25 au 28 juillet 1948: l'attaque au Tonkin du poste de Phu Tong Hoa:
· Phu Tong Hoa est un petit village situé à dix-huit kilomètres de Bac Kan dans le Nord-Tonkin, près de la fameuse R.C.4. C’est un ramassis de quelques maisons chinoises, à un carrefour de routes. Phu Tong Hoa se situe dans une cuvette au confluent de deux arroyos aux eaux claires et poissonneuses. Les habitants des lieux vivent de leur carré de rizière et se logent dans de modestes paillottes en bordure de l’arroyo Est.
· A quelques pas de là, sur un piton, un poste est installé. Il est fait, comme beaucoup d’autres de cette région, d’une enceinte de madriers. Coquetterie sans doute, il comporte quatre tours en béton, une à chaque angle. L’enceinte rectangulaire du poste, une muraille en terre, est coiffée aux quatre angles par des blockhaus numérotés de I à IV. Des barbelés, des bambous entrelacés l’enserrent, couvrant les pentes y accédant. Logements, magasins, infirmerie, mess sont de modestes constructions à l’intérieur du périmètre.
Il domine des rizières en friche dans un cirque de montagnes qui s’élève doucement vers le Deo-Giang qui culmine à douze cents mètres au nord. En dépit de sa position légèrement surélevée, le poste est dominé. Des hauteurs voisines, les Viêts ont des vues plongeantes sur l’intérieur. Ils connaissent donc parfaitement les habitudes et les effectifs des occupants.
· Le poste de Phu Thong Hoa, placé sur un modeste éperon entre Nafac et Bac Kan, sur la R.C.3, domine le petit village, à 100 kilomètres au sud-ouest de Cao-Bang ; il est tenu par trois sections de la 2e compagnie du 3e R.E.I., commandée par le capitaine Cardinal, assisté du lieutenant Charlotton et du sous-lieutenant Bévalot, arrivé une semaine auparavant avec le dernier renfort ; l’effectif total est de 104 hommes plus quatre artilleurs, détachés du 69e R.A.A., pour les deux pièces d’artillerie (un canon de 75 et un canon de 37) ; les légionnaires disposent de deux mortiers de 50 et 14 F.M. 8 sous-officiers complètent l’encadrement.
· Incontestablement le poste est malsain. Non seulement à cause de la chaleur moite de juillet tonkinois, mais surtout à cause du voisinage. Les Viêts rôdent. Leurs embuscades en ce terrain vallonné et couvert sont fréquentes et meurtrières. Les ravitaillements s’effectuent le plus souvent par parachutages.
· Depuis le 20 juillet, les patrouilles incessantes ont signalé d’importantes concentrations Viêts.
· Le poste gêne la circulation des troupes du Vietminh. Il doit disparaître.
· Si les défenses statiques avec les barbelés et les mines ne sont pas infranchissables, les légionnaires ont de quoi se défendre avec la puissance de leurs F.M. et avec l’artillerie qui paraît suffisante dans l’ambiance du moment.
· Evidemment Phu Tong Hoa vit en enfant perdu. Se rendre au P.C. du bataillon à Bac-Kan exige plusieurs heures de pistes.
· Il pleut ce dimanche 25 juillet. A la tombée de la nuit, le crachin remplace la pluie.
· A dix-neuf heures trente, le décor s’anime. Le poste est attaqué en force à la nuit tombante par les Viêts de deux bataillons pendant neuf heures. Des explosions ébranlent le poste et ses abords. Les pièces de l’artillerie ennemie de 75 sont précises et ouvrent des brèches dans le mur d’enceinte. Les sentinelles jettent l’alerte. Chacun se précipite à son poste de combat : blockhaus, emplacements de mortiers ou murailles de l’enceinte.
