Le défilé du 14 juillet 2020 annulé
Avec des contraintes sanitaires encore imprévisibles en raison de la crise du coronavirus, le président de la République a pris la décision d'annuler le célèbre défilé du 14 juillet cette année 2020.
En revanche, l'exécutif souhaiterait faire de cette date du 14 juillet une célébration symbolique de la fin du confinement, l'occasion de rendre hommage au personnel soignant et aux employés des services de santé…
Présent depuis 1880, le défilé militaire du 14 juillet pouvait jusqu’à cette année, faire figure d’institution immuable. Chaque année, son existence est cependant contestée, c’est un sujet récurrent qui anime débats et polémiques. Cet évènement est pourtant, à mon avis, à défendre pour plusieures raisons.
Militaire comme civil, il met à l’honneur les forces militaires, de sécurité et de secours qui chaque jour défendent les valeurs de la République Française au prix parfois de sacrifices extrêmes. Pensons aux militaires décédés en opérations, aux blessés tant physiques que psychologiques ainsi qu’au combat quotidien des pompiers de Paris contre la misère humaine.
Derrière ce discours, se présente aussi une des plus belle illustration de l’emblématique « lien armée-nation » si cher aussi bien à nos armées qu’à nos citoyens en général. A l’instar de ce qu’appelait Lyautey « le rôle social de l’officier », le défilé permet de mettre en valeur l’Armée comme acteur du lien social. JAPD, plan égalité des chances, réinsertion professionnelle (EPIDE), possibilité de faire une carrière sans diplôme dès l’âge de 16 ans, cette journée focalise l’attention sur tous les programmes permettant de créer du lien social, d’éduquer, de former et qui restent malheureusement méconnus du grand public.
En réalisant de nombreux reportages sur des hommes et des femmes de tous recrutements et d’origines, le défilé est une formidable occasion de briser les tabous et la peur de nombreux jeunes à s’engager. Les écoles défilent toujours en tête. Symbole d’excellence et de prestige (polytechnique, Saint-Cyr…), elles restent néanmoins gratuites et il est bon de le rappeler.
Il est également une formidable vitrine de l’excellence française. Il est important de savoir que la France est l’un des tout derniers pays démocratiques du monde à effectuer un défilé de cet ampleur. En cette période d’instabilité géopolitique, c’est une occasion unique de réunir sous le même drapeau et sous les valeurs de la République Française nombre de chefs d’Etat étrangers afin de faire entendre sa voix.
Alors non le défilé n’est pas seulement militaire. Oui cela reste une fête pour la population, une source de vocation et d’espoir pour certains jeunes, une occasion chaque année de mettre la lumière sur des thèmes particuliers (territoire d’outre-mer, service civique, pupilles de la nation, opération Sentinelle…), et une occasion pour les militaires et les forces de sécurité de défendre leur profession qui reste définitivement au service des autres et de l’Etat.
Témoignage
“Jeune garçon, chaque année le 14 juillet, nous nous retrouvions mon père et moi devant le petit écran pour voir défiler notre armée française.
De ce rendez-vous annuel, j’ai gardé, caché au fond de ma mémoire l’image vivante de cette splendide avenue où la musique de la Garde républicaine de tous ses cuivres et batteries entrainait les écoles militaires, les fantassins, les chasseurs, l’infanterie et qu’une fois leurs passages effectués, un grand vide impressionnant s’installait, un silence auguste envahissait l’atmosphère. Alors se faisait entendre au loin les notes bien scandées du fameux refrain de la Légion: “le boudin”, tout le monde relevait la tête. C’était la Légion qui arrivait. Elle était là, merveilleuse de cadence, impeccable, imperturbable. En premier les sapeurs-pionniers, barbus porteurs à l’épaule d’une hache de bucheron, ils précédaient le prestigieux tambour-major qui donnait la cadence devant la musique rugissante, les tambours battaient et maniaient avec dextérité leurs baguettes et les clairons faisaient virevolter leurs instruments. La musique de la Légion, forte d’une centaine d’exécutants marchait tranquille et sereine derrière ses chefs puis venait majestueux et couvert de gloire un drapeau chamaré d’or, emblème chargé de décorations, de fourragères, il devançait Les compagnies qui défilaient dans un superbe alignement. Les légionnaires coiffés du Képi blanc avançaient à 88 pas/minute. Ils avaient fière allure ces hommes aux visages impénétrables portant les épaulettes vertes à franges rouges, serrés dans leur ceinture de flanelle bleue. Dans les tribunes personne ne bougeait, je ne perdais pas une miette , je voulais moi aussi “faire légionnaire”, alors arrivait immuablement une grande émotion quand brusquement, fusait de toutes parts une énorme acclamation, les gens criaient: “Vive la Légion”.
Plus tard, j’appris que la Légion avait laissé partout, sur tous les continents, des tombes où reposaient les siens, le soleil ne se couchait jamais sur les tombes des légionnaires... Je découvrais aussi enchanté qu’il y avait des poètes, Alan Seeger et bien d’autres dont le capitaine de Borelli qui, au Tonkin en 1855, composa un magnifique poème à la mémoire des hommes de sa compagnie. Une véritable institution qui avait son journal “Képi Blanc”, ses invalides qu’elle héberge et n’abandonne pas, ses oeuvres, ses chants, son folklore, son musée, ses peintres, ses musiciens, ses artistes. Son oeuvre est immense.
Mais avant tout cela, elle a ses héros, qui furent de tous les coups durs, toujours présents sur le champ de bataille lorsque se livrait un combat sans merci et qui sont morts pour les causes les plus nobles et les plus belles, ils ont versé leur sang.
Enfin, pour symboliser le culte du souvenir, quatre légionnaires de bronze montent la garde autour d’un globe terrestre: “la Légion à ses morts” dit l’inscription. Je ne pouvais que m’incliner devant ces merveilleux étrangers qui étaient morts pour un pays qui n’est pas le leur, mais qui représentait à leurs yeux, une terre de liberté.
Comment donc aurai-je pu ne pas être des leurs et ne pas être ce légionnaire que je suis fier d’avoir été et d’être encore aujourd’hui à travers mon amicale et la communication de la FSALE. Je suis devenu, moi aussi, de ceux qui se disent bien dressé par la désillusion et la souffrance et qui ne peuvent avoir fait de leur vie un accessoire qu’on donne pour rien”.
J’ai moi aussi, coiffé du "Képi Blanc", défilé sur les champs élysées un 14 juillet, j’y ai même rencontré mon épouse !
No comment !
CM