« Plus inconnue que le soldat inconnu : sa femme ! »

Inspirés par les "Dossiers de l’écran", l’excellente émission de télévision de l’ex ORTF sur Antenne 2, un débat faisait suite à la diffusion d’un film thématique. Nous proposons ces écrits qui suivent l’article : « Destin de femme de légionnaire » : bonne lecture !

Dossier : Destin de femme de légionnaire:

Combien existe-t-il de ces gens qui se considère comme sans importance qui espèrent s’élever dans l’échelle sociale et sont broyés par des communautés de snobs qui ne leur donneront pas la moindre chance. Cette femme avait laissé l’impression si vague qu’on ne se souvenait même pas de son nom dans la communauté où elle avait pourtant séjourné en tant que femme de légionnaire.

Une grande partie de sa vie active, elle l’a passé comme “femme au foyer”, elle était de celles qui, administrativement, était “sans profession”. Venu d’un ailleurs lointain, elle était une de ces femmes “au foyer”, celles qui réalisent la majeure partie des tâches du ménage: entretien domestique, achats, épluchage… du budget, repas, surveillances et éducations des enfants. Lors du décès de son mari, elle devenait administrativement “parent isolé”. Isolée? voilà bien une expression qui lui correspondait parfaitement. Cette supermaman subissait aussi souvent les aggressions fréquentes de dépressions, conséquences incontournables d’une vie difficile où se subissait le sentiment d’être victime d’une situation malgrè tout acceptée mais dont les contraintes et les obligations s’étaient accentuées jusqu’à devenir insupportables.

Quand le mari ou le compagnon vient à disparaître, elles ne sont plus rien, elles entrent dans une forme d’anonymat, elles n’existent tout simplement plus pour cette communauté particulière fût-elle légionnaire, sa principale rivale quant à partager la vie de son “homme” du temps de son vivant.

Ce dernier, souvent épuisé par une journée harassante n’avait que l’ envie d’être au calme pour récupérer d’une activité toujours plus envahissante et l’âge venant…

Lors du décès de son conjoint, celui-ci lui laissa peu d’argent pour faire face et survivre. Elle parvient néanmoins à bénéficier d’allocations de solidarité aux personnes âgées actuellement un peu plus de 600 euros par mois.

Qui encore pensait à elle, il y a tellement longtemps qu’elle avait quitté la vie “active”, son souvenir remontait au temps de la mise à la retraite de son mari.

Elle cherchait les renseignements pour améliorer sa petite condition matérielle de vie, mais ne faisait plus appel aux assistants sociaux qui ne répondaient jamais à ses sollicitations et il lui semblait même qu’elle les ennuyait. Récemment elle s’était modernisée avec la naviguation sur internet d’une de ses filles et participa à des forums réussissant à mettre une pause à sa solitude jusqu’à oser: “j’ai 72 ans, élevé 9 enfants, ai-je droit à quelque chose ? combien environ? Dites moi quoi faire SVP!”

Elle s’est éteinte sans avoir d’autre maladie que celle d’être épuisée; trois de ses enfants qui avaient gardé le contact avec leur mère étaient là pour sa mise en “terre commune” dans le cimetière du village où elle résidait.

A Dieu Madame, à l’annonce de votre décès je me souvenais surtout de votre gentillesse, de votre dignité et de votre élégante beauté, je regrette beaucoup que la vie ne vous ait aucunement épargnée et que vous n’ayez point trouvé cette solidarité que vous recherchiez sans  jamais la rencontrer… mais existe t-elle vraiment au delà des mots ? Il n’y a pas si longtemps j’entendais dire: “que l’on ne pouvait pas prendre toutes les misères du monde en compte…”. Alors … quelques amicales ont pris en compte les compagnes et veuves de nos camarades décédés et c’est une très bonne chose. Comment pourrait-on parler d'esprit de famille si un des membres de notre communauté est laissé à l'abandon ? La Légion est  tellement exemplaire avec nos maisons d'hébergement d'Anciens légionnaires tant à Puyloubier qu'à Auriol !

