PyC nous le connaissons pour son amour de la peinture, c’est un homme libre qui vit ses passions sans concession. C’est peu de dire combien il est sensible à notre comédie humaine et aux transformations d’une société qui évolue sans contrôle influencée par un monde qui bouge et qui est marquée de nos jours par une pandémie envahissante. Ses réflexions ressemblent à celles de ceux qui regardent changer, au fil du temps qui passe, ce qui faisait dans un passé récent nos manières de vivre et de penser. Pour bien comprendre la famille aujourd’hui, un retour sur les évolutions passées est nécessaire. De même qu’il importe de connaître quelques clés pour anticiper les métamorphoses que les liens de couple ou les liens filiaux ne manqueront pas de connaître encore. Au terme de grandes mutations, la famille a beaucoup changé, en même temps que la place de ses différents membres, leur rôle et surtout leurs attentes. Louis surprend, il m’a toujours surpris par la justesse de ses propos concernant de nombreux sujets que nous aimons développer dans des discussions sans fin. Il avait le souci de nous faire partager ses réflexions qui nous révèlent un homme bien dans sa tête, bien dans ses pensées, bien dans son époque et qui nous livre un constat sans besoin impérieux de donner la leçon. Bonne lecture !
CM
Comme tout un chacun, j'entends ici où là parler de la famille, du danger qui la menace et de sa fin prochaine. Il se trouve que le sujet m'intéresse car j'y suis viscéralement attaché. Je fais parti de ceux qui considèrent que la famille est un noyau intouchable. Il ne sagit pas d'un refus aveugle à tout changement poussé par une idéologie quelconque. Mais, quiconque peut constater qu'au sein d'une entreprise, d'une association, d'un groupe etc., où la solidarité et la bonne ambiance règnent, la comparaison avec la famille est évoquée. Ne dit-on pas que la légion est une grande famille ? Donc la famille rassure, alors qui cherche à détruire un havre aussi rassurant ?
Il est vrai que la grande “smala” de mon enfance n'existe plus. Pourquoi ? La vie a changé, me répondriez- vous. Pour comprendre objectivement ce changement, je me suis penché sur cette évolution, afin d'essayer de définir ce qu'est la famille de nos jours, en bref, un petit état des lieux.
Il est vrai que “ la vie a changé”. Notre cadre de vie est soumis aux mutations les plus rapides qui se soient jamais produites. Ce flot de changements et de nouveautés qui déferle sur nous se répand dans nos entreprises, notre environnement, nos rapports sociaux, notre alimentation et s'infiltre dans notre vie privée où il expose la famille à des tensions sans précédent dans l'histoire de l'humanité.
“ La vie a changé”: Une évolution vers la société de l'éphémère.
Dans le passé, la continuité était l'idéal. Un ouvrage devait durer dans le temps. Que ce soit la confection d'une paire de chaussure ou la construction d'une cathédrale, l'homme s'ingéniait à rendre son oeuvre aussi résistante que possible. Il y était obligé, car il vivait dans une société qui connaissait peu de changement, dans laquelle chaque objet avait une fonction bien définie et la logique économique amenait à une politique de la permanence.
L'ère industrielle donne une accélération générale du rythme de l'évolution sociale et la politique de la permanence cède la place à l'économie du provisoire;
D'une part, les progrés technologiques nous amènent à remplacer les objets plutôt que de les réparer, c'est moins chère et plus rapide. Du point de vue économique, la fabrication d'objets bon marché et jetable aprés usage, est un choix rationnel.
D'autre part, les progrés de la technologie permettent un progrés constant de l'objet. La cinquième génération de téléphones portables est meilleur que la quatrième. Comme on peut prévoir que la science et la technique amèneront des améliorations, il est plus sage économiquement parlant, de construire pour une durée limitée et de ce fait la sixième génération de téléphones portables remplacera trés rapidement la cinquième.
finalement, l'évolution s'accélérant, il devient souvent difficile d'imaginer les besoins de demain. Conscient de l'inéluctabilité du changement, mais ne sachant pas trop à quelles exigences nous devrons faire face, nous évitons d'engager des moyens importants sur des objets non modifiables. Aussi, les objets deviennent jetables ou adaptables voir modulables. Dans l'armée on connait bien les modules.
L'essor de la société dite de consommation et du tout jetable est une réaction à ces pressions irrésistibles. L'homme doit donc s'adapter à cette poussée générale vers l'éphémère qui rend les objets périssables et son comportement évolue peu à peu vers un rapport de plus en plus bref avec les choses et, par voies de conséquences, avec le monde et les êtres qui l'entourent
“ La vie a changé”: Un changement trop rapide.
L'esprit de cette société “klinex” agit dans notre vie de tous les jours; des produits que nous achetons et que nous jetons, certes, mais aussi des endroits que nous quittons, des gens qui traversent notre vie à une allure de plus en plus rapide, dans l'amitié et la famille.
Cet esprit est un vent de changement ultra-rapide, un mistral si puissant qu'il bouleverse nos institutions, ébranle nos valeurs et s'attaque à nos racines.
