
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Quand la nuit tombe, les Viêts de deux régiments, les TD 165 et TD 174, se ruent à l’assaut de la citadelle et du quartier Dubouchet. Les points d’appui tenus par la 5e compagnie du capitaine Vollaire, en bas de la citadelle, subissent les premiers chocs. La 6e compagnie, où le lieutenant Héry a du prendre le commandement devant l’insuffisance du titulaire terré dans un abri, tient même si les Viêts arrivent au pied de l’enceinte. Devant la 6e compagnie, la chute de Piton nord, légèrement dominant, permet à l’ennemi d’y installer une mitrailleuse lourde de 12,7. Son feu appuie les vagues d’assaut qui débouchent du cimetière, au pied de la citadelle. Celles-ci finissent par occuper la partie nord de la position, la ‘’plage avant’’. Un corps à corps sanglant se livre dans le noir. Les attaques et les contre-attaques se succèdent. Vers le milieu de la nuit, la section Oelschlagel est débordée. Elle se replie vers le blockhaus du lieutenant Grué qui devient le pôle de la citadelle et l’objectif le plus visé par l’adversaire. Le lieutenant fait tirer au mortier de 60 mm sur la plage avant pour protéger le repli de la section. Puis, dès qu’elle a décroché, il fait ouvrir le feu au canon de 57 sur les bâtiments d’où partent des tirs d’armes automatiques. Les obus perforants sont parfaits pour ce travail.
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La partie sud de la position est tenue par la section du lieutenant Tensorer.
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Deux légionnaires de la section du lieutenant Grué, dont le deuxième tireur Menendez, sont tués par les tirs de la mitrailleuse viêt. Le lieutenant prend la place du tireur et, après avoir très bien repéré les flammes sortant du canon tirant dans leur direction, les centre parfaitement dans sa lunette de visée. L’arme automatique est rapidement réduite au silence… pour un temps.
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L’escalier qu’il faut emprunter pour se rendre du blockhaus à la soute à munitions est directement sous le feu adverse. Le lieutenant prend deux légionnaires ; ils bondissent vers la soute d’où ils reviennent aussi vite. Mais le lieutenant est blessé aux deux jambes.
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Au lever du jour, les assaillants sont repoussés par la dernière contre-attaque menée par l’adjudant-chef Oelschagel, appuyée par un feu nourri d’armes automatiques et du canon de 57. La section repart baïonnette au canon et reprend les positions au prix de combats au corps à corps d’une férocité inouïe. Des cadavres sont indistinctement mêlés. Le sergent-chef comptable de la 6e compagnie est agrippé à un Bo-Doï ; ils se sont mutuellement poignardés et aucun n’a lâché son arme. Tout près d’eux, un légionnaire et un Viêt désespérément enlacés ; l’un d’eux a dégoupillé une grenade qui a explosé entre eux.
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La citadelle et les défenses immédiates tiennent toujours. Au village, près de la position de la 5e compagnie, un blockhaus est occupé par les rebelles.
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Vers la fin de la matinée, les tirs adverses cessent tout d’un coup, signe évident que les Viêts disposent de moyens radio sur le terrain que la garnison n’a pas.
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Après les matraquages de la veille et les combats de la nuit, la garnison compte déjà 40 morts et 86 blessés : la 5e compagnie compte plus de 40 tués et blessés graves, la 6e compagnie légèrement plus. Les servants du 105 sont morts.
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Le légionnaire Nagy, ordonnance du lieutenant Grué, a été tué, atteint en pleine poitrine par une rafale d’arme automatique tirée du piton nord.
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Le bilan est envoyé à l’état-major d’Hanoï qui, incrédule, demande de le répéter. La garnison insiste sur l’urgence d’un parachutage en munitions et en trousses de premiers secours.
