Antoine nous ramène sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle.

Une leçon d'humilité, construite autour de belles sensations simples, d'une rencontre avec lui-même à jamais ancrée dans un coin de sa mémoire où s'incrustent à jamais les marques de gentillesse et les petits bonheurs gratuits. Antoine fréquente ces formes indéfinies, mal ébauchées, imaginées en  chrysalides et qui se transforment en magnifiques  papillons que sont les symboles de liberté, d'espoir, de sérénité, de fierté personnelle et de constats sans concession. Accomplissement d'une rude épreuve qui ne peut être  utile qu'à lui-même.

la retraite mène à tout, mon bon Antoine ! Ne te trompe pas de chemin et garde des forces pour en revenir et nous raconter  jusqu'où peut nous porter un challenge solitaire choisi, celui qui fait oublier un temps ce monde où les gens ne savent que penser à leur confort matériel et à eux-même. Ton chemin était une longue et lourde réflexion, la philosophie n'a d'intérêt et d'utilité que si elle reste une activité libre, une activité de libération. Elle invite chacun à penser sa vie et à la vivre ensuite selon ses propres interprétations et donner, éventuellement, une nouvelle orientation à sa vie. Ce n'est pas un symbole de force physique, mais bien un modèle de résistance et d'engagement moral où l'être humain expérimente sa capacité de faire face à l'adversité ou aux frustrations, il vérifie son potentiel en oubliant toute forme d'orgueil. Sénèque disait, concernant les travaux d'Hercule que ce dernier considérait: " qu'il se trouvait distingué, élu par la souffrance ainsi la partie de son âme douée de raison arrivait-elle  à mépriser les maux dont elle souffrait..."

Bonne lecture.

CM

Après la lecture de l’excellente réflexion de notre ami Christian sur la marche et qu’il a intitulée « Le marcheur parisien », je me suis remis à penser à Saint Jacques de Compostelle et au pèlerinage dont cette ville est le but.

Le chemin de Saint Jacques est venu à moi à travers ma connaissance de cette ville, où habite l’un de mes amis, et aussi à travers les récits et l’enthousiasme d’une inestimable amie qui l’a fait deux fois. L’une de ces fois, accompagnée de sa sœur et de ses deux neveux : une fillette de 10 ans et un garçon de 13.

Certains de leurs récits de portions du voyage, joyeux ou désespérés, m’ont procuré d’excellents moments de franche rigolade. Je les revois en photo, équipés de ponchos et marchant sous la pluie, ressemblant tout à fait à deux oiseaux dépenaillés…

Les « je te déteste » du parcours, adressés à la tante, alternaient avec des « dégaine ta carte bleue » à l’étape… Les récits des deux adultes m’ont donné réellement envie de découvrir ce « camino » que des milliers de personnes, de nationalités diverses, empruntent.

Il y a là, du mysticisme religieux  à l’exploit sportif, une volonté farouche de voir, de constater, de ressentir des émotions qui ne sont accessibles qu’aux marcheurs, à ceux qui se lancent sur ces chemins de Compostelle dont la cathédrale devient une quête, le quasi inaccessible que l’on doit atteindre. Certains en rêvent, d’autres le font !

Un aumônier militaire, affecté à la maison-mère, m’avait appris qu’il avait fait le pèlerinage en hiver. Moins d’encombrement, certes, mais bien plus de difficultés. Je ne suis pas particulièrement masochiste, mais j’ai décidé de parcourir ces routes et ces pistes au début de la mauvaise saison, aussi.

La retraite, bien que pensée et organisée, était pesante. Je me découvrais totalement incapable d’inaction. J’avais pourtant d’innombrables hobbies. Cherchais-je un nouveau cap à donner à ma vie ? Une simple distraction ? Me prouver mes capacités physiques ? C’est probable… mais j’étais conscient que cela se terminerait et m’obligerait à revenir à la case de départ du Monopoly du retraité.

Capitale européenne des chemins de Saint-Jacques de Compostelle, le Puy en Velay voit chaque année de nombreux pélerins ( dont notre Directeur-général le colonel (er) Jean Habourdin et son Epouse) dévaler les marches de sa cathédrale pour s'en aller sur le célèbre GR 65.

Le « Camino » a surgi comme une « lumière », un moment de pause, d’arrêt, de réflexion. Ce fut un voyage complètement différent de tous ceux que j’avais entrepris jusque-là. Que voulais-je ? Où allais-je ? Qu’est-ce qui ne me rendait pas heureux, conscient que j’étais d’avoir vécu une vie professionnelle et sociale trépidante, pleine d’imprévus, de rencontres uniques, de lieux, de moments… ? C’étaient quelques-unes des questions que je me posais au quotidien. Cette longue marche m’a rappelé, qu’au final, c’est nous qui devons chercher dans nous-mêmes de nouveaux chemins et rester attentifs aux signaux que nous fait la vie.

Ce fut une expérience inoubliable, une sensation de liberté, de non-compromis, de détachement, de confrontation avec moi-même et avec les autres et de recueillement aussi. Malgré, parfois, les difficultés, tout me paraissait magique autour de moi. Il y avait moi et la Nature. La sensation de pureté et de simplicité m’envahissait à chaque instant. Les personnes croisées, les paysages traversés, l’imposant patrimoine rencontré, cathédrales majestueuses ou de simples églises aux précieux retables, témoignant de la foi de nos populations chrétiennes,  le changement de vie par l’abandon, provisoire certes, de mon petit confort convenu, sont inoubliables ! Ma carrière  légionnaire  m’a largement équipé pour affronter toutes sortes de situations, mais le « Camino »    m’a remis en mémoire,   combien les choses simples de la vie sont puissantes et importantes, sinon essentielles!

AM