En 1999, alors qu’elle était encore sur la voie de professionnalisation [les derniers appelés du contingent prendront la « quille » deux ans plus tard], l’armée de Terre élabora un « code du soldat », inspiré de celui alors en vigueur au sein de la Légion étrangères.
Ce « code d’honneur du soldat français » comptait alors 11 commandements illustrant les qualités, attitudes et vertus « essentielles » dont devaient faire preuve les engagés, tant en opération que dans leur vie quotidienne.
« La mission est sacrée, tu l’exécutes jusqu’au bout et, s’il le faut, en opérations, au péril de ta vie », indique le code d’honneur du Légionnaire, conjugué à la seconde personne du singulier.
Info:
Ce point fut naturellement repris par le code d’honneur de l’armée de Terre élaboré en 1999. Le soldat « accomplit sa mission avec la volonté de gagner et de vaincre et si nécessaire au péril de sa vie », indiquait en effet le commandement venant après celui stipulant que, « au service de la France, le soldat lui est entièrement dévoué, en tout temps et en tout lieu. »
Accomplir une mission jusqu’au « péril de sa vie » si nécessaire renvoie à l’esprit de sacrifice, valeur militaire par excellence.
« Nous devons être prêts à mourir si la liberté de la Cité l’exige. On ne peut pas exclure aujourd’hui l’esprit de sacrifice dans la formation que nous dispensons. Une armée qui renoncerait à cet esprit de sacrifice deviendrait une simple police internationale. Nous ne pouvons pas passer sous silence ce qui fait la véritable spécificité et la véritable noblesse du métier militaire. Une armée qui y renoncerait ne serait plus une armée », fit ainsi valoir le général Jean-Louis Georgelin, quand il était chef d’état-major des armées [CEMA].
L’un de ses successeurs, le général Pierre de Villiers, instera aussi sur cette notion, dans ses « Pensées du terrain », qu’il publiait régulièrement avant sa démission. « Servir pour le succès des armes de la France nous expose. Tous nous avons librement accepté cette exposition au danger et l’éventualité de payer un prix élevé. Il y a de la grandeur dans le service de son pays parce qu’il y a, derrière, l’acceptation du sacrifice », avait-il estimé dans l’une d’elles.
Cet « esprit de sacrifice » avait pourtant failli disparaître lors de la refonte du statut général des militaires, amorcée en 2003. Dans une première version, il était question de mettre en avant que quatre valeurs qualifiée d’essentielles : loyalisme, neutralité, discipline et disponibilité. Finalement, il fut rétabli lors des débats parlementaires.
Ce qui fait que l’article 1 du statut général militaire actuellement en vigueur dit : « L’état militaire exige en toute circonstance esprit de sacrifice, pouvant aller jusqu’au sacrifice suprême, discipline, disponibilité, loyalisme et neutralité. Les devoirs qu’il comporte et les sujétions qu’il implique méritent le respect des citoyens et la considération de la Nation. »
Cela étant, le nouveau code d’honneur du soldat que l’armée de Terre vient de publier ne parle plus explicitement d’accomplir la mission « jusqu’au péril de sa vie », comme le stipulait l’article 2 du précédent.
En effet, si le 9e commandant de ce code revisité du soldat considère toujours que la « mission est sacrée », il est question désormais de l’accomplir « jusqu’au bout avec détermination et esprit d’initiative ». Toute la question est de savoir ce que l’on entend par « jusqu’au bout »…
Par ailleurs, la formule « au service de la France, le soldat lui est entièrement dévoué, en tout temps et en tout lieu » a été remplacée par « Soldat français, je m’engage à servir mon pays ».
L’armée de Terre explique que la « mise à jour » de son code d’honneur du soldat prend en compte trois tendances, dont « l’évolution du statut général des militaires ( rénové en 2005), le durcissement des engagements en opérations et l’amélioration des conditions de vie sociale du soldat professionnel. »
« Les formulations sont plus courtes, directes et plus facilement mémorisables. Contrairement à l’ancienne version, le code d’honneur du soldat français est exprimé à la première personne du singulier, afin que le ‘je’ solennellement prononcé engage moralement le soldat qui le proclame. Aussi, il décrit avec davantage de force et de précision les devoirs du soldat en opération, notamment au combat », ajoute encore l’armée de Terre.