Nous savons tous combien notre camarade et ami Christian est attaché aux actions de solidarité et d’entraide. Directeur de « Puyloubier » pendant quatre ans et d’ « Auriol » treize ans et demi durant après une année au SMOLE, il sait mieux que nous tous ce que cela veut dire. Il nous parle aujourd’hui d’une sorte d’abandon de nos valeurs par nos Politiques qui décident aujourd’hui ce que demain d’autres aboliront, de ces chefs militaires qui n’ont plus les moyens de résister, pour diverses raisons, bref, un monde ancien qui se délite sous nos yeux effarés. Christian n’est pas spécialement conservateur ni passéiste, je ne l’ai jamais entendu prononcer ce lieu commun si répandu : « ah… de mon temps… ». Non. Moderniste, toujours tourné vers l’avenir, épris de toutes les nouvelles technologies, curieux comme un jeune homme, « son temps » est le vôtre et le mien, c’est le temps qui court. Néanmoins, il ne peut rester sans louer certains bienfaits du passé, quand les chefs militaires pouvaient encore prendre certaines décisions seuls, sans besoin de blanc-seing d’élus aux déterminations changeantes et avec le vent et avec les élections. C’est pourquoi je pense qu’il a raison de mettre en exergue ces deux œuvres majeures de la solidarité légionnaire, créées à l’ancienne mais toujours d’actualité : l’Institution des Invalides de Puyloubier et la Maison du Légionnaire à Auriol. Ce sont des réalités tangibles qui nous invitent à suivre son amicale prescription, pour nos justes causes : restons solidaires et unis. AM
Réponse à la question posée par mon Ami, Président de l’AALE d’Aubagne et sa région par CM:
« J’ai en mémoire quelques courriels bien trempés (dans l’acide, le vinaigre, la colère…) qui émettent une opinion sur un événement et qui me prennent à témoin en souhaitant me rendre solidaire d’une action, ou me demandent de signer une pétition, de prendre parti pour une prétendue noble cause, contre un horrible scandale, une insulte inadmissible et j’en passe et pas toujours des meilleures…
J’ai, bien entendu, une opinion sur ces événements qui transforment notre société (mariage pour tous, vote des étrangers, loi du 19 mars, propos insultants d’un Président de la République concernant « un crime contre l’humanité en Algérie, etc...).
Mais ce que je souhaite exprimer par mon propos d’auteur responsable, c’est que je serais plutôt à l’image de l’ancien légionnaire en général, détaché de certaines contraintes, pouvant prendre le recul nécessaire à une certaine réflexion.
Mon engagement à la Légion était une forme de rupture avec une société civile trop décevante. Aussi, j’avais décidé que les réactions spontanées, les défenses des belles causes ne me concernaient plus. Tel était le cas pendant la durée de mon service actif, du fait même que j’étais conscient de renoncer à toutes actions politiques, religieuses ou autres… pouvant mettre en péril la neutralité exigée de tout militaire dans et en dehors de ses fonctions. En revanche, cela ne m’obligeait absolument pas à me départir de mon sens critique, ne m’interdisait pas de penser et d’être suffisamment lucide pour me sentir entouré de beaucoup de haines; j’ai ainsi appris à mes dépends que tout le monde est loin d’être gentil. La malveillance, même au sein de la Légion fait partie du mode de vie de bon nombre d’entre nous qui, bien qu’honnêtes, sont dotés d’une formidable puissance de nuisance et l’actualité de nos sociétés, civile et militaire, démontre - si besoin était- la justesse de ces propos.
Sans vouloir donner de leçon, ce qui ne saurait être de mise, il est, à mon avis, grand temps de prendre conscience que nous subirons dans un temps très proche, l’accentuation des effets d’une mondialisation galopante, et que nos petits soucis nationaux seront confrontés aux difficultés d’un monde en évolution accélérée, auquel nous ne saurions échapper face à une pandémie galopante. A la Légion nous avions, avant tout le monde, compris qu’il ne nous fallait compter que sur nous-mêmes. Après ce constat, des solutions furent imaginées puis concrétisées par les réalisations des hébergements pour anciens légionnaires à Auriol et Puyloubier. Par précaution, nous n’avons pas souhaité mettre tous nos « œufs dans le même panier » en donnant à la Maison du légionnaire d’Auriol un statut d’indépendance à l’abri de l’association-loi 1901. Nous avons fait le choix, pour ces deux maisons, d’imposer un but commun inscrit dans les statuts : « apporter un soutien moral et physique aux anciens légionnaires en difficulté » en les plaçant chez eux et non chez les autres dans un environnement de confiance à l’abri d’une société civile où la parole n’a plus de sens ni de valeur, et où l’égalité et la santé seront différentes selon que vous soyez "puissant ou misérable" et qui s’appliqueront au gré des lubies d’hommes politiques changeants, faisant de ce qui est vrai aujourd’hui, un mensonge de demain...
Même ensemble, nous ne serons jamais assez forts pour faire face aux changements qui se préparent, dans les domaines politique, religieux, financiers… aussi bien au plan national, qu’international. Nous avons parfaitement compris, doux euphémisme de bienséance, que des changements importants sont clairement amorcés, visibles par tous, qui nous conduiront inéluctablement vers des destins pressentis, devinés, connus, avenir effrayant pour une société en pleine transformation.
Le Chef d’état-major de l’armée de terre, le général Thierry Burkhard ne s’est pas trompé avec ses récentes déclarations concernant sa « Vision » statégique pour 2030. Pour notre malheur, les décideurs restent ces personnages que les Français ont mis en place conformément aux règles d’un suffrage universel intouchable. L’Armée n’est indiscutablement plus ce qu’elle prétend encore être, c’est un fait qui ne souffre plus aucune discussion. Les temps changent, elle doit, probablement, rester en phase avec son temps, mais elle a tellement subi de changements, de réformes et de délocalisations que ce ne sont plus les guerres auxquelles elle a été récemment confrontée, qui marquent encore la grandeur et la servitude des militaires aux yeux de nombreux citoyennes et citoyens.
Tout ceci démontre bien la prescience légionnaire, que j’évoquais plus haut, avec cette intelligence et ce sens de l’opportunité à bon escient, de se doter de structures d’accueil pour les anciens en difficulté. Nous n’échapperons pas à l’ogre mondialiste d’une «très petite bestiole » qui avance en avalant tout sur son passage.
Un jeune retraité me disait récemment: « la Légion m’a fait homme libre, il est temps que j’en profite. Certes, je suis enchaîné d’honneur et de fidélité, mais je serais trahi si cette fidélité ne s’applique que dans un sens… si tel était le cas, le contrat moral serait alors rompu… »
Anciens de la Légion étrangère, restons unis autour de notre Fédération, cela aussi, pour notre institution, c’est une forme de survie !
CM