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Devant cette hémorragie et sans écho du B.E.P., le capitaine Allioux décide de regrouper tout son monde à la citadelle. Il dispose encore de la valeur d’une bonne compagnie. La 5e compagnie du capitaine Vollaire qui défendait les bas de la citadelle a subi des pertes telles qu’elle n’est plus en mesure de défendre ses positions. Ordre lui est donné de décrocher dès que possible et de prendre à sa charge la défense de la partie avant de la citadelle, où elle relèvera ce qui reste de la section Oelschlagel qui se repliera à son tour autour du blockhaus du canon 57.
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Le 17 septembre, les survivants se regroupent dans la citadelle. Le ciel est clair, la visibilité parfaite. Mais les pilotes des deux King Cobra volent haut. Au nord de la citadelle, la chasse bombarde les environs, sur des objectifs que les survivants ne voient pas, avec peu d’effet car l’adversaire est enterré dans les calcaires. Les deux avions repartent et ne reviendront plus.
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Puis arrivent trois Junker 52. Ils font un seul passage et larguent leur colis dans la cuvette. Une partie des parachutes atterrit en zone tenue par l’ennemi et le reste, dans un no man’s land où un groupe de volontaires, conduit par un Breton, ira les chercher. Aucun parachute ne tombera sur la citadelle. La garnison reçoit les munitions tant souhaitées, et en particulier, les obus explosifs pour le 57. C’est l’essentiel. Pour les vivres, les légionnaires ont recours aux rations de vie.
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En ce qui concerne les blessés, ils sont trop nombreux pour recevoir des soins efficaces car les infirmiers sont débordés et manquent de matériel sanitaire. Le médecin, lui-même blessé à une jambe, fait ce qu’il peut auprès des cas les moins désespérés. Beaucoup de légionnaires mourront d’hémorragies, faute de soins appropriés, sans évacuation sanitaire envisageable.
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Le radio de la 6e compagnie capte alors un message de l’état-major : ‘’Félicitons garnison de Dong Khé pour son héroïque résistance. Mission largement dépassée. Vers vous 1er B.E.P. ce soir’’. Personne ne comprend le sens du message. Le commandant de la citadelle décide de rester, seule décision qui paraît possible et digne.
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Dans l’évidement entre le quartier Dubouchet et la citadelle, la R.C.4 et ses bas-côtés constituent un espace découvert de 15 à 20 mètres. Ce passage obligatoire est battu par la 12,7 de Piton nord et d’autres armes automatiques. Deux tranchées profondes ont été creusées de part et d’autre de la route, permettant de s’en rapprocher. Par bonds de deux à trois à la fois, le lieutenant Héry parvient à faire passer ses hommes d’une tranchée à une autre. Ensuite de quoi, ils se faufilant jusqu’à l’enceinte. Hélas, les tirs adverses rendent les brancardages impossibles. Les blessés graves sont abandonnés sur place avec le caporal Schutt, lui-même légèrement blessé. Ces légionnaires ont le courage de souhaiter ‘’Bonne chance’’ à leurs camarades encore valides. Puis le lieutenant Héry organise la défense de la partie nord de la citadelle.
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Le capitaine Vollaire, blessé au bras depuis la veille, fait décrocher sa 5e compagnie pour rejoindre la citadelle. Son repli s’est effectué par la tranchée creusée par les goumiers du 8e Tabor entre la garnison basse et la citadelle. Il a même réussi à emporter toutes ses munitions qu’il va stocker dans un abri près de la plage avant.
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Les légionnaires attendent les renforts mais le largage des parachutistes n’aura pas lieu et l’envoi d’une colonne de secours par la R.C.4 est encore moins plausible.
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A dix-sept heures, l’ennemi reprend le bombardement intense de la citadelle. Les rescapés des deux compagnies se partagent les défenses de la citadelle. Ils sont encore 60 à la 5e compagnie, avec 5 F.M. et 2 mitrailleuses, s’occupant de la ‘’Plage avant’’. Ceux de la 6e compagnie, légèrement moins nombreux, mais connaissant bien les lieux, se chargent de la ‘’Plage arrière’’ en contrebas. Les blockhaus s’effondrent sur les hommes. Tous refusent de lâcher, s’accrochant aux décombres qui leur servent de retranchement.
