Réflexions avant le 11 novembre:
Ils n’ont pas voulu cela. Mais quelle étendue de souffrances, des millions de morts, la ruine des économies et un vrai naufrage de civilisation.
Ils n’ont pas voulu cela et tous ont prétendu que ce sont les autres qui ont voulu la guerre, ils se sont défendus et n’ont fait que répondre à l’agression et lutter pour sa survi: “L’obsession de la guerre les hantait tous, rôdait en eux et autour d’eux.” Jules Issac.
En un mot, les Européens se jugeaient “en état de légitime défense”.
L’Union des Grandes Associations Françaises présente: “Coup d’oeil d’ensemble sur la Grande Guerre”:
“ La guerre de 1914-1918 a été entreprise par la volonté de l’Allemagne qui la préparait depuis longtemps et qui, plusieurs fois déjà, avait essayé de la provoquer.
Les pangermanistes (*), qui avaient rallié le Kaiser à leurs ambitions, voulaient assurer à l’Empire allemand la suprématie du monde. Il s’agissait de mettre la France hors d’état de songer jamais à la revanche de 1870. On lui aurait enlevé sa barrière des Vosges et ses départements du Nord jusqu’à la Somme. Elle aurait perdu le bassin de Briey, essentiel pour son industrie.
Du même coup, la mer du Nord et la Manche devenaient des mers allemandes. La Belgique et la Hollande se trouvaient englobées dans le bloc germanique. L’Angleterre, menacée à la fois de Calais, d’Anvers et de Kiel, perdait sa suprématie maritime. Elle était réduite au rang de puissance de second ordre.
Quant à la Russie, dépouillée de la Pologne et des provinces baltiques, elle était reléguée à l’état de nation asiatique. Grâce à l’alliance avec l’Autriche-Hongrie, le rêve monstrueux du “Mitteleuropa (**) se réalisait. Grâce à la complicité de la Turquie, l’Allemagne voyait s’ouvrir devant elle toutes les possibilités orientales vers Bagdad.
Elle dominait l’Europe par la terreur des armes. Elle s’étendait sur le monde par sa puissance maritime, son domaine colonial (car toutes les colonies françaises devaient lui revenir), par son expansion économique. Elle devenait la maîtresse de l’Asie.
Voilà pourquoi la guerre a été entreprise. Pendant plus de quatre ans, nous avons lutté contre cette avidité universelle. Si lourds qu’aient été nos sacrifices, l’échec de l’ambition germanique les aurait déjà compensés. La victoire absolue de nos armes les paye immensément.
Cette victoire, ce n’est pas seulement celle de la France et de ses Alliés. C’est aussi la victoire de la civilisation sur la barbarie, du droit sur la force.
Le plan de l’agression allemande était simple, la France se trouvait liée à la Russie par un traité solennel d’alliance défensive. Mais la mobilisation russe devait forcément être lente. L’énorme machine de Guerre de la Germanie écraserait d’abord la France, puis elle se retournerait contre la Russie.
L’occasion cherchée pour déchainer le cataclysme se présenta le 28 juin 1914: ce fut le meurtre de l’archiduc François-Ferdinand, héritier d’Autriche à Serajevo (Bosnie). On sait comment le gouvernement autrichien voulut en rendre responsable le gouvernement serbe et lui adressa le 23 juillet un ultimatum inacceptable. Cependant la Serbie se soumit à toutes les conditions qui lui étaient imposées, sauf une qu’elle ne pouvait accepter sans déchoir. L’Autriche, encouragée par l’Allemagne, rompit aussitôt les pourparlers.
Afin d’appuyer la cause serbe, la Russie avait mobilisé quelques corps d’armée sur la frontière autrichienne. L’Empereur d’Allemagne somma le Tzar de révoquer cet ordre de mobilisation et, le 1er août, il déclarait la guerre à la Russie. En même temps, ses troupes commençaient leurs incursions en territoire français, bien que la guerre ne nous ait pas été déclarée à nous-mêmes, et que, pour tenter de l’éviter, notre gouvernement eût donné l’ordre de retirer toutes nos forces à 10 kilomètres de la frontière.”
Quand l’horreur s’est imposée, que la guerre s’est enlisée en engloutissant inlassablement les vies et les richesses du continent, les yeux se sont ouverts, mais il n’était plus possible de faire marche arrière. La machine infernal était lancée. Elle conditionnerait tout le XX°siècle, siècle de fer et de sang porté sur les fronts baptismaux des tranchées de Champagne, de Verdun et d’ailleurs. Les dirigeants n’avaient tout simplement pas assez voulu la paix !
(*): Le pangermanisme est un mouvement politique irrédentiste du XIX°siècle visant l’unité de tous les germanophones d’Europe ou identifiés comme tels. Le mouvement souhaitait mettre en place la “Grande Allemagne”.
(**): Mitteleuropa désigne la partie médiane du continent européen, cet espace a constitué l’objet de convoitises de la part des grandes puissances eurpéennes depuis les années 1860.
CM