· Les vieux briscards ont tôt fait de le relever : aux arrivées plongeantes de mortiers se joignent celles, presque en tirs directs, d’un 75. Celui-ci est clair, a pris pour cible la soute à munitions. Fort heureusement, quelques jours plus tôt, le lieutenant Charlotton a discrètement déplacé son stock. L’ennemi s’acharne à tort. Il s’acharne aussi sur la porte d’entrée et la muraille pour en faire une brèche. Les légionnaires ripostent. Les départs de 81 et de 60 se succèdent. Les F.M. crachent sur tout ce qu’ils croient distinguer. La brume rend l’obscurité difficile à percer.
· Le feu viêt a débuté depuis une quinzaine de minutes. La 2e compagnie compte déjà des blessés. Le capitaine Cardinal est touché à son tour. Il allait d’un emplacement à un autre encourager ses hommes. Grièvement atteint, il est porté au P.C. radio.
· Le silence brusquement s’abat. Un calme trompeur s’établit. Le 75 et les portiers viêts se taisent. La 2e compagnie, du coup, stoppe ses tirs. L’ennemi renoncerait-il ?
· Ce répit ne dure pas. La tonalité rauque d’une trompe résonne dans la nuit. Une autre lui répond. Puis une autre. Cette cacophonie lugubre, dans le pur style des assaillants chinois de Tuyen-Quang en 1885, se prolonge par un tumulte de voix à l’accent nasillard. Déjà se distinguent nettement les Maulen/Maulen/ hurlés par les chefs. Les défenseurs ont compris. Le Viêt attaque.
· La marée humaine ne peut que s’entendre et se deviner. Contre ce flux tout proche, dans l’obscurité totale, les grenades défensives sont les alliées les plus sûres. Les stocks en la matière sont bons. Le lieutenant Charlotton, décidément prévoyant, a réussi à les gonfler. Bien approvisionnés par les deux magasiniers du fourrier, le sergent Guillemaud, les légionnaires ne cessent de dégoupiller et lancer. Sur les glacis, au milieu des barbelés et des bambous, les éclats, obligatoirement, font des ravages. Mais l’ennemi avance, méprisant les pertes comme toujours.
· Vers 21 heures, une sonnerie de troupe retentit : après un silence absolu, c’est l’assaut brutal en trois colonnes. Les Viêts ont pour eux le nombre. La première vague atteint la muraille. C’est le massacre des premières vagues, prévu et accepté par le commandement viêt. Mais l’important est que le massacre n’arrête pas la ruée. Les légionnaires tirent sans interruption et voient sans cesse des rangées noires sortir de la brume et de la pluie et passer par-dessus les corps amoncelés sur le glacis, marcher sur eux. Les vagues humaines montent toujours. L’ennemi cherche la faille par laquelle pénétrer. Les rebelles pénètrent dans le poste ; leur masse submerge trois des blocs ; les Viêts ne doutent plus de la victoire. Le caporal-chef Huegen prend un F.M. et se porte en renfort à la brèche dans le blockhaus sud-est. Seul, pendant un quart d’heure, il se bat. Le légionnaire Paulin, qui vole à son secours est tué. A vingt-deux heures, le caporal-chef Huegen est tué à son tour.
· Le combat corps à corps qui s’engage est indescriptible. On tire à bout portant, on se bat à la baïonnette et au couteau ; et au coupe-coupe. Les légionnaires ont en main des coupe-coupe ramassés à terre. Le premier souci, dans l’obscurité est de ne pas ouvrir le ventre d’un copain, de ne pas lui brûler la gueule. On ne combat pas contre un ennemi identifié, mais contre une pression venue de l’extérieur.
· La défense est désormais affaire individuelle. Les légionnaires savent que leur salut dépend d’eux, et d’eux seuls. Les amis, à des heures de là, en cette nuit opaque, ne peuvent être d’aucun secours, même si le radio a pu prévenir. Il faut tirer, lancer, en se repérant sur les lueurs de départ des armes de l’adversaire.
