La bataille des monts de Champagne en 1917, secteur de Cuperly et Auberive.
La terrible journée du 17 avril 1917 (Extraits du JMO).
Faits marquants :
- Le lieutenant-colonel DURIEZ, chef de Corps du RMLE, est blessé grièvement en suivant les vagues d’assaut. Il décédera le lendemain à l’ambulance 9/9 à Bouy (Marne).
« …Tout sanglant, il a encore la force d’adresser ses recommandations à son capitaine adjoint et de le prier de faire appeler le commandant DEVILLE pour le remplacer… ».
- Pertes du RMLE ce jour (en à peine 4 heures) : - 6 officiers tués et 7 blessés.
- 82 hommes tués et 257 blessés.
- 60 disparus.
PREAMBULE :
Le RMLE a été durement éprouvé au mois de juillet 1916, perdant près de la moitié de son effectif. Repositionné en base arrière, le RMLE est reconstitué en personnels et matériels. Des renforts venus d’Algérie et du Maroc. Ces légionnaires étaient habitués aux combats dans les grands espaces sableux. Rien à voir avec les combats dans les tranchées.
Jusqu’à la fin de l’année 1916 et au début 1917, toutes les journées sont occupées par l’instruction au combat et aux tirs, avant de revenir vers le front, dans le secteur de Cuperly. Le RMLE s’installe au camp Berthelot à l’est de Mourmelon-le-Grand. Puis progressivement se rapproche du Front.
Du 3 au 7 avril, le RMLE se consacre à l’instruction, aux tirs et aux travaux d’aménagement du camp, et déjà les premières pertes : 2 légionnaires tués, TRISSER Lupo et GEFFRAY Georges de la 6ème compagnie, et 8 blessés.
Du 7 au 13 avril, poursuite de l’instruction et des travaux qui s’effectuent sous les bombardements ennemis. Nouvelles pertes : 5 légionnaires tués, CASTEL Joseph, WETLI Gaston, MOHAMED OULD EL ARBI, SANDONA Mario et BAROUSCH de la 1ère compagnie et 9 blessés.
ORDRE D’ENGAGEMENT DE LA DIVISION MAROCAINE (dont fait partie le RMLE).
La 4éme Armée doit attaquer les positions allemandes en combinant son action avec la 5éme Armée, de façon à réaliser l’encerclement à longue distance du massif de Nogent l’Abbesse (Marne). Une attaque frontale principale vise la rupture du Front par la conquête du massif de Moronvillers. La Division Marocaine, aux ordres du général commandant le 17éme Corps d’Armée, chargée de l’attaque frontale, attaquera entre Suippes et le Mont sans nom, avec pour direction générale Saint-Hilaire. Le RMLE sera en première ligne.
ZONE D’ACTION DU RMLE : Bois en T-Bois sans nom-Saillant NE du bois noir-Tranchée du Bosphore et sortie N de Vaudesincourt - Répartition :
- 1er bataillon (De SAMPIGNY) en 1ére ligne -
- 3éme bataillon(DEVILLE) en 2éme ligne -
- 2éme bataillon (WADDELL) en réserve de Division au bois Pontat.
L’ATTAQUE :
Le 17 avril, le RMLE est prêt pour l’attaque qui a lieu à 04h 45, par les 2 bataillons. Il fait encore très sombre, il pleut, les premières vagues se portent en avant. La 1ère compagnie franchit sans difficultés les premières lignes ennemies, dépasse la tranchée du Croissant, mais elle est obligée de se défendre de tous les côtés et perd sa liaison avec la 2éme compagnie, qui est accueillie par un feu continu de mitrailleuses qui décime ses vagues. Elle pénètre cependant dans la tranchée des Austro-Hongrois, puis dans celle de l’Arménie et atteint le Bois des bouleaux. La 3éme compagnie qui entame sa progression est surprise par un tir de barrage qui détruit le canon de 37 m/m.
La progression des 2 bataillons est pénible et lente sur ce terrain bouleversé, hérissé de barbelés, creusé de tranchées et de boyaux que l’obscurité empêche de distinguer.
Les compagnies du bataillon DEVILLE suivent de près les vagues d’assaut du bataillon De SAMPIGNY. Elles éprouvent de grandes pertes causées par les tirs de mitrailleuses et ceux de barrage. Toutefois elles atteignent les tranchées allemandes par la partie ouest du Bois sans nom.