L'accélération du changement a été, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, une force de premier ordre. Cette poussée vers l'avant a eu des conséquences tant personnelles et psychologiques que sociologiques. En ce début du XXI° siècle, si nous n'apprenons pas à contrôler le rythme du changement dans nos vies personnelles comme dans la société dans son ensemble, nous serons voués à une crise d'adaptation collective . Car le plus souvent, ce n'est pas le changement en soit qui gène, mais son rythme, il a en lui même des conséquences parfois plus importantes que la direction à suivre.
Jadis les métiers évoluaient lentement, un père transmettait son savoir à son fils qui lui même, aprés quelques variantes, le transmettait au sien. Actuellement, les métiers changent profondéments, certains disparaissent et d'autres naissent. Prenez par exemple, un clin d'oeil pour notre revue Képi Blanc, l'apprenti imprimeur des années soixante dix qui tape ses textes sur une intertype qui compose des lignes-blocs en plomb. La decennies suivante il se recycle sur la photocomposeuse qui les sort sur film et la suivante sur l'ordinateur qui lui même évolue tout les trois ans en moyenne, cet homme n'est pas encore à la retraite qu'il a changé radicalement la manière d'exercer son métier.
Même la famille plie, tel le roseau, sous ce violent mistral du changement. Elle fût surnommée “le grand pare-chocs de la société”, car elle était, et reste encore, le sanctuaire où les êtres meurtris reviennent aprés avoir livré bataille au monde, le point stable et rassurant dans un monde en mouvement. Dans cette période de crise, la solidarité familiale joue encore ce rôle. Cependant, l'industrialisation à outrance a mué en “industrie mondialisée” et cette mondialisation, globalisation voir uniformisation met la “famille-pare-chocs” à rudes épreuves.
“ La vie a changé”: La famille est élaguée.
Autrefois, la famille typique comprenait de nombreux enfants, mais aussi toute une série de parents, grands
parents, oncles, tantes et cousins, en bref, la smala dont je parlais plus haut. Ces familles “étendues”, adaptées au rythme lent des sociétés agricoles, sont difficiles à transporter, elles sont immobiles.
L'industrialisation exigeait des masses de travailleurs à même de se déplacer chaque fois que la nécessitait s'en présentait. Aussi la famille s'est elle progressivement libérée des poids inutiles pour donner naissance à la famille “élémentaire”, simplifiée à l'extrême, comprenant le couple et ses nombreux enfants. Ce noyau de style nouveau est mobile, il devient le modèle standard parce qu'il est adapté à la société industrielle.
Au stade suivant de l'évolution, “l'industrie mondialisée” exige une mobilité plus grande et l'on voit se répandre la famille “light”, un enfant voir deux. Cependant il apparait déjà des familles volontairement réduites à ses composantes fondamentales, un homme et une femme. En général, deux personnes exerçant des carrières parallèles et aux déménagements multiples qui se trouvent parfois en situation de “célibat géographique”. Cette situation de “célibataire géographique” se trouve également dans des familles traditionnelles, plus lourdes à transporter.
Les hommes et les femmes d'aujourd'hui sont souvent déchirés entre leurs carrières et leurs désires d'avoir des enfants. Une solution de compromis consiste à repousser à plus tard la mise au monde des enfants plutôt que d'y renoncer complètement. Certains attendent d'arriver au bout de leurs carrières pour avoir des enfants, car la science permet de dissocier la maternité de sa base biologique, seuls le respect de la tradition, ou le choix personnel, justifie d'enfanter quand on est jeune. La famille commencerait - elle à l'âge de la retraite ?
“ La vie a changé”: Le concept de parents aussi. La maternité.
La femme a appris depuis le début de l'humanité que sa mission fondamentale est la propagation et la nutrition de la race humaine. Presque toutes sont fières de leur faculté de mettre au monde des enfants et l'aura particulière qui glorifie la femme enceinte tient une grande place dans la littérature de l'Occident et de l'Orient.
Il saute aux yeux que le premier coup porté à la famille vient des méthodes de production, les greffes d'embryons et la gestation in-vitro. La possibilité de choisir à l'avance d'avoir des jumeaux, des triplés ou des quintuplés arrive sur le marché. Celle de choisir le sexe et de“programmer” les aspects physiques, le QI et les traits de personnalité doit être maintenant envisagé. Biensur, certaines méthodes ont permis à des femmes, ne pouvant avoir d'enfant, d'être mères, c'est le bon côté de la chose, mais il est illusoire de croire que les progrés de la science et de la technologie, ou tout simplement de la biologie de la reproduction s'arrêteront là. Ces progrés risquent de réduire en miettes toutes les idées conventionnelles sur la famille et ses responsabilités. Que devient la notion de maternité si l'enfant qu'une femme porte en son sein n'est pas à proprement parlé le sien, mais le fruit d'un ovule génétiquement “supérieur”, tiré d'une femme et greffé sur elle ou même synthétisé dans une machine? Une chose est certaine; nous sommes en train de tuer la mystique de la maternité.