· Les combats se poursuivent à l’intérieur du poste. Les assaillants, entraînés à l’assaut sur la reproduction grandeur nature de Phu Tong poussent vers le centre, vers les bâtiments, mais dans l’obscur tumulte, leur leçon leur échappe un peu.
· Massez mille hommes derrière une porte, tous ne peuvent pas entrer ensemble. Ici, il y a plusieurs brèches ; les Viêts se sont déjà emparés de trois blocs des bâtiments centraux ; mais, en moins d’une demi-heure, ces conquêtes deviennent pour eux des pièges mortels où ils sont déchiquetés à coups de grenade.
· A 22 heures, la pluie cesse, le vent se lève, chassant les nuages. Clair de lune. Les légionnaires, qui ont déjà reconquis un premier bâtiment, attaquent sans désemparer.
· Le lieutenant Charlotton, à son tour, est mortellement blessé. Le jeune sous-lieutenant Bevalot est maintenant le commandant de la 2e compagnie.
· La défense se scinde en trois éléments. Au nord, avec le sergent Guillemaud, autour des magasins et du blockhaus 3 repris. Au sud, avec le sous-lieutenant Bevalot au blockhaus 4 et à l’infirmerie. Au centre, au bloc radio et dans la partie orientale du bâtiment principal.
· Pratiquement, les Viêts occupent la moitié ouest du poste de Phu Tong Hoa, sur une diagonale nord-est-sud-ouest. Un de leurs groupes réussit à se glisser dans le couloir entre les magasins et la muraille. Leur présence ne se perçoit qu’à leur bruit. Combien sont-ils dans ce boyau ? Impossible de répondre. Les grenades défensives, lancées de main ferme, annihilent ce danger.
· Un peu avant vingt-trois heures, le crachin s’arrête. L’obscurité était totale. L’écran nuageux se déchire. La lune se lève. Le poste s’éclaire légèrement. Les défenseurs peuvent ajuster leurs tirs. Méthodiquement, ils délogent leurs adversaires des positions perdues.
· A 23 heures, les plaintives trompes d’Asie se font de nouveau entendre dans la nuit. Les groupes de silhouettes noires qui tiennent ici et là près des brèches, se défont et les hommes s’enfuient, chacun pour soi ; sur les flancs du mamelon, c’est aussi la débandade, une dégringolade en désordre, que les légionnaires très activement mitraillent. Revirement incroyable.
· Dans la nuit du 25 au 26, un détachement du 3e R.E.I. quitte Bac-Kan pour se porter sur Phu Tong Hoa mais c’est bien ce qu’a prévu le commandement viêt. La campagne boisée accidentée est détrempée, imbibée comme une éponge. Les véhicules roulent très lentement sur la route boueuse. Les premiers stoppent brusquement devant un fossé transversal, et à l’instant même les coups de feu éclatent de tous côtés. En une minute, la forêt devient comme une cage de feu. La colonne doit faire demi-tour, d’autant plus que Bac-Kan est attaqué. Le médecin-commandant Grauwin, alors à Bac-Kan, voit rentrer la colonne ‘’avec une horde de blessés’’.
· A quatre heures du matin, le capitaine Hervé Cardinal s’éteint. ‘’Il a fait son devoir de chef en héros ; il est mort en soldat, sans une plainte, pensant jusqu’au bout à ses légionnaires’’.
· Au matin, les survivants du bloc 4, contre-attaquent et, après une heure de combat au corps à corps, dégagent le poste en réoccupant les trois blocs.
· Les légionnaires ont deux officiers, le capitaine Hervé Cardinal et le lieutenant Fernand Charlotton, vingt et un légionnaires et un canonnier, tués. Quarante-huit gradés et légionnaires sont plus ou moins grièvement atteints.
· Des armes d’origine russe ou tchécoslovaque jonchent le sol. Plus de quarante cadavres de soldats viêts gisent au sol dont celui d’un commandant, porteur du drapeau Viêtminh (au lieu de flotter sur le poste, il est exposé au Musée d’Aubagne).
