Désemparé, frustré, abandonné, il m’arrive une chose inattendue qui me laisse sans arme et qui heureusement n’est que provisoire puisqu’il existe toujours une solution même aux problèmes les plus préoccupants. Rassurez-vous, il ne s’agit pas d’un événement d’une importance capitale, d’une incontournable et implacable situation qui risque de changer mon regard sur l’existence, une de ces conséquences horribles d’un spectacle quotidien riche en catastrophes naturelles et autres… Non, je ne peux plus, tout simplement, utiliser internet, ma ligne est en dérangement ! Et en plus, en plein confinement…
J’exagère mais je suis exaspéré, en fait, j’utilise des mots inappropriés pour un « non-évènements » tout juste banal et courant, mais, quand même, j’ai pour la première fois une bonne vision de ce qu’est devenu mon quotidien. Aujourd’hui, je comprends l’insupportable dépendance qui est la mienne envahie par la place prise par le net dans ma vie de tous les jours.
Fort de ce constat et des conséquences du violent séisme qui sévit dans ma tête, je décide, sans construction de phrases appropriées, de mettre en application l’enseignement appris à la Légion quand des situations préoccupantes de combat se présentes : la "Méthode de Raisonnements Tactiques" (MRT et non Mrt pour Morisot), aussi, je décide de me placer en état de crise, il me faut réfléchir, prendre du recul, analyser l’impact sur mon quotidien et surtout ne pas rester figé sur le problème. Mon subconscient et mon instinct de survie feront le reste et m’apporteront conseils. Il me faut faire le contraire de ce que j’observe des solutions imposées face à cette préoccupante pandémie qui nous agresse elle aussi au quotidien…
Le dépanneur devrait venir, analyser le pourquoi du comment d’un tel incident, remonter jusqu’à la source et petit à petit remettre en état les organes déficients ou redonner une marche normale au « système » en présentant les précautions indispensables de survie comme règle de conduite.
Mais au fait, je parle bien de ma liaison internet, ne serai-je pas plutôt donneur d’une leçon qui aurait pour nom : crise mondiale ? Il serait bon pour notre société que l’on puisse aussi réagir de cette manière et ainsi, voir si la liaison avec la raison est encore possible… A ce sujet, je me vois, légionnaire en activité de service, me signer une autorisation de déplacement, c’est mon adjudant de compagnie qui aurait été content…
Pour l’heure, calmement je fais confiance aux vrais techniciens et non aux vendeurs d’images qui ne connaissent rien sinon vendre. L’affaire n’est pas simple, c’est pourquoi il serait intéressant de commencer par chercher la cause de la panne. A entendre les bons mots du dépanneur, j’ai bien peur qu’il ne sait pas apporter remède à la chose et ne fait que des promesses sans fin, il me faut autre chose, du concret, après l’analyse de la situation appliquer les gestes efficaces qui me permettront de sortir de cette crise ! si je dois utiliser un appareil qui tourne au ralenti, il me faut m'adapter et accepter un quotidien sans folie.
J’ai conscience qu’un vrai danger se fait jour, celui de me sentir intrus dans un pays pour lequel j'affichais fièrement l'éventualité de lui offrir ma vie.
Il est cinq heures, la ville s’éveille, la radio diffuse des interviews d’hommes et de femmes politiques de tous bords, trop c’est trop, j’entends en filigrane le discours de mon dépanneur à l'identique, je retourne au lit, je fais le choix de préfèrer mes cauchemars… ma liaison internet attendra, pauvre de moi ! Je me retire volontiers du monde.
Demain sera un autre jour, c’est samedi 28 novembre et une forme de liberté m’est proposée avec l’allégement du confinement, je vais pouvoir me promener au-delà du simple kilomètre et retrouver mon libraire. Demain je retrouve la raison, je retourne à mes lectures, le temps de faire sortir de ma tête, internet et l’intoxication provoquée par les effets secondaire d’une société soignée de la peste par des choix contestables ou mal compris.
Néanmoins, le combat n’est pas gagné et l’avenir ne nous appartient plus !
CM