1918: "Pendant ce temps là..."

Extraits du JMO du 1er BFC du 1er Etranger, devenu 1er bataillon du 4ème Etranger

Tandis que le RMLE combat en France en se couvrant de gloire, notamment lors du coup de main du 8 janvier 1918, d’autres légionnaires combattent au Maroc, avec des effectifs réduits. En effet, des éléments du 1er Etranger et du 2ème Etranger sont régulièrement mutés au RMLE, pour compenser les lourdes pertes. Aussi, en Afrique du Nord, pour assurer les missions, sont constitués des BFC, Bataillon Formant Corps, autonomes, avec des éléments de ces deux Régiments Etrangers. Une de leurs missions, au sein d’un Groupement Mobile interarmes, est la protection des convois.

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Le bataillon prend part le 23 janvier 1918 (8 officiers et 424 hommes) à un nouveau convoi de ravitaillement vers Khénifra. A l’aller, il se déroule sans incidents. Au retour, de Khénifra à Sidi-Amar, les légionnaires sont en flanc-garde à gauche du convoi mobile.

A peine dépassé le Djebel-Bou-Araar, le convoi est furieusement attaqué par un grand nombre de Marocains, qui cherchent à s’infiltrer entre l’avant-garde et le convoi. Le feu de deux mitrailleuses ne suffit pas à arrêter l’ennemi, qui par petits groupes utilisait à merveille tous les mouvements de terrain, et réussit à s’approcher des légionnaires.

Une première charge à la baïonnette rejette l’adversaire. La 2ème compagnie, sous les ordres du capitaine PIOLLET, reçoit l’ordre d’occuper un piton situé à 1 km à l’est du col Cazenave, pour tenir en échec l’ennemi, jusqu’à l’écoulement complet du convoi. Les Marocains, devinant la manœuvre, attaquent de tous les côtés cette unité. Ce n’est qu’après 3 charges successives à la baïonnette, que la 2ème compagnie peut atteindre l’objectif qui lui était assigné.

Après le passage complet du convoi, le bataillon reprend sa marche. La 2ème compagnie, en se repliant par échelons, rejoint le bataillon, et doit même exécuter des mouvements contre-offensifs pour contenir un adversaire toujours très mordant. La section de l’adjudant DEMANGEOT se jette avec un magnifique élan sur l’ennemi et le repousse complètement. Cette dernière manœuvre marque la fin de l’engagement, et contribue à faire fuir l’ennemi.

Le bataillon de la Légion a montré ce jour de magnifiques qualités guerrières. La tenue des légionnaires a été au-dessus de tout éloge, et la conduite de la 2ème compagnie fut admirable.

Fin mai, le colonel THEVENEY, commandant le territoire de Tadla-Zaïan, accrochait la Croix de Guerre avec palme au fanion de la 2ème compagnie.

La 2ème compagnie du 1er bataillon :

« Chargée le 28-01-1918 de couvrir le passage du convoi de Khénifra, a pleinement rempli sa mission. Toutes ses cartouches brûlées, assaillie sur trois cotés à la fois, par une masse ennemie fanatisée, a exécuté sous la vigoureuse impulsion du capitaine PIOLLET, quatre charges à la baïonnette. A réussi à se dégager, infligeant des pertes sévères à l’adversaire, ne laissant entre ses mains, ni morts, ni blessés, ni armes. »

                  ORDRE DE L’ARMEE AVEC ATTRIBUTION DE LA MEDAILLE MILITAIRE

                                                     A TITRE POSTHUME

Légionnaire RUHLMANN, 1er Bataillon :

« Tombé glorieusement face à l’ennemi d’une balle en plein cœur le 28-01-1918 au Djebel-Bou-Araar au cours d’un furieux combat où il s’était comporté en vrai légionnaire. »

Légionnaire STEINBACH, 1er bataillon :

« Légionnaire modèle de calme et de sang-froid, tombé glorieusement en brave légionnaire le 28-01-1918 au Djebel-Bou-Araar au cours d’une furieuse charge à la baïonnette. »