· Le calme retombe aussi brutalement que la tempête s’était déclenchée. N’interviennent plus que quelques rafales sporadiques ou des explosions espacées. Manifestement les Viêts ont renoncé. A un signal mystérieux, ils se sont repliés. Surpris, les légionnaires valides reprennent contact d’un groupe à l’autre et s’efforcent de faire le point.
· La lune diffuse une bonne clarté. L’environnement est perceptible. Les bâtiments ont souffert mais sont encore debout. Le plus urgent est de réorganiser les défenses et de soigner les blessés. Des tours de garde s’organisent pour permettre de se reposer quelque peu.
· Le 26 juillet, le lieutenant Faulques, parti de Na-Fac, doit également rebrousser chemin après un rude combat au col de Deo Giang.
· Le sous-lieutenant Bevalot remet en ordre la 2e compagnie.
· L’après-midi est consacré à ensevelir les morts, sans perdre de temps à cause de la chaleur. Une section rend les honneurs. Le sous-lieutenant Bevalot, très ému, prononce des mots d’adieux. Un légionnaire récite une prière. Le clairon égrène ‘’Aux Morts’’ suivi des trois premières mesures du Boudin.
· La liaison radio – l’antenne avait été sectionnée – est rétablie. Ce contact renoué avec l’extérieur laisse escompter du secours. La chasse vient straffer les collines voisines. Cette intervention conforte le moral. Le commandant Sourlier annonce sa venue par avion mais ne peut se poser.
· La nuit arrive, lourde d’inquiétudes. Les Viêts vont-ils renouveler leurs tentatives contre une garnison ayant la moitié de son effectif hors de combat ? Ils ne s’y risqueront pas, se contentant de harcèlements lointains.
· Le 27 juillet, le commandant Sourlier parvient à se poser avec un Fiseler Storch. L’évacuation sur Bac-Kan des blessés les plus graves débute par rotations, non sans péripéties. Un avion casse du bois. Surcharge ? Piste trop courte. Heureusement, pilote et passagers en sont quittes pour une belle émotion.
· La Compagnie para est envoyée en renfort…par la route. Elle mettra trois jours pour rallier le poste. La colonne de secours est commandée par le colonel Simon, chef de corps du 3e R.E.I. Elle part de Cao Bang dès que le colonel apprend l’échec de la première. Cette seconde colonne, plus puissante, va mettre deux jours pour parcourir les cent kilomètres séparant Cao Bang de Phu Tong Hoa. Lorsque le tir des Viêts se déclenche, s’il n’y a pas d’obstacle sur la route, la consigne est de foncer à la vitesse maximale. Mais il y a parfois des obstacles, ou bien un véhicule atteint bloque le passage. La consigne est alors de descendre en vitesse pour engager le combat avant que les Viêts ne donnent l’assaut, car se défendre d’un véhicule est impossible.
· Le 28 juillet, la colonne se signale à Na-Fac, à 20 kilomètres de Phu Tong Hoa. Au fils des heures, le radio annonce sa position. Elle lance des messages pour annoncer son arrivée. Pas de réponse. Les coupures de route entravent la progression. Mais selon un renseignement de partisan, le poste a encore été attaqué ce 28 juillet dans la matinée.
· A dix-neuf heures, le convoi se silhouette dans un détour de la route descendant du col de Doe Giang. Une Jeep se détache. A son bord, aux jumelles, on reconnaît le lieutenant-colonel Simon ; à ses côtés, un jeune légionnaire, Helmut Schafer ; le colonel termine à pied le dernier raidillon.
