Censure et procès d’intention

Le terrorisme de la censure s’installe. Suivant la tendance totalitariste générale  que l’on observe dans notre pays,  qui bride la liberté d’expression, pose des bâillons ou des muselières, cadenasse les claviers d’ordinateur, empêche le débat parlé ou écrit, Facebook n’échappe  pas au phénomène. Les juges de la pensée conforme sont en place, le tribunal   est constitué. Les procès en sorcellerie et en blasphème peuvent débuter.

Par clientélisme politique on a donné libre cours aux imaginations les plus farfelues en vue de la création d’associations dont la capacité de nuisance est inversement proportionnelle au nombre de leurs adhérents. On fait flèche de tout bois et marchandise de toute substance. De « Ne touche pas à mon pote » au « C.R.A.N. » (Imaginez un C.R.A.B.= Conseil représentatif des Associons Blanches et le scandale qui suivrait) tout est bon pour faire haro sur le baudet. L’animal incriminé étant celui qui n’a pas eu l’heur de plaire à ces nouveaux censeurs de la pensée. C’est le fascisme, la terreur des régimes dictatoriaux qui cloue   le bec à tous ceux qui ne sont pas du même avis que ces bons penseurs qui habitent le camp du Bien.

Ces gens ont trouvé le moyen d’exister aux frais du contribuable - en grande partie - de se hisser du col et d’occuper même des places de relief malgré toutes les casseroles qu’ils trainent, et qui ne cessent de faire du bruit dans Landernau ! C’est pour eux une question de survie et d’ascenseur politico-social (parfois on en a fait des dirigeants de partis politiques, que dis-je, des ministres !) on peut comprendre leurs postures de justicier propres à les enrichir au propre et au figuré.

Mais si nous pouvons  comprendre ceux-là, on saisit moins la démarche de certaines personnes sur Internet et en particulier sur Facebook.   Chacun a vocation et  peut être amené à s’y exprimer sur   tel sujet ou tel autre, sans déclencher par-là les foudres de ceux qui ne sont pas d’accord avec le propos, dès lors qu’il n’y a pas d’atteinte à la personne, pas de diffamation ou autres propos scabreux de nature à salir l’honneur de celui-ci ou de celle-là. On doit pouvoir dialoguer, donner son avis, essayer de gagner son contradicteur à sa cause, sans contraintes, sans menaces -  parfois physiques bien que proférées avec une fausse subtilité -  sans ragots, rumeurs et autres malveillances, propres non à nourrir le débat mais à le pourrir. Serions-nous dans un monde où tous prônent la tolérance mais estiment qu’elle ne doit être appliquée que par les autres à son propre égard. Trop facile que tout cela.

On doit pouvoir exposer ses points de vue, transmettre des informations glanées ailleurs, accepter la contradiction, argumenter, sans devoir se soumettre à des « maîtres à penser » !

Les échanges peuvent être fermes, empreints de virilité, d’affirmation de soi,  mais doivent rester courtois entre gens de bonne compagnie. Une affaire récente, mal comprise,  a été assumée après une explication. Cette explication aurait dû être demandée avant…  Voilà un incident terminé et, comme à la Légion, on passe l’éponge, on oublie et on passe à autre chose.

Mais voilà qu’une nouvelle affaire voit le jour. Je ne suis que le témoin effaré d’un échange entre deux utilisateurs de Facebook. Le premier des deux met en ligne une vidéo d’une chaîne de télévision étrangère  présentant un reportage fait dans l’est de l’Espagne, duquel il ressort qu’un changement de population est en train de s’opérer. C’est un constat, une transmission d’information  sans prise de parti. A l’étranger, j’avais déjà vu ce reportage à la télévision. Je ne sais pas s’il a été diffusé en France.

Son antagoniste, sans raison apparente, puisqu’aucune prise de position n’était affichée, lui a expédié une volée de bois vert, arguant de philosophies échappant au champ laïc, avec une menace à peine déguisée ! Quand on sait que ce sont deux cadres militaires d’un niveau élevé, cela interpelle et choque.

Dans ma jeunesse légionnaire ce qui suit ne s’écrivait pas mais s’apprenait naturellement : …« chaque légionnaire est ton frère d’armes quelles que soient sa nationalité, sa race, sa religion…   unis comme les membres d’une même famille », puis « …la discipline et la camaraderie sont ta force… » et encore « …ton comportement toujours digne… ». C’est le code d’honneur du légionnaire.  

Je croyais ces préceptes toujours d’actualité entre membres de la grande famille légionnaire dont les membres se respectent qu’ils soient jaunes, blancs, marrons, rouges, noirs… (en attendant les verts de la planète Mars) à quelque confession qu’ils appartiennent ou non, puisque toutes ces choses restaient de l’ordre de l’intime et n’avaient pas de place dans les popotes. Nous ne sommes pas d’ici ou de là, ni ceci ni cela ; nous sommes légionnaires simplement.

Je laisse en suspens la seule question qui vaille à mes yeux : comment puis-je maltraiter un compagnon d’armes qu’hier ou demain sauvera ma vie ou aura la sienne sauvée par moi ?

AD UNUM

 

AM