Cette réponse de PyC à notre article: « Plus inconnue que le soldat inconnu: sa femme !» est particulièrement intéressante pour plusieurs raisons.

En premier: Répondre à un article est constructif, ce n’est pas une obligation d’être toujours en accord avec certains articles qui paraissent sur ce site et pouvoir s’exprimer en donnant les explications de son désaccord fait indiscutablement avancer les choses dans le bon sens, de même qu’il est tout aussi intéressant  d'exprimer et de faire partager son accord avec ces écrits.

En second: Mieux qu’un long discours, nous remettons en mémoire, juste après la réponse de PyC, un article qui a été publié après notre dernier congrès, le 31ème, qui correspond bien au sujet évoqué.

Merci PyC pour cette réponse.

Le linge sale se lave en famille

Réponse à l’article de CM :

Il est récurent d’entendre ici où là que les femmes admises dans le CA d’une Amicale, lorsqu’elles le sont, doivent être cantonnées à quelques tâches administratives et rien d’autre. Dans le même ordre d’idée, un président d’Amicale doit être élu parmi ceux qui ont porté le képi blanc, sous entendu les officiers non T.E.* en sont exclus. C’est une manière de penser dans laquelle je ne m’inscris pas. J’invite celui, ou ceux, parmi nous dont l’opinion diverge de la mienne de nous en faire part, afin d’éclairer au mieux ce sujet qui empoisonne souvent les discussions dans notre communauté légionnaire.

Accordons nous sur la définition de ce dont on parle:

C’est quoi la Légion étrangère ?

Pour moi, la Légion étrangère est une organisation militaire qui, comme tout organisme militaire, a pour but de défendre la France et ses intérêts. Le soldat a délégation du peuple français de détenir des armes, de tuer et de détruire en son nom, cela implique des qualités particulières, une cohésion, une discipline, et une rigueur à tous les échelons, mais surtout, un grand esprit patriotique voir de sacrifice. Le métier de soldat n’est pas un métier comme un autre.

          La Légion, fait partie intégrante de l’Armée de Terre avec une particularité unique au monde: elle est composée d’étrangers qui, pour la majorité d’entre eux, ne connaissent pas ce pays qu’ils doivent défendre. Ces étrangers, qui pour des raisons très diverses ont rejoint ses rangs, gardent dans leurs cœurs leur patrie naturelle. La Légion respecte cela et ne leur impose jamais d’aller se battre contre leur  patrie d’origine. En général l’étranger ne se bat pas par patriotisme pour la France.

Si la Légion est composée d’étrangers, son commandement est composé pour 90% d’officiers Français dont le patriotisme n’est plus à prouver. Au fil des rigueurs partagées entre cette troupe étrangère et ces officiers français une osmose s’est créée et une patrie commune est née « LEGIO PATRIA NOSTRA », devise qui apparaît vers la fin du XIX° siècle et inscrite au « fronton » de la voie sacrée, à côté du Monument aux morts à Aubagne.

          Cette « seconde patrie », qui n’oblige pas au reniement de la première, permet de fédérer cette « tour de Babel », sert de cause à défendre et forge une culture commune. D’où la force de sa cohésion même après avoir quitté l’uniforme et qui va au-delà de l’esprit de corps, plus partisan. Comme dit le dicton « légionnaire un jour, légionnaire toujours ».

Nous observons que le trait d’union entre cette France et ces étrangers qui s’engagent à la défendre ce sont précisément ces officiers du régime général « à titre Français ». Ils représentent une partie intégrante de la légion et un lien indispensable pour qu’elle soit ce qu’elle est.

A cela s’ajoute les familles, femmes et enfants, sur ce sujet je vous renvoie à l’article de CM auquel je réponds.

C’est quoi une Amicale d'Anciens de la Légion étrangère (AALE) ?