Débat-réflexion:

Les absences s’enchaînent, les réflexions fusent souvent maladroites : « Vos maris ont au moins la sécurité de l’emploi ! il est déjà rentré, c’est passé si vite ? tu le savais en te mariant, etc… etc…

Etre femme de militaire, c’est assumer le métier de son mari, envers et contre tout. Accepter les missions longues, les déménagements multiples, les gardes  et abstreintes du Week end, les permissions qui sont loin d'être des congés.

Véritable pilier de la famille, la femme de militaire apprend l’abnégation et le don de soi. Pourtant, pour elle, rien n’est facile, il y a des moments de doute, de craquage contrairement aux clichés reçus. Pour elle, à moins de vivre en célibataire géographique ou de pouvoir travailler à domicile, il est rare qu’elle ne puisse trouver du travail, il est vrai qu'en subissant une mutation tous les deux ou trois ans…

Ainsi se présentent:

-       - L’expérience de la solitude,

-       - L’accouchement seule, redouté,

-       - Les absences répétées,

-       - Les coups durs,

-       - L’inquiétude permanente sans partage,

-       - Les baisses de moral.

L’Amicale des Anciens légionnaires du pays d'Aix et de la Sainte Baume inova avec la création d’une «section-féminine» affichant la reconnaissance et la mise en valeur des femmes et veuves d’Anciens légionnaires.

Dès sa création, quelques personnages bien pensants, veilleurs des traditions pratiqués, soit disant, à la Légion étrangère, exprimèrent leur mécontentement et constataient avec une grande contrariété qu’elles prenaient trop de place et s’impliquaient avec beaucoup d'efficacité dans la bonne marche de l’Amicale fortes d'une disponibilité remarquable, décomplexée.

En remontant l’Histoire de la Légion, il est vrai qu’il fût un temps où l’incertitude des lendemains ne permettaient pas aux hommes de la Légion, livrés aux mille dangers, de se marier. Il se disait à l’époque, qu’un homme marié ne pouvait être totalement disponible, qu'il avait trop à perdre et qu’il ne pouvait qu'être un mauvais soldats… Mais aujourd’hui, quand même, il faut bien reconnaître que cela n’a beaucoup de sens, le mariage apporte indiscutablement à l'homme un équilibre et les épouses savent gérer les situations les plus délicates jusqu'à devenir, elles-mêmes opérationnelles en accompagnant souvent à la perfection l’esprit de devoir et la fidélité à l'Institution  de leur mari.

Comment se pourrait-il aujourd’hui, que l’on méconnasse le rôle essentiel des épouses de militaires au sein même de notre Famille-légionnaire. Ainsi, l’esprit de famille exprimée avec fierté et conviction à la Légion passe obligatoirement et aussi par ces femmes de légionnaires qui font partie intégrale de notre communauté !

Un grand bravo à l’AALE du pays d’Aix et de la Sainte baume pour cette heureuse initiative. Il est grand temps que certains "Ayatollahs", gardiens du temple, s’adaptent et comprennent qu’il leur faut, désormais, vivre le présent, comme sait le faire la Légion d'active, qui, tout en respectant celle des ses Anciens, a fait évoluer sa mentalité dans le sens de l’Histoire, ce n’est qu’une question de survie !

Par ailleurs, tout en avouant avoir un peu peur de formuler une vérité cachée, je pressens les tombereaux de réaction qui vont se déverser avec la révélation historique: "qu’une institution constituée uniquement d’hommes qui vivraient entre eux, qui serait autonomes et imperméables à l'extérieur, les ferait chanter allégrement que la « guitoune de l’aumonier » serait pour eux d'une importance primordiale à leur équilibre, de quoi basculer dans une situation des plus… pernicieuse !

Pour conclure, il me faudrait aussi parler des enfants de légionnaires répartis ici, là et ailleurs, mais c'est une toute autre histoire qui mériterait pourtant que l’on s’y attarde… A suivre !

CM 

 

   

             « Papa est militaire »

De Camille El Mohri et Leticia

Milikids collection

Disponiblilité: https://fr.ulule.com/papa-militaire/

Prix : 14, 50 euros.