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Parmi les pertes, le légionnaire de 2e classe Hernandez Sanchez de la 5e compagnie et le légionnaire de 2e classe Heinz Muller de la 6e compagnie.
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Dans la nuit, le pilonnage reprend avec intensité, appuyant au plus près les Bo-Doï. Mais les Viêts ont changé de tactique. Aux assauts massifs de la nuit précédente qui leur ont coûté beaucoup de morts, succèdent des assauts par petits groupes armés d’armes automatiques, de lance-roquettes et de grenades. Certaines équipes ont des porte-voix et s’adressent en français et en allemand aux légionnaires pour les inciter à la désertion.
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Un épais brouillard enveloppe la citadelle. Les Viêts en profitent pour s’installer à nouveau sur le piton nord, qu’ils avaient dû abandonner la veille, d’où une arme automatique s’efforce de tirer dans l’embrasure du blockhaus. Au travers du brouillard, l’emplacement du tireur est localisé à peu près par les lueurs émises à chaque rafale. Avec quelques obus explosifs, le lieutenant Grué parviens à faire taire cette arme…jusqu’à ce qu’une autre arme la remplace.
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Le 18 septembre, à deux heures du matin, ils ne sont plus que 12 chez le lieutenant Héry dont 8 blessés. Leurs armes automatiques sont hors d’usage. Ce petit carré se resserre aux abords du blockhaus du 57 du lieutenant Grué, qui n’a guère plus de valides autour de lui, pour en assurer la défense rapprochée avec les restes de la section Oelschlagel. Le réduit est constitué. C’est sur lui que vont se concentrer tous les tirs et toutes les attaques.
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Le capitaine Vollaire, avec son bras en écharpe, a rejoint le P.C. dans les fortifications enterrées de la partie sud de la citadelle, tenues par la section du lieutenant Tensorer. Pour arriver au P.C., et pour s’assurer le contrôle total de la citadelle, les Viêts doivent éliminer le réduit.
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A deux heures quinze, le sergent-chef Marc Benoît-Lizon, commandant la section de partisans, est grièvement blessé. Ses hommes s’étant volatilisés dès le premier jour, il s’était mêlé aux légionnaires, remplaçant les tireurs hors de combat. Le malheureux est peu après achevé d’un coup de baïonnette par un Bo-Doï.
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Les combats redoublent d’intensité. Au cours de la nuit, les Viêts, mettant à profit le repli de la 5e compagnie, prennent position sur la plage avant. Leurs éléments les plus avancés sont retranchés dans les bâtiments à demi détruits qui séparent la plage avant du réduit, à une trentaine de mètres du blockhaus du 57 sur lequel convergent toutes les armes. Le ciel est zébré de balles traçantes. Une arme automatique est décelée sur le piton nord. Elle est rapidement réduite au silence à coups d’obus explosifs. Les assauts se font de plus en plus agressifs.
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Le lieutenant Héry signale au responsable du blockhaus du 57 qu’en raison de l’obscurité, du brouillard et de la fumée, il a de plus en plus de mal à surveiller son secteur. Le lieutenant Grué tire à explosifs sur la toiture en paillote du bâtiment tenu par les Viêts. La toiture s’embrase, illuminant tout le champ de bataille. Puis, après plusieurs tirs, il arrive à faire sauter le dépôt de munitions de la 5e compagnie, qui n’a pu être évacué du bâtiment.
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Une équipe de trois Bo-Doï, dont l’un avec un F.M., s’approche du blockhaus, à moins de dix mètres ; ils ont du mal à progresser sur la forte pente. Un tir à l’explosif les neutralise. Un autre groupe saute dans une tranchée profonde située à cinq mètres en contrebas du blockhaus. Les légionnaires laissent glisser quelques grenades vers la tranchée qui est rapidement nettoyée.