Une AALE, n’est pas un organisme militaire, mais une association d’anciens de la légion étrangère, autrement dit des anciens ayant servi à la Légion étrangère, qu’ils furent officiers, sous-officiers ou Militaires du rang. Les AALE sont regroupées en une fédération, la FSALE**, dont le but est défini comme suit : « Défendre les intérêts matériels et moraux des anciens légionnaires »

Les AALE ont des statuts de la même veine et des règlements qui donnent les modalités de fonctionnement propre à chacune d’elle.

Quoiqu’il en soit l’orientation générale des AALE va vers une culture d’entraide et d’ouverture vers la communauté légionnaire dans son ensemble. Il faut donc nous affranchir des cloisonnements que peuvent être l’âge, le grade, l’esprit de corps exclusif et les campagnes auxquels nous aurions participés, pour nous consacrer aux valeurs communes de la Légion étrangère. Deux dangers nous guettent en permanence : l’ignorance et le sectarisme.

Conclusion:

Notre amicale, citée dans l’article auquel je réponds, vient d’élire un nouveau bureau:

Le président est un officier du régime général qui à servit une vingtaine d’années à la légion dans des postes de commandement. Si après avoir commandé et dirigé une multitude de légionnaires, d’aucuns prétendent qu’il ne serait pas légitime de présider une AALE, il faut m’expliquer, d’ailleurs et bien heureusement d’autres amicales ont des présidents de même profil.

Le vice président est une femme, veuve d’un sous-officier. Elle anime la «section féminine» depuis de nombreuses années. Pour la FSALE, et par voie de conséquence pour nous, une veuve de légionnaire peut être membre actif. Comme beaucoup de femmes, notre Vice-présidente a vécu le lot  « d’épouse de légionnaire » avec ses joies et ses peines. A travers ce vote nous rendons hommages à toutes nos épouses qui ont engagé leurs vies à nos côtés, avec toutes les difficultés que cela comporta. Une manière de leurs laisser la place qu’elles méritent.

Nous avons tous à cœur de soutenir la Légion et ses valeurs, mais n’en déplaise à certains, nous sommes juridiquement redevenus des civils, il est donc inutile de se draper dans l’attitude intransigeante du légionnaire pur et dur ou « la légion ce n’est que le combat ». Cette rigueur, il eut fallu l’avoir durant les années d’activités à la Légion. Mais, hélas, il est vrai que « tant qu’il y aura des bistrots, il y aura des héros ».

PyC: Officier ayant porté le Képi Blanc.

 

*TE : Officier à Titre Etranger

**FSALE : Fédération des Sociétés d’Anciens de la Légion étrangère

 

 

D’un légionnaire, l’autre…

Nous regardions le début filmé de l’Assemblée Générale du 31ème Congrès de la Fsale sur “Facebook”. Le présentateur amorçait l’intervention du Président fédéral, le général (2s) Rémy Gausserès, en ces termes: “Et voici le premier d’entre vous, ce légionnaire qui marche en tête, mesdames et messieurs c’est votre …”

Viennent ensuite les commentaires et l’un d’eux, en particulier,  attira vivement notre attention: “Ce légionnaire qui marche en tête ! C’est quoi ça ? Il n’a jamais été légionnaire !”

Et cet autre: “Mais ce n’est pas un légionnaire, il n’a jamais été et ne le sera jamais…”

Ainsi donc, les officiers du “régime général” ayant servi à la Légion ne peuvent prétendre, dans l’esprit de certains “vrais légionnaires” être légionnaires ?

Pour illustrer notre propos et être mieux compris  nous croyons utile  d’expliquer succinctement ce que Rollet pensait être  un légionnaire: “On sait le légionnaire, à l’origine,  être le produit  d’une incompatibilité d’humeur avec son milieu. Poussé par le sentiment plus que par la raison, il est désespérément en quête de quelque chose ou de quelqu’un qui suscite son admiration; c’est tout naturellement qu’il admire et respecte celui qui sait le commander; il vénère avec passion celui qui exalte la seule qualité qu’on ne lui ait jamais refusée: la bravoure physique et morale”.