· A son arrivée, un poste de police : les dix légionnaires du poste, en tenue traditionnelle, avec ceintures bleues et épaulettes vertes et rouges, rendent les honneurs réglementaires, comme le veut l’usage pour une visite du chef de corps. Un clairon sonne ‘’Au Caïd !’’. La tradition est respectée. Au sommet du mat flotte toujours le drapeau tricolore. Le colonel Simon salue et pénètre dans le poste. La cour est trouée de cratères, des bâtiments en partie démolis. Mais toutes les brèches sont obstruées, et sur le sol bouleversé, les débris assemblés en tas, sol aussi net que si on vient de balayer. Au milieu de la cour, rigidement alignés derrière le sous-lieutenant Bévalot, les trente-neuf autres survivants : ‘’Deuxième compagnie, présentez armes !’’ Parmi eux, le légionnaire Murati.
· Le fanion de la 2e compagnie reçoit la Croix de Guerre T.O.E. une citation à l’ordre de l’armée ; sa deuxième après celle gagnée en Tunisie en février 1943.
· Deux bataillons et une base d’artillerie ont participé à l’attaque de Phu Tong Hoa. Plus d’un millier de Bo-Doï se tenaient en embuscade pour interdire l’accès des éléments de secours. Au total, près de 5 000 combattants Viêtminh ont été engagés dans cette opération.
Jean Balazuc P.P.P.P. 26.07.2020
Sources principales.
Site Mémoire des hommes du S.G.A.
Site du Mémorial de Puyloubier.
Les parachutistes de la Légion 1948-192 du capitaine Pierre Montagnon – Pygmalion 2005.
Histoire de la Légion de 1831 à nos jours du capitaine Pierre Montagnon – Pygmalion 1999.
La Légion Etrangère. Voyage à l’intérieur d’u corps d’élite de John Robert Young et Erwan Bergot – Editions Robert Laffont 1984.
Le 3e Etranger de Philippe Cart-Tanneur et Tibor Szecsko – Editions du Fer à marquer 1988.
La Légion d’Erwan Bergot – Imprimerie Delmas 1972.
Bévalot Jacques, né le 14.09.1921 ; il intègre l’E.P.I.A. en 1946, après avoir participé à la campagne d’Allemagne au sein du 1er Bataillon de marche. A sa sortie, il embarque pour l’Indochine, sous-lieutenant légionnaire à la 2e compagnie du 3e R.E.I. ; lors de l’attaque du poste de Phu Thong Hoa au Tonkin par le Viêtminh, le 25 juillet 1948, les deux autres officiers sont hors de combat au bout d’une heure. Arrivé au poste quinze jours plus tôt, il prend le commandement de sa compagnie pour repousser l’assaillant. Pour ce fait d’armes ; il est fait chevalier de la Légion d’honneur et cité à l’ordre de l’armée. Rapatrié, il sert au 1er R.E. au cours de son second séjour en Indochine, il gagne deux nouvelles citations. Il est affecté au 4e R.E.I. au Maroc puis au 2e R.E.I. en Algérie, en 1958. Il y prend le commandement de la compagnie régimentaire. Il rejoint le 1er R.E. comme commandant d’unité de la compagnie de Pionniers pour organiser l’infrastructure du nouveau quartier Vienot. C'est lui qui reconstruit le monument aux Morts de la Légion à Aubagne en 1963. Après une affectation au centre de sélection de Tarascon, il fait valoir ses droits à la retraite en 1972 et s’investit dans le monde associatif combattant. Il fonde l’A.A.L.E. du Doubs. Le lieutenant-colonel Bévalot est officier de l’O.N.M., titulaire de la Croix de Guerre des T.O.E. et de la Croix de la Valeur militaire. Un homme simple et discret. Il porte la main du capitaine Danjou à Aubagne pour Camerone le 30 avril 1973. Officier de la Légion d’honneur le 30.04.1978. Commandeur le 05.05.2013. Décédé le 23.02.2016.
Cardinal Hervé Marie Valentin Joseph, né le 07.07.1910 à Lorient dans le Morbihan ; capitaine légionnaire, chef de la 2e compagnie du 3e R.E.I., en poste à Phu Thong Hoa ; le 25.07.1948, les légionnaires résistent à l’assaut de deux régiments du Viêtminh pendant neuf heures. Mais le capitaine est mortellement blessé. Il décède à quatre heures du matin.