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Vers 4 heures, la soute à munitions du 105 s’embrase. Les blessés qui y avaient trouvé refuge périssent carbonisés. C’est la ruée. Par centaines, les Viets montent à l’assaut. Ils poussent leurs bengalore de fortune, rafalent et balancent leurs grenades. Les blockhaus changent de main à plusieurs reprises. Les munitions s’épuisent. La situation est désespérée mais la citadelle tient toujours. Une vingtaine de légionnaires sont seuls à résister.
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Le sergent légionnaire Jacques Lefebvre de la 5e compagnie est tué au combat.
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Avec huit légionnaires, les capitaines Allioux et Jaugeon quittent la citadelle et se jettent dans la jungle ; ils réussissent à rejoindre That Khé, cinq jours plus tard.
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A 6 heures, après avoir lancé son ultime défensive, le lieutenant Norbert Héry est atteint par une rafale de P.M. Il est fait prisonnier, les armes à la main. Les légionnaires survivants des sections Héry et Oelschlagel, mal protégés dans leurs trous individuels, sont mis hors de combat.
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Vers 6 heures 30, des légionnaires tentent une sortie en combattant au corps à corps.
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Le jour s’est levé. Le lieutenant Grué se retrouve tout seul dans son blockhaus avec une poignée de légionnaires. Un obus incendiaire met le feu au blockhaus. Il faut l’évacuer.
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Avec quatre légionnaires, le lieutenant Grué bondit vers un petit local en briques, situé à quelques mètres de là. Les groupes viêts progressent sous le feu de leurs propres troupes. Un obus de mortier explose sur la toiture du local qui s’effondre sur la tête des légionnaires. Par une fenêtre, un Bo-Doï jette une grenade. Tous les légionnaires sont tués ou sérieusement blessés. Le lieutenant Grué est fait prisonnier, les armes à la main.
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A 8 heures, les Bo-Doï submergent les dernières défenses. Au terme de 48 heures d’une farouche résistance héroïque, le poste succombe.
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Un groupe de Bo-Doï se rassemble autour du mât des couleurs et hissent le drapeau rouge à étoile d’or à la place du drapeau français.
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La R.C. 4 est désormais coupée à Dong Khé par les Viêts.
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Dong Khé est tombé. 150 légionnaires ont été tués. Plus de 100 légionnaires, presque tous blessés, prennent le chemin des camps de prisonniers pour y connaître souffrances et mort. Un sergent-chef et deux caporaux réussiront à s’échapper des camps.
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Selon un responsable du Viêt-Minh, 800 Viêts ont été tués pendant les combats.
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Le fanion du II/3e R.E.I. reçoit la croix de guerre des T.O.E. avec palme.
Jean Balazuc P.P.P.P.
Sources principales :
La Charte de la F.N.A.M.
Histoire de l’Afrique du Nord du général Edmond Jouhaud – Editions des 2 Coqs d’Or-1968.
La Légion Etrangère – Voyage à l’intérieur d’un corps d’élite de John Robert Young et Erwan Bergot – Editions Robert Laffont-1984
Le 3e Etranger de Philippe Cart-Tanneur et Tibor Szecsko – Editions du Fer à Marquer-1988.
Histoire de la Légion du capitaine Pierre Montagnon – Pygmalion – 1999.
Le Spectacle du Monde : Legio Patria Nostra - 2012.
L’espoir meurt en dernier du colonel Bernard Grué – Editions du Rocher – 2013
Site MemorialGenWeb 3e R.E.I.
Site du S.G.A. – Mémoire des hommes.
Site du Mémorial de Puyloubier.
Allioux, capitaine ; il sert dans le 46e R.I. quand il est désigné, contre son gré, pour l’Extrême-Orient et affecté d’office à la Légion Etrangère pour combler les vides dus aux pertes au combat de plus en plus importantes ; adjudant-major du II/3e R.E.I., commandant la place forte de Dong Khé lors de l’assaut du Viêt-Minh en septembre 1950 ; son P.C. est installé dans la citadelle ; invisible, introuvable pendant les attaques viêts ; avec huit légionnaires et le capitaine Jaugeon, commandant de la 6e compagnie, il quitte la citadelle le 18 avant le lever du jour et peut gagner That-Khé cinq jours plus tard. Commandant le P.C. Feux à Diên-Biên-Phu en avril 1954.