Ainsi, l’imagerie populaire fait du légionnaire un réprouvé, asocial, rude, violent, sans cesse sur le fil du rasoir  entre le mal qui le tente et le bien où le pousse la Légion étrangère qui lui offre un cadre rigoureux, une famille structurée et agissante, nous osons dire une religion avec ses vertus – Honneur et Fidélité – ses rites hérités des traditions et qui possède, à l’image du général Rollet, ses “saints” sortis de ses rangs.

Comment serait-il possible d’isoler un chef aussi symbolique que Rollet et dire qu’il ne fut pas légionnaire ? Et Danjou? Vilain, Maudet ? Et que dire du capitaine vicomte de Borelli qui composa le plus bel hommage jamais écrit à la gloire des légionnaires: “À mes hommes qui sont morts”?... Ou encore Amilakvari, Gaucher, Jeanpierre qui pourtant n’épargna pas ses hommes, et tant, tant d’autres. Les murs de la crypte du musée à Aubagne témoignent de leur bravoure, un millier de noms d’officiers morts pour la France à la tête de leurs légionnaires y sont inscrits! Que faut-il de plus? Pourrait-on leur dénier le droit d’être dits “légionnaires”? Qui l’oserait? Et que les esprits étriqués se disent bien qu’il ne faut pas être un officier mort pour mériter l’appellation de légionnaire. L’officier est étroitement imbriqué dans la chose légionnaire. Les vies de nos hommes peuvent dépendre de lui, qui en est comptable, comme sa vie peut dépendre d’eux. Son coeur, comme le nôtre,  bat aussi à 88 pas à la minute!

Il en est de même pour tous ceux qui ont servi à la Légion dont nombreux comptent bien plus d’années de service   dans l’institution légionnaire que beaucoup de “vrais légionnaires”…

En réalité si l’officier dont on parle était bien aimé par les sous-officiers et la troupe, tout le monde s’accordera pour le considérer comme légionnaire; si d’aventure il était mal aimé,   on le traite alors des noms les plus pittoresques, voire exotiques!  Si les officiers du régime général n’encadraient pas les légionnaires, qui le ferait ?

Nous pourrions ne pas nous limiter à ces quelques considérations et entrer dans de vastes polémiques  absolutistes…  Être plus royaliste que le roi et laver plus blanc que blanc… après tout pour quoi s’arrêter en si bon chemin? On pourrait prétendre, après avoir affirmé que seuls sont légionnaires ceux qui ont porté ce glorieux couvre-chef, que ceux qui le quittent pour embrasser une carrière de sous-officier ou accéder à l’épaulette pour devenir officier ont cessé d’être des légionnaires, des purs, les gardiens du temple telles des vestales antiques! Et que dire de ceux, nombreux   qui, s’ils l’avaient souhaité et eu la volonté, compte tenu du niveau de leur instruction, auraient été bien plus gradés qu’ils ne l’ont été au moment de quitter le service actif?

Comme chez les légionnaires “de souche”, les officiers qui ne s’adapteraient pas au monde légionnaire sont naturellement écartés, souvent  par leur volonté propre. Alors le genre de querelle qui a suscité ce billet est stérile, donc inutile.  Le vrai légionnaire est celui qui a servi la Légion et la France du  “soldat au colon” comme le dit la chanson avec abnégation dans l’honneur et la fidélité.

Après ? Après, il y a ces civils qui ont servi à la Légion et dont certains peuvent  se croire plus légionnaires que d’autres. Nous comprenons alors qu’un certain nombre de nos camarades anciens légionnaires-officiers ne veuillent plus de contacts avec ces derniers…   c’est pour eux aussi et surtout “un état d’esprit”…

Christian Morisot et Antoine Marquet: Officiers ayant porté le “Képi Blanc”.