Charlotton Fernand, né le 29.03.1917 à Le Vilhain dans l’Allier ; lieutenant légionnaire à la 2e compagnie du 3e R.E.I. ; tué lors de l’attaque du poste de Phu Thong Hoa au Tonkin par le Viêtminh, le 25 juillet 1948.
Faulques Roger, né en 1924 ; il s’engage dans le maquis F.F.I. des Basses Pyrénées en 1944 puis Corps Franc Pommiès ; caporal ; Croix de Guerre 1939-1945 avec la 1ère citation : saint-cyrien de la promotion Victoire 1945, il choisit la Légion Etrangère ; sous-lieutenant, il rejoint le 3e R.E.I. en 1946 ; au cours de ses trois séjours en Indochine, il va se distinguer au combat. Basé à Na-Fac en juillet 1948, il participe au secours du poste de Phu Tong Hoa en 1948 ; il rentre de ce premier séjour avec cinq citations et trois blessures. Il est fait Chevalier de la Légion d’honneur à titre exceptionnel à 23 ans. Après une affectation au 3e B.E.P. à Sétif, il retourne en Indochine en 1950 et prend part aux combats de la R.C.4. Officier parachutiste rescapé des combats en Indochine ; chef de guerre audacieux et manœuvrier, à la tête du peloton des élèves gradés du 1er B.E.P. à That-Khé le 18.09.1950 ; le peloton est décimé sur la R.C.4. Lui-même, il est grièvement blessé à Dong-Khé, et se retrouve prisonnier. Il est libéré par le général Giap car c’est un héros qui mérite de mourir en terre française ; mourant, il est rapatrié. Pour cette action, il est cité à l’ordre de l’armée et fait Officier de la Légion d’Honneur à 26 ans. Mais c’est un dur, un très dur, pour lui et pour les autres. Après une hospitalisation de deux ans, il retourne en Indochine en 1953 pour un troisième séjour. Capitaine au 1er B.E.P. en 1953 ; ancien de Diên-Biên-Phu ; il remporte deux nouvelles palmes pendant ce séjour. Il revient d’Indochine avec sa Croix de Guerre des T.O.E., titulaire de huit citations dont trois palmes et quatre blessures ; capitaine commandant la C.C.S. du 1er R.E.P. de septembre 1955 à septembre 1957 ; puis commandant en 1960 ; sec, mince, noueux, ses yeux bleus gris sont pénétrants ; opération Mousquetaire sur le canal de Suez, en novembre-décembre 1956 ; O.R. au 1er R.E.P. pendant la Bataille d’Alger au 1er semestre 1957 ; O.R. à l’état-major de la 10e D.P. en septembre 1957 ; commandant affecté au 3e Bureau à l’état-major de la 10e D.P. dans l’opération Jumelles en 1959 ; il se relaie avec Denoix de Saint-Marc pour coordonner le grand ballet des troupes et des appuis ; nommé chef de bataillon en avril 1960, il devient commandant en second du 2e R.E.P. durant l’été 1960 ; Commandeur de la Légion d’Honneur en juillet 1960 ; Croix de la Valeur militaire avec trois citations dont deux palmes ; il quitte l’armée fin 1960, par dégoût. Mis en disponibilité, il est envoyé au Katanga comme adjoint au colonel Roger Trinquier ; Membre du Club des C.S.P.F. Elevé à la dignité de Grand-Officier de la Légion d’Honneur avec dix-huit titres de guerre, par décret du 04.05.2004. Il porte la main du capitaine Danjou à Aubagne pour Camerone, le 30 avril 2010. Décédé le 06.11.2011 à Nice.