Benoît-Lizon Marc Prosper Jacques Arthur, né le 01.11.1921 à Rausses dans le Jura ; sergent-chef au 3e R.E.I., commandant la section de partisans à Dong-Khé au Tonkin ; ses hommes se volatilisent dès le premier jour et il se mêle aux tireurs légionnaires ; grièvement blessé dans la nuit du 17 au 18.09.1950 lors de l’attaque des Viêts. Achevé d’un coup de baïonnette par un Bo-Doï.
Boissard Maurice, né le 22.11.1927 à Dijon dans la Côte-d’Or ; venu d’Afrique du Sud ; légionnaire de 1ère classe à la 6e compagnie du II/3e R.E.I. ; premier tireur de la mitrailleuse de la section du lieutenant Grué ; mortellement blessé au combat le 16.09.1950 à Dong Khé au Tonkin. Décédé le 17.09.1950.
Carpentier Marcel-Maurice, né le 02.03.1895 à Preuilly-sur-Claise ; fils d’un couple d’instituteurs ; saint-cyrien de la promotion la Croix du Drapeau, 1913-1914 ; à la mobilisation, il est nommé au 90e régiment d'infanterie de ligne comme sous-lieutenant. Le 22.05.1915, à tout juste 20 ans, il devient capitaine. Il est très gravement atteint le 16.06.1915 à Neuville-Saint-Vaast ; en 1933, il devient chef de bataillon. De 1935 à 1937, il est Commandant du 4e Bataillon du 1er R.T.M. à Damas (Syrie). En 1937, il est promu chef d'état-major du commandement supérieur des troupes du Levant. Présent sur le théâtre des opérations de la Méditerranée Orientale en 1939-1940 (Beyrouth), il rejoint la France en novembre 1940. En 1940-1941, il sert comme chef d’état-major des forces françaises stationnées en Afrique du Nord ; en 1942, il rejoint le camp de l'Armée française de la Libération et devient chef d’état-major du C.E.F. en Italie puis de la 1ère armée de 1943 jusqu’à mi-septembre 1944, où il prend alors le commandement de la 2e division d'infanterie marocaine (2e D.I.M.), où il sert jusqu’en 1945. Promu grand officier de la Légion d’honneur en 1947, il est nommé en 1949 commandant en chef des forces du Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient. Il est remplacé en décembre 1950 par le général de Lattre de Tassigny, à la suite du désastre survenu lors de l'opération d'évacuation de Cao Bang, le long de la R.C. 4 en septembre et octobre 1954, puis l'abandon précipité et injustifié de la ville de Lang Son, qu'il ordonne sur l'insistance de son subordonné sur place, le colonel Constans. Limogé de son poste en Indochine, le général Carpentier retourne en Europe et est affecté auprès de l’O.T.A.N. en 1951. Il est promu Général d'Armée en 1952. Atteint par la limite d'âge, il quitte l'Armée en 1956 ; il décède en septembre 1977.
Constans, colonel, plus officier d’état-major que chef de guerre : chef de corps du 3e R.E.I. en 1949-1950, commandant de la zone frontière, lors du désastre de Dong Khé, Cao Bang et de la R.C. 4 en septembre-octobre 1950. Directeur du cabinet militaire du Gouverneur Général, Jacques Soustelle, en 1955. Il crée un état-major mixte et un centre de renseignements et d’opérations du Gouvernement Général, le C.R.O.G.G.
Dupoux Jean, saint-cyrien de la promotion Nouveau Bahut 1945-1947 ; affecté au 3e R.E.I. en mai 1949 ; ancien de la R.C.4 en septembre-octobre 1950 ; lieutenant légionnaire parachutiste, commandant de la C.A. du 1er R.E.P. du 09. au 11.1955.