Le nettoyage des tranchées se fait lentement tant la résistance ennemie est acharnée.
Les bataillons du RMLE se regroupent et occupent les positions conquises. Malgré les pertes, les grenadiers s’emparent peu à peu des tranchées allemandes, comprises entre le Bois sans nom et le Bois des bouleaux (celles des austro-hongrois et de l’Arménie), et poussent jusqu’à la tranchée du Croissant.
- 7 h 15 : le lieutenant-colonel DURIEUX tombe grièvement blessé.
Dès qu’il arrive au PC du RMLE, le commandant DEVILLE, remplaçant le Chef de Corps, ordonne aux Unités de se regrouper et fait reconstituer les réserves de munitions. Les nombreux morts et blessés sont évacués. Le capitaine De LANNURIEN prend le commandement du 3éme bataillon.
Pendant cette première journée, parmi les sapeurs qui transportent les grenades, beaucoup sont tués ou blessés. La pluie et la boue augmentent les difficultés.
Pendant ce temps, le bataillon WADDELL, en réserve de la Division, se porte en avant et va occuper la tranchée du Landsturm et le boyau de Constantinople.
En 3 ou 4 heures, en début de matinée du 17 avril 1917, le RMLE aura encore payé un lourd tribut.
Officiers tués :
- Lieutenants BOYER, GALLOCHIN, MARION et MORACHINI
- Sous-lieutenants BITAUD et BUCHY
Officiers blessés :
- Capitaine LEIXELARD, lieutenant VOELKEL (Officier de la LH le 31 mai)
- Sous-lieutenants BARTHELEMY, CHAPELLE, MARTINEZ et PAUL
- Médecin-Chef AZAM
Parmi les sous-officiers et légionnaires tués :
- Adjudant/Chef CASTANET, Adjudant SCHMITTER
- Sergent CAZAS, CAZENEUVE, DURANDEAU et WELTSCHI
- 10 caporaux et 66 légionnaires
-Parmi les sous-officiers et légionnaires blessés :
- Adjudant MAULINI (MM le 14 juillet)
- Les sergents BENTZ, CHICHET, GEX, LUCIANI, PAPIN et SENEY
- 250 sergents et légionnaires
Les 3 jours suivants le RMLE perdra :
- 2 officiers tués (capitaine PETEAU et sous-lieutenant LANERES) et 1 blessé
- 70 sous-officiers et légionnaires tués, et 224 blessés (dont l’adjudant/chef ROI, et les adjudants BREYSSE et ESTEVE)
- 10 légionnaires disparus.
A L’HONNEUR :
« Le lieutenant PETER, dont le rôle a été glorieux pendant ces journées, a continué à électriser ses hommes pendant la nouvelle progression des 20 et 21 avril, se dépensant avec une énergie inhumaine ». Chevalier de la Légion d’Honneur le 31 mai.
« Le sergent SEILER, marchand toujours en avant avec un mordant tenace, ne s’arrêtant que lorsque les circonstances ne lui permettaient pas d’avancer. Chassé du Grand Boyau par une contre-attaque, il y est revenu à deux reprises, réussissant à reprendre ce qu’il avait été contraint d’abandonner ».
« Le caporal KINNEN, qui est entré le premier avec son groupe dans le fortin au SO de Vaudesincourt, chassant devant lui les allemands terrorisés. Blessé grièvement lors d’une contre-attaque, il s’est défendu comme un lion, acculé dans une impasse par les allemands, les abattant avec un révolver ». Cité à l’ordre de la 4éme Armée le 16 mai.
« Le légionnaire WEIBER Christophe, qui blessé à la tête dans le Grand Boyau, a refusé de partir malgré les ordres de son chef. Couché avec son fusil-mitrailleur dans le boyau, il a arrêté l’avance de l’ennemi jusqu’à la mort ». Cité à l’Ordre de la 4éme Armée le 16 mai.
JMO page 71 :
« Il n’existe pas sur terre de soldats qui auraient brisé les obstacles devant lesquels ils se sont arrêtés. Ils ont donné une fois de plus la preuve que la Légion était fidèle à sa devise :
« LEGIO PRIMA INTER PARES »
Le Major (er) MIDY- FSALE -
En charge de la mémoire