Grauwin, médecin-commandant, chirurgien à Bac-Khan au Tonkin en 1948, volontaire pour D.B.P. alors qu’il attendait à Haïphong le navire de son rapatriement ; arrivé au camp le 17.02.1954 ; médecin chef du camp retranché de Diên-Biên-Phu de février à mai 1954. Autorisé par les Viêts à s’occuper de ses patients.
Guillemaud, sergent fourrier de la 2e compagnie du 3e R.E.I. ; il se comporte brillamment lors de l’attaque du poste de Phu Tong Hoa dans le nord du Tonkin, les 26 & 27.07.1948. Il défend à la grenade incendiaire le bloc nord du poste.
Huegen, caporal-chef légionnaire, au poste de Phu Tong Hoa avec la 2e compagnie du 3e R.E.I. en juillet 1948 ; il se trouve dans le blockhaus sud-est ; il arrête avec un F.M., pendant un quart d’heure, la vague d’assaut Vietminh qui entre par une brèche ; il est tué à vingt-deux heures.
Murati, légionnaire de la 2e compagnie du 3e R.E.I., l’un des 50 survivants de l’attaque du poste de Phu Tong Hoa en juillet 1948 ; le médecin-commandant Grauwin l’a repéré au cours d’un repas offert par le chef vietnamien profrançais à l’occasion de la fête du Têt ; ce chef avait demandé à chaque officier commandant les unités de son secteur, de venir avec un de ses simples soldats ; Murati montra alors une culture artistique supérieure à celle de tous les Occidentaux présents, y compris l’officier légionnaire du 2e R.E.I. ; le légionnaire discipliné Murati est en réalité le Kapitan zur See Horst von Murati, ancien commandant de sous-marin.
Paulin, légionnaire, au poste de Phu Tong Hoa avec la 2e compagnie du 3e R.E.I. en juillet 1948 ; il se trouve dans le blockhaus sud-est ; il vole au secours du caporal-chef Huegen qui bloque une vague d’assaut Viet ; il est tué à vingt-deux heures.
Schafer Helmut, né le 02.02.1926 ; vieux soldat ; ancien du 3e R.E.I. en Indochine ; ancien de la section de protection du chef de corps en 1948 ; Médaille militaire, Croix de Guerre des T.O.E. avec cinq citations ; caporal-chef à la 2e section de la 2e compagnie du 2e R.E.P. ; chef de pièce F.M. tué au combat le 18.12.1956 sur le djebel El Mezeraa.
Simon Jean, né à Brest le 30.04.1912. Il fait ses études au Prytanée militaire de la Flèche, puis au lycée Saint-Louis à Paris. Il entre à Saint-Cyr en 1933, 120e promotion du Roi Albert 1er ; il en sort en 1935 comme sous-lieutenant au Régiment d'infanterie coloniale du Maroc (R.I.C.M.) à Aix-en-Provence. Affecté en août 1936 au 1er Régiment de tirailleurs sénégalais à Saint-Louis. En 1937, il est affecté en Mauritanie où il prend le commandement de la subdivision de Tichitt. La même année, il est promu lieutenant. A la mobilisation de 1939, il commence la guerre au 42e Bataillon de mitrailleurs malgaches. Refusant l'armistice, de sa propre initiative et avec Pierre Messmer, il rejoint Marseille, où tous deux participent avec le commandant Vuillemin à la prise d'un bateau italien de 4 700 tonnes, leCapo Olmo. Arrivé à Liverpool le 17.07.1940. A Londres, il est affecté à la13e D.B.L.E. Sa destinée épouse celle de la 13e D.B.L.E. Il sert, comme chef de section, sous les ordres du capitaineDimitri Amilakvarià la Compagnie de mitrailleuses et d'engins Il participe dès lors à la longue épopée de la 13e Demi-brigade de Légion étrangère. Il prend part à l'opération de Dakar et, après l'échec de cette tentative de ralliement de l'Afrique occidentale française, rejoint Douala, au Cameroun, le 10.10.1940. Il participe