Giap Vo Nguyen : né en 1911 : dirigeant communiste ; il dirige l’insurrection nationaliste au départ des Japonais en août 1945. Malgré les sévères pertes liées à l’opération Léa fin 1947, il relance dès le début de 1948 la guérilla dans le Sud Annam et la Cochinchine ; il regroupe et renforce sa cohésion au Tonkin. En septembre 1950, il s’empare de Dong Khé. En octobre 1950, général, il organise la gigantesque embuscade de la R.C. 4 entre Cao Bang et Langson. En 1951, il va être battu à Vinh Yen, Mao Khé, sur le Day et à Nghia Lo ; en février 1952, c’est la grande bataille de Hoa Binh, puis en novembre et décembre 1952 à Na-San ; tenu en échec, Giap en tire les enseignements ; puis fin 1953-mai 1954, c’est la bataille de Diên-Biên-Phu. Car si ce général vietnamien a marqué l'histoire de son pays pendant 40 ans luttant successivement contre les Japonais, les Français et les Américains... Il fut aussi et surtout un chef militaire impitoyable sacrifiant ses hommes sans vergogne en cherchant à écraser par le nombre l'ennemi, comme à Diên-Biên-Phu en 1954, où la victoire n'est obtenue qu’après trois mois de combat et un effectif 10 fois supérieur en nombre ! Giap est le vainqueur incontestable de Diên- Biên-Phu (aidé par les généraux chinois, des erreurs stratégiques françaises et un abandon politique des soldats français) il est aussi et surtout le criminel de guerre qui organisa des camps de prisonniers qui furent le théâtre d'un programme d'extermination qui arriva jusqu'à 72% de taux de mortalité !!! Décédé au début d’octobre 2013 à l’âge de 102 ans.
Grué Bernard, né en 1924 à Bordeaux dans la Gironde ; saint-cyrien de la promotion Nouveau Bahut 1945-1947 ; il choisit la Légion Etrangère à la sortie de l’E.A.I. et rejoint le 3e R.E.I. en Indochine en mai 1949. Il parcourt la R.C.4 de Langson à Cao Bang de 1949 à 1950 ; il repousse l’attaque de son poste 41 Est afin de rejoindre Dong Khé. Chargé de tenir l’un des points névralgiques de la citadelle avec un canon 57, il résiste aux pilonnages et aux attaques du Viêt-Minh pendant deux jours et deux nuits. Le 18 septembre au matin, une nouvelle fois blessé, inconscient, au milieu de ses légionnaires morts ou blessés, il tombe aux mains des attaquants. Commencent alors quatre longues années de captivité dans la jungle et de ‘’rééducation’’ à la chinoise par les commissaires politiques viêts dans le camp n° 1. Il retrouve sa fiancée qui l’attendait depuis six ans, se marie et se lance dans de longues études en persan et dans le slave ; capitaine en Algérie ; de 1968 à 1971, il est attaché militaire adjoint à Moscou. Colonel, chef de corps du 46e R.I. à Berlin de 1972 à 1974 ; puis il prend la direction du renseignement au SDECE à Paris. Il quitte l’armée en 1978. Il fait une seconde carrière dans un grand groupe pharmaceutique. Commandeur de la Légion d’Honneur. Auteur du livre ‘’L’espoir meurt en dernier’’ en 2013.
Guérin, commandant, chef de corps du 8e Tabor, relevé par deux compagnies du 3e R.E.I. le 07.09.1950 à Dong Khé, au Tonkin.
Hernandez Sanchez, né le 17.06.1924 à Villarba Del Diallina en Espagne ; légionnaire de 2e classe à la 5e compagnie du II/3e R.E.I. ; tué au combat le 17.09.1950 à Dong Khé au Tonkin.
