« Nous savons tous combien notre camarade et ami CM est attaché aux actions de solidarité et d’entraide. Directeur de « Puyloubier » pendant quatre ans et d’ « Auriol » quatorze années durant après une année au « SMOLE », il sait mieux que nous tous ce que cela veut dire. Il nous parle aujourd’hui d’une sorte d’abandon de nos valeurs par les chefs de tout bord. Politiques qui décident aujourd’hui ce que demain d’autres politiques aboliront, chefs militaires qui n’ont plus les moyens de résister, pour diverses raisons, bref, un monde ancien qui se délite sous nos yeux effarés. CM n’est pas spécialement conservateur ni passéiste, je ne l’ai jamais entendu prononcer ce lieu commun si répandu : « ah… de mon temps… ». Non. Moderniste, toujours tourné vers l’avenir, épris de toutes les nouvelles technologies, curieux comme un jeune homme, « son temps » est le vôtre et le mien, c’est le temps qui court. Néanmoins, il ne peut rester sans louer certains bienfaits du passé, quand les chefs militaires pouvaient prendre certaines décisions seuls, sans besoin de blanc-seing d’élus aux déterminations changeantes et avec le vent et avec les élections. C’est pourquoi je pense qu’il a raison de mettre en exergue ces deux œuvres majeures de la solidarité légionnaire, créées à l’ancienne mais toujours d’actualité : l’Institution des Invalides de Puyloubier et la Maison du Légionnaire à Auriol. Ce sont des réalités tangibles qui nous invitent à suivre son amicale prescription, pour nos justes causes : restons solidaires et unis. »
AM
Réflexions:
« J’ai en mémoire quelques courriels bien trempés (dans l’acide, le vinaigre, la colère…) qui émettent une opinion sur un événement et qui me prennent à témoin en souhaitant me rendre solidaire d’une action, ou bien me demandent de signer une pétition, de prendre parti pour une noble cause, contre un horrible scandale, une insulte inadmissible et j’en passe et pas toujours des meilleures…
J’ai, bien entendu, une opinion sur ces événements qui transforment notre société (mariage pour tous, vote des étrangers, loi du 19 mars, etc...).
Mais ce que je souhaite exprimer par mon propos d’auteur responsable, c’est que je serais plutôt à l’image de l’ancien légionnaire en général, détaché de certaines contraintes, en mesure de prendre le recul nécessaire à une certaine réflexion offerte par le temps libre d’une retraite considèrée bien méritée.
En avant propos, je me souviens, quelques jours, avant mon engagement légionnaire, lorsque j’eus fini de lire, la matinée s’achevait sans que je m’en suis aperçu. Pour la première fois, j’avais enfin trouvé la route où s’était perdu mon chemin, désormais, je pouvais situer mon errance et me repérer dans le monde. J’ignorais quelle boussole me guideait, mais je prenait la route de la citadelle de Lille pour un engagement de 5 ans au titre de la Légion étrangère. C’était, pour moi, une forme de rupture avec une société civile trop décevante. Aussi, j’avais décidé que les réactions spontanées, les défenses des belles causes ne me concernaient plus. Tel était mon sentiment pendant la durée de mon service actif, du fait même que j’étais conscient de renoncer à toutes actions politiques, religieuses ou autres, pouvant mettre en péril la neutralité exigée de tout militaire dans et en dehors de ses fonctions. En revanche, cela ne m’obligeait pas à me départir de mon sens critique, ne m’interdisait pas de penser et d’être suffisamment lucide pour me sentir entouré de beaucoup trop de haines. J’ai ainsi appris à mes dépends que tout le monde est loin d’être gentil. La malveillance, même au sein de notre communauté légionnaire fait partie du mode de vie de bon nombre de citoyens qui, bien entendu honnêtes, sont aussi dotés d’une formidable puissance de nuisance et l’actualité de nos sociétés, civile et militaire, démontre - si besoin était- la justesse de ces propos.
Sans vouloir donner de leçon, ce qui ne saurait être de mise; il est, à mon avis, grand temps de prendre conscience que nous subirons dans un temps très proche, suite à ce « dé confinement » une forte accentuation des effets d’une mondialisation galopante, et que nos petits soucis nationaux seront confrontés aux difficultés d’un monde en évolution accélérée, auquel nous ne saurions échapper. A la Légion nous avions, avant tout le monde, compris qu’il ne nous fallait compter que sur nous-mêmes. Au lendemain des deux guerres mondiales, des solutions furent imaginées puis concrétisées par les réalisations des hébergements pour anciens légionnaires à Auriol et Puyloubier. Par précaution, la Légion n’a pas souhaité mettre tous ses « œufs » dans le même panier, en donnant à la Maison du légionnaire d’Auriol un statut d’indépendance à l’abri de la loi sur les associations : « loi 1901 ». Nous avons fait le choix, pour ces deux maisons, d’imposer un but commun inscrit dans leurs statuts : « apporter un soutien moral aux anciens légionnaires en difficulté » en les plaçant dans un environnement de confiance à l’abri d’une société où la parole n’a plus de sens, plus de valeur, puisqu’elle est donnée ou reprise au gré des lubies d’hommes politiques changeants, faisant de ce qui est vrai aujourd’hui, un vilain mensonge de demain.…
Même ensemble, nous ne serons jamais assez forts pour faire face aux changements qui se préparent, après cette pandémie, pour les domaines politique, religieux, financier… aussi bien au plan national qu’international. Nous avons parfaitement compris, doux euphémisme de bienséance, que des changements importants sont clairement amorcés, visibles par tous, qui nous conduisent inéluctablement vers des destins pressentis, devinés, connus, avenir effrayant pour une société en pleine transformation.
L’Armée n’est indiscutablement plus ce qu’elle était ? C’est un fait qui ne souffre d’aucune discussion. Les temps changent, elle doit, probablement, rester en phase avec son temps, mais elle a tellement subi de changements, de réformes et de délocalisations que ce ne sont plus les guerres auxquelles elle a été récemment confrontée, qui marquent encore la grandeur et la servitude des militaires, quoi que ?
Tout ceci démontre bien la prescience légionnaire, que j’évoquais plus haut, avec cette intelligence et ce sens de l’opportunité de se doter de structures d’accueil pour nos anciens en difficulté. Nous n’échapperons pas à l’ogre mondialiste qui avance en avalant tout sur son passage, mais ce sera, pour nous, à notre cadence, à la cadence Légion, à quatre-vingt-huit pas à la minute et pas un de plus, mais encore faut-il en avoir la volonté et je sais que nous l’avons !
Un jeune retraité me disait récemment: « la Légion m’a fait homme libre, il est temps que j’en profite. Certes, je suis enchaîné d’honneur et de fidélité, mais je serais trahi si cette fidélité ne s’applique que dans un sens… si tel était le cas, le contrat moral serait alors rompu… »
Restons unis, solidaires, et ne jugeons pas trop vite les décisions de nos Chefs; c’est aussi ainsi que se retrouve l’esprit légionnaire qui n’existe qu’à la condition d’une confiance et d’un estime accordés à nos représentants qui doivent pouvoir s’honorer de notre fidélité !
CM
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