Alexandra David-Néel disait: “que le plus grand service que l’on pouvait rendre à un être humain était de le rendre intelligent. Aider le peuple à s’élever ne signifiait pas qu’il fallait lui donner de l’argent, mais de la culture, une tête bien faite. Donner de l’argent à un imbécile ne sert à rien, il ne sait pas le dépenser. Le riche ne devrait pas descendre dans l’échelle sociale, mais c’était le pauvre qui devait monter. Etre farouchement contre tout nivellement par le bas”.

Voilà des propos bien génants, comment pourrions nous rendre un être humain plus intelligent puisque notre matière cérébrale dès la naissance ne se développe plus, qu’elle s’adapte à son environnement, et que le nombre de neurones ne saurait augmenter ni en nombre ni en qualité diminuant d’intensité avec l’âge.

Il faudrait laisser le choix à toute personne quant aux orientations et aux choix de vie, mais pour se faire, en prenant l‘exemple de la politique, il faurait pour faire parti d’une organisation, connaître tous les partis. De même pour choisir une religion, connaître les autres religions. Il faut penser diversité des idées pour permettre le bon choix: “on nous baptise à la naissance”.

Il ne faudrait aucune concession sur le fait de vivre ce qu’on croit et ce qu’on vit réellement. Il faut bien reconnaître inacceptable la tiédeur idéologique, ni la non-mise en pratique des idées qu’on professe. Les discours des partis politiques sont creux et tout le monde sait que, face à la réalité, trop souvent il ne reste que les mensonges déguisés en  promesses alléchantes.

Le monde est un mirage et nous ne sommes que des ombres.

L’homme est avant tout un produit de son milieu. Lorsque au fond des mers des cellules surgissent et se différencient de la matière protoplasmique, c’est que des circonstances favorables déterminent cette transformation. L’évolution des cellules s’accomplit ensuite selon les milieux avec lesquels elles entrent en contact. C’est à l’influence des circonstances ambiantes que nous devons d’être parvenus à l’humanité. A un certain point, le monde végétal et les cellules animales furent nos ancêtres primitifs.

Mais dès sa prise de conscience, le premier sentiment que l’on voit poindre à l’origine de la pensée humaine est la crainte et le désir de protection. L’homme ne se sentait pas la force nécessaire pour lutter contre la nature et commence à désirer échapper à son absolue domination cherchant en dehors de lui même des protecteurs qu’il croit plus puissants et abdique entre leurs mains le soin de sa défense. Ainsi, l’homme devient esclave des chimères qu’il a enfantées, oubliant qu’elles n’existent que par lui, il se soumet à ses fictions. Les maîtres commandent au nom d’une idole quelconque appelée Dieu, idée ou principe, ils n’ont pas besoin d’être présents pour obtenir d’où ils tirent leur autorité. Le premier législateur est prêtre, le premier système social est la théocratie qui n’est qu’une forme de l’obéissance.

La vie des hommes est pareille à une plage que de hautes vagues balaient et recommencent par moments. Les vagues redescendent, la plage est redevenue ce qu’elle était avant…

Destin galopant s’il en est, dotée d’une vitalité qui tient du prodige, je me demande comment dans les années 20, madame Alexandra David-Néel pouvait-elle, à cette époque, évoquer tant de personnages: anarchiste, bourgeoise, bouddhiste, cantatrice, orientaliste, exploratrice, journaliste, écrivain…

Quelle leçon d’endurance, elle bondissait sans cesse en mouvement au point que, devenue centenaire, sa première demande était pour renouveler son passeport !

Adolescent, je me passionnais pour ses écrits d’aventures et d’explorations, j’étais impressionné par sa manière de penser, mes lectures contribuèrent fortement à donner un sens à ma vie qui était trop marqué  de la tristesse des gens du Nord qui  savaient si bien s’amuser lors des fêtes mais qui subissaient surtout un quotidien trop présent, trop rude, qui ne leur laissait aucun chance de changer un destin programmé qui n’offrait à mes yeux aucun intérêt.

Il est dit que nos lectures nous parlent un langage qui reste caché dans un coin au fond de nos mémoires et qu’elles orientent toute notre vie, nos goûts, nos amours, nos pensées, nos sentiments, notre manière de vivre.

Je savais qu’il me fallait bouger et ne pas être cette “huître” parfaitement décrite dans un passage que je garde précieusement tellement il me ressemble.

Au retour d’une permission après un séjour de plusieurs années passé à Madagascar, mon frère me disait que je ne devais jamais oublier d’où je venais et me sentir “Dunkerquois”. En réponse, je parodiais le passage du livre d’Alexandra qui ne me quittait jamais:

“tout ces gens là, font partie de ce que j’appelle “ma vie à Dunkerque”. Après tout, je l’oublie parfois, mais je suis à moitié belge aussi et j’ai passé toute une partie de ma jeunesse à Ostende… C’est égal, il ne me déplait pas de me retrourner de temps en temps, mais s’il m’y fallait demeurer, cela me serait impossible… Au fait, je crois que cela m’a toujours été et me serait plus que jamais pénible de demeurer quelque part. Drôle et inconcevable idée qu’ont les gens de s’attacher à un endroit comme des huîtres à leur banc, quand il y a tant à voir de par le vaste monde et tant d’horizons à découvrir.

Je souhaitais échapper à ce destin d’huître. Je voulais être libre, comme la lumière souveraine qui ignore les obstacles.”

La Légion a été pour moi la solution !

CM