aux opérations du Gabon, puis à toute la campagne d'Erythrée. Le lieutenant Simon est cité à l'ordre de l'armée pour ses exceptionnelles qualités de chef de groupe franc. Cité à nouveau, en avril, lors de la prise de Massaoua, il est fait Compagnon de la Libération et décoré à Qastina, en Palestine, par le général Charles De Gaulle. Promu capitaine le 26 juin, il rejoint sa compagnie le 01.10.1941 à Homs. Il prend ensuite une part active à la campagne de Libye. A l'occasion du siège de Bir-Hakeim, du 27.05 au 11.06.1942, il se distingue de nouveau et reçoit une nouvelle citation à l'ordre de l'armée. Après la sortie de vive force et les opérations de dégagement de Bir-Hakeim, il participe à la bataille d’El Alamein. Toujours avec la 13e D.B.L.E., il combat en Tunisie, puis en Italie. Promu chef de bataillon, il débarque en Provence, le 30.08.1944, sur la plage de Cavalaire. Il participe aux combats de la libération de la France Promu lieutenant-colonel en 1947, il est affecté au 3e Régiment étranger d'infanterie, stationné à Cao Bang sur la frontière de Chine. Il en prend le commandement en 1948 ainsi que celui du secteur de Cao Bang. Jean Simon s'illustre dans de difficiles combats sur la R.C. N° 4 et à l'occasion du dégagement du poste de Phu Tong Hoa. Héros célèbre et incroyablement populaire dans la Légion. Puis il est colonel à la 20e D.I. qui débarque en Algérie en juin 1956 : le P.C. s’installe à Bouïra. En 1957 il est nommé attaché militaire à Londres. Nommé général de brigade en 1960, adjoint au commandant du C.A. d’Alger en décembre 1960 ; commandant la 27e D.I.A. et la Z.E.A. en Kabylie en 1961 ; légitimiste lors du putsch d’avril 1961. Désigné par le Président Charles De Gaulle comme représentant militaire aux pourparlers franco-algériens, il participe aux accords d'Evian en juin 1961. Puis il prend le commandement de l'E.S.M. de Saint-Cyr et de l'E.M.I.A. Général de division en 1964, il met sur pied et commande le 1er Corps d'armée à Nancy. Général de corps d'armée en 1967, il est gouverneur militaire de Lyon et commandant de la 5e Région militaire. En 1969, il est nommé l'inspecteur général de l'armée de terre. Général d'armée en 1970, il quitte le service actif le 01.05.1973. Il est nomméChancelier de l'Ordre de la Libérationen septembre 1978 jusqu’en septembre 2002. Le général d'armée Jean Simon est décédé le 28.09.2003 à Cherbourg. Ses obsèques ont été célébrées le 02.10.2003 en l'Eglise Saint-Louis des Invalides. Grand-Croix de la Légion d'Honneur ; Compagnon de la Libération ; Médaille Militaire - dé; Croix de Guerre 1939-1945 (9 citations) ; Croix de Guerre des T.O.E. (2 citations) ; Croix de la V.M. (2 citations).
Sourlier, né en 1908, entré à 19 ans à Saint-Cyr ; il choisit de servir à la Légion ; au 1er Etranger de 1929 à 1935 ; au 5e Etranger au Tonkin de 1935 à 1938 ; au 6e Etranger en Syrie ; capitaine, blessé au cours des combats contre les Britanniques en 1941 ; commandant, chef du 1er bataillon du 3e R.E.I. pendant l’opération Léa fin 1947, dans le Haut Tonkin, région où il a servi comme lieutenant au 5e R.E.I., avant la guerre. Au cours de l’été 1948, son bataillon s’étale de Cao-Bang à Bac-Kan dans le nord du Tonkin. Lieutenant—colonel, adjoint au chef de corps du 4e R.E.I. à Tébessa en 1957 ; il est chargé de l’électrification de la partie méridionale du barrage ; excellent combattant ; commandeur de la Légion d’Honneur.