Héry Norbert, engagé volontaire à 18 ans, saint-cyrien de la promotion Nouveau Bahut 1945-1947. Sous-lieutenant de Légion en 1948, il embarque pour l’Indochine en décembre. Après un an passé au Cambodge et dans le Delta, il rejoint la 6e compagnie du 3e Étranger sur la frontière chinoise, en février 1950. Le 7 septembre, sa compagnie arrive au poste de Dong-Khé. Le 16 au matin, les 250 hommes de la garnison sont attaqués par 10 000 Viêts ; il doit prendre le commandement de la 6e compagnie devant l’insuffisance du titulaire terré dans un abri ; blessé, il est emmené en captivité, au Camp n° 1 ; pour le rescapé Norbert Héry, ce sera ensuite la guerre d’Algérie à la tête d’une compagnie portée du 2e Étranger. Mais « l’Armée le quitte » en 1962 et il se reconvertit, pour 20 années, dans l’industrie.
Jaugeon, capitaine ; il sert dans le 46e R.I. quand il est désigné, contre son gré, pour l’Extrême-Orient et affecté d’office à la Légion Etrangère pour combler les vides dus aux pertes au combat de plus en plus importantes ; commandant la 6e compagnie du II/3e R.E.I. en garnison dans la place forte de Dong Khé lors de l’assaut du Viêt-Minh en septembre 1950 ; invisible, introuvable pendant les attaques viêts ; avec huit légionnaires et le capitaine Allioux, chef de la garnison, il quitte la citadelle le 18 avant le lever du jour et peut gagner That-Khé, cinq jours plus tard.
Lefebvre Jacques Alexandre Didier, né le 06.12.1924 à Paris dans la Seine ; sergent légionnaire à la 5e compagnie du II/3e R.E.I. ; tué au combat le 18.09.1950 à Dong Khé au Tonkin.
Lê Quang-Ba, général Viêt-Minh, responsable pour le Haut-Tonkin, en 1950. Lors de la bataille de la R.C.4 en septembre-octobre 1950, pour les forces du Sud-ouest, il dispose des régiments 174 et 88, détachés de la division 308, ainsi que des régiments de régionaux ‘’Chu Luc’’.
Loup Jean David Frédéric, né le 23.07.1922 à Saint-Côme et Marvejols dans le Gard ; médecin lieutenant légionnaire au II/3e R.E.I. ; sérieusement blessé le 16.09.1950 et fait prisonnier le 18.09.1950 à Dong Khé ; médecin capitaine mort en captivité le 30.07.1951 au camp n°1 à Thrung-Khanh-Phu, près de Lung Phai au Tonkin.
Menendez, jeune légionnaire espagnol au II/3e R.E.I., transfuge de la bandera dont le dos est entièrement recouvert d’un superbe tatouage en couleurs représentant la Vierge Marie ; deuxième tireur de la mitrailleuse de la section du lieutenant Bernard Grué à Dong Khé au Tonkin en septembre 1950 ; tué le 16.09.1950.
Monnet, lieutenant légionnaire au 3e R.E.I. ; officier de renseignement à Dong Khé au Tonkin en septembre 1950. Blessé, fait prisonnier par les Viêts le 18.09.1950 ; détenu pendant quatre ans dans le camp n° 1.
Muller Heinz, né le 06.06.1928 à Dresden en Allemagne ; légionnaire de 2e classe à la 6e compagnie du II/3e R.E.I. ; tué au combat le 17.09.1950 à Dong Khé au Tonkin.
Nagy, jeune légionnaire hongrois au II/3e R.E.I., ordonnance du lieutenant Bernard Grué à Dong Khé au Tonkin en septembre 1950 ; tué le 16.09.1950, atteint en pleine poitrine par une rafale d’arme automatique tirée du piton nord.
Oelschlagel, adjudant-chef à la 6e compagnie du 3e R.E.I. ; il mène une brillante contre-attaque le 17.09.1950 pour déloger les Viêts de la partie nord de la citadelle de Dong-Khé.