Légionnaire SANTON, 1er bataillon :

« Au cours du combat Du Djebel-Bou-Araar le 28-01-1918, s’est fait remarquer par son audace et son courage en s’élançant à la tête de la Légion étrangère contre un ennemi mordant et nombreux. Est tombé héroïquement à la troisième charge. »

Légionnaire BERTESI, du 1er bataillon :

« Légionnaire volontaire au service de la France, s’est toujours distingué par son courage et son ardeur. Le 28-01-1918, au combat du Djebel-Bou-Araar, a été mortellement atteint au moment où il chargeait pour la 3éme fois à la baïonnette. »

ORDRE GENERAL N° 84 A L’ORDRE DE L’ARMEE

Lieutenant BILLIET, 1er bataillon :

« Officier mitrailleur d’une rare bravoure. Au combat du Djebel –Bou-Araar le 28-01-1918 a infligé à l’ennemi des pertes sanglantes et soutenu le décrochage de sa compagnie sous un feu intense, et ne s’est replié que sur ordre, l’opération terminée, après avoir brûlé ses dernières cartouches. A été deux fois blessé au Front en France, s’est évadé de captivité à la deuxième tentative. »

Sergent GUEHRIA, 1er bataillon :

« Donne sans cesse des preuves de sa bravoure au feu. Le 28-01-1918, à la tête de sa section, a chargé quatre fois à la baïonnette un ennemi nombreux, au cours d’un sanglant corps-à-corps, et a abattu plusieurs ennemi à l’arme blanche. »

Légionnaire BERTESI, du 1er bataillon :

« Légionnaire volontaire au service de la France, s’est toujours distingué par son courage et son ardeur. Le 28-01-1918, au combat du Djebel-Bou-Araar, a été mortellement atteint au moment où il chargeait pour la 3éme fois à la baïonnette. »

 

ORDRE GENERAL N° 68 DE LA SUBDIVISION DE MEKNES

Sergent KEMP, du 1er bataillon :

« Au combat du 28-01-1918, au Djebel-Bou-Araar, a été pour son chef de section un auxiliaire précieux. A chargé quatre fois à la baïonnette, réussissant à retirer un camarade des mains de l’ennemi. »

Sergent-Major GOUMAIN, du 1er bataillon :

« S’est particulièrement distingué le 28-01-1918, au combat du Djebel-Bou-Araar, par sa belle attitude au feu, son sang-froid, protégeant avec sa section, par ses judicieuses dispositions, le repli de sa compagnie. Vieux légionnaire digne de son Arme. »

Adjudant GIMENO, du 1er bataillon :

« Au combat du 28-01-1918, a entrainé sa section quatre fois à la baïonnette, infligeant pendant le corps-à-corps de fortes pertes à l’ennemi, et donnant à tous l’exemple du sang-froid et du mépris du danger. »

Caporal FROSCHL, du 1er bataillon :

« Au combat du 28-01-1918, a entrainé bravement ses légionnaires dans quatre charges furieuse à la baïonnette, et a secondé parfaitement son chef de section, par son sang-froid et son allant. »

Caporal MURATTI, du 1er bataillon :

« Au combat du 28-01-1918 au Djebel-Bou-Araar, luttant au corps-à-corps et entouré par un groupe d’adversaires acharnés, a héroïquement tenu tête jusqu’à ce qu’il soit dégagé par ses camarades de la Légion. »

Légionnaire BOERC, du 1er bataillon :

« Brave légionnaire, s’est fait remarquer par son courage et son ardeur au combat du 28-01-1918 au Djebel-Bou-Araar. Blessé grièvement pendant une charge à l’arme blanche. »

Légionnaire PASCUAL, du 1er bataillon :

« Vieux et excellent légionnaire. A rempli avec un courage remarquable ses fonctions d’observateur auprès du chef de section au combat du 28-01-1918. Est tombé grièvement blessé pendant la 2éme charge à la baïonnette. »

                                                         

  Major (er) Hubert Midy en charge de la mémoire/FSALE