Renard Lucien Jules, né le 17.04.1930 à Bry-sur-Marne dans la Seine ; légionnaire de 2e classe au 3e R.E.I ; tué au combat le 17.09.1950 à Dong Khé au Tonkin.
Revers Georges Marie Joseph, né le 30.07.1891 à Saint-Malo ; artilleur, officier de réserve passé dans l’active en 1918 ; colonel en 1939 ; général de brigade en 1941 ; passé à l'O.R.A. (Organisation de résistance de l'armée) dès sa création, il succède à sa tête en octobre 1943 au général Verneau déporté à Buchenwald, lui-même successeur du général Frère également déporté à Struthof, et la commande jusqu'à la Libération ; général d’armée en 1946 ; chef d’état-major de l’armée de terre, en inspection en Indochine en mai 1949 ; il rend son rapport le 29 juin ; ses conclusions sont formelles : ‘’La victoire en Indochine est impossible avec l’irruption de la Chine communiste’’ ; il faut donner la priorité à la défense du Tonkin, en renonçant aux postes isolés. Impliqué dans l’affaire des généraux au sujet du trafic des piastres qu’il dénonce, il est mis à la retraite en juin 1950 avant d’être réhabilité par le Conseil d’Etat en 1962. Mort le 27.03.1974 à Saint-Mandé.
Schutt, caporal-chef à la 5e compagnie du 3e R.E.I. ; légèrement blessé le 16.09.1950 à Dong-Khé au Tonkin ; fait prisonnier, il parvient, vingt heures plus tard, à s’évader. Après dix jours de pérégrinations, dans un terrain qu’il connaît bien d’un premier séjour en Indochine, il rallie That-Khé avec deux fusils.
Segrétain Pierre, né le 07.11.1909 ; reçu à Saint-Cyr en 1930 ; officier de la Légion Etrangère à Colomb-Béchar en 1936 ; officier dans la section hors-rang du 3e bataillon du 6e R.E.I. en Syrie en 1939-1941 ; en juin 1941, il ne se rallie pas à la France libre ; il prend part avec le 1er R.E.I.M. aux combats de la Dorsale tunisienne ; à la formation du R.M.L.E., il est officier des transmissions ; Chevalier de la Légion d’Honneur, Croix de Guerre 1939-1945 avec 2 citations ; Instructeur à Coëtquidan ; breveté parachutiste avec le 1er R.C.P. ; capitaine légionnaire parachutiste, il possède chaleur humaine et rayonnement ; nommé à la tête du 1er B.E.P. à sa création le 01.07.1948 ; il arrive en Indochine, en novembre 1948 ; commandant, chef de corps du 1er B.E.P. ; il saute avec son bataillon à That Khé les 17 & 18.09.1950 : disparu dans les combats de la R.C.4 en octobre 1950. Grièvement blessé au combat dans la nuit du 07. au 08.10.1950 à Dong Khé -That Khé au Tonkin, il décède dans l’hôpital Viêt de Dong-Khé. Enterré avec les honneurs militaires.
Tensorer, lieutenant, chef de section du 3e R.E.I. à Dong Khé en septembre 1950 ; lieutenant le plus ancien ; dès 1940, il passe en Angleterre pour rejoindre les cadets de la France libre. Il sert dans un régiment blindé quand il est désigné, contre son gré, pour l’Extrême-Orient et affecté d’office à la Légion Etrangère pour combler les vides dus aux pertes au combat de plus en plus importantes.
Vollaire, capitaine, commandant la 5e compagnie du II/3e R.E.I. en garnison dans la place forte de Dong Khé lors de l’assaut du Vietminh en septembre 1950 ; malgré une défense héroïque, la place tombe le 18. Blessé. Fait prisonnier.
Vuong-Thua-Vu, général Viêt-Minh, commandant de la division 308 en 1950. Lors de la bataille de la R.C.4 en septembre-octobre 1950, il dispose des régiments 36 et 102 et du régiment 88, détaché auprès du général Lê Quang Ba.