La paternité
Pour l'homme le concept de paternité sera lui aussi soumis à une révision radicale. le Dr Béatrice Mintz, biologiste de l'évolution à l'institut de recherches sur le cancer de Philadelphie, à obtenu, Il y a quelques décennies, ce que l'on appelle des “multi-souris”, c'est à dire des souris ayant chacune un nombre de parents supérieur à l'ordinaire; On prélève un embryon sur deux souris enceintes et on les places tous les deux dans un récipient où on les nourrit jusqu'à ce qu'ils forment une masse vivante unique. On l'introduit alors dans l'utérus d'une troisième souris femelle. Le bébé qui naît possède les caractéristiques génétiques des deux séries de parents. Ainsi une multi-souris typique a le poil et les moustaches blancs sur un côté du museau et noirs sur l'autre, et des rayures alternées blanches et noires sur le reste du corps. Plus d'un millier de multi- souris obtenus de cette façon ont déjà engendré plus de 50 000 rejetons. Puisque la multi-souris existe déja, et depuis longtemps, à quant l'arrivé du “multi-homme” ?
Dans cette situation qui est le parent ? Quand une femme porte en son sein un embryon conçu dans l'utérus d'une autre femme, qui est la mère ? Et qui est au juste le père ?
Si de plus, un couple a la possibilité d'acheter un embryon “sur étagère”, la parenté deviendra une question légale et non biologique.
Parents professionnels.
A l'heure où le système traditionnel est mis à rudes épreuves, où la délinquance juvénile est en trés forte augmentation, où des milliers de jeunes s'enfuient de chez eux, où la drogue fait des ravages parmi eux, il est vraisemblable qu'un “ras-le-bol” général s'élèvera contre l'amateurisme parentale. Cependant, des organismes d'état en charge des familles, ont depuis longtemps déjà, donné l'alerte. La question posée est: “Comment permettons-nous à n'importe qui, sans nous soucier de leurs qualités mentales ou morales de s'improviser parent, alors que dans tous les métiers, les personnels doivent subir des tests établissant leurs compétences avant d'oeuvrer”, surtout ceux entourant l'enfant.Il existe depuis de trés nombreuses années un courant “caché” mais trés puissant, venant des Anglo-Saxons, en faveur du professionnalisme des parents. Actuellement des millions de parents à travers le monde se déssaisiraient sans hésiter de leurs responsabilités parentales, non par manque d'amour ou de sens du devoir, mais pris par un tel désarroi qu'ils en arrivent à se considérer inapte à remplir leur mission. Les parents professionnels seraient de vrais unités familiales chargées d'éléver des enfants et payées pour cette tâche. Ces familles embrasseraient plusieurs générations afin d'offrir aux enfants toute une gamme de modèles de comportement adultes, un peu comme les foyers des fermiers d'autrefois. Elles n'aurons pas à déménager à intervalles répétés.
“ La vie a changé”: Differentes formes de familles.
Hormis la famille traditionnelle, un homme marié à une femme et leurs enfants, il existe d'autres unités familiales légales ou non.
La famille recomposée.

Qui était nommée il y a une quarantaine d'années “ famille de pièces et de morceaux”. C'est une unité trés répandue de nos jour, qui se fonde sur les rapports entre couples divorcés et remariés et qui regroupe tous les enfants au sein d'”une seule grande famille” avec un cadre juridique pour définir la garde des enfants.
La famille hors mariage.
Une famille traditionnelle mais sans mariage ni engagement légal, que je nommerai à “tacite reconduction”. Elle évolue parfois vers le concubinage notoire et, ou, le PACS. De ce fait elle est reconnue par la loi
La famille communautaire.
L'éphémère à pour effet d'accroître la solitude et l'aliénation de l'individu dans la société. Vivre en commun avec plusieurs autres adultes et des enfants au sein d'une seule “famille” sert d'assurance contre l'isolement. Certains aux USA ont demandé la légalisation d'une “Famille collective” dans laquelle de trois à six adultes adopteraient un nom commun, vivraient et élèveraient des enfants sous le même toit et seraient reconnus par la loi en tant que personne morale bénéficiant de certains avantages économiques et fiscaux. Cela n'a pas éte légalisé, mais il existe déjà, au grand jour ou en cachette, des centaines de communes éparpillées à travers le monde. Leurs objectifs peuvent être sociaux, religieux, politiques ou récréatifs.
Au Danemark, un projet de loi a déjà été posé devant le Folketing , parlement, afin de légitimer le mariage par groupe. Il n'a pas été adopté, mais le simple fait qu'il ait pu être introduit est en soi-même un symbole significatif. Il existe un autre type d'unité familale, non adopté par la loi, que l'on peut appeler “la commune des gérontes”.
Le mariage par groupe de gens âgés réunis par un besoin commun de compagnie et d'assistance. Libérés de toute activité productive et de la nécessité de se déplacer que celle-ci impliquait, ils pourront “faire la noce” dans la mesure où leur âge le leur permettra.
L'essor des communes va à l'encontre de la tendance à une plus grande mobilité géographique engendrée par la poussée vers l'hyper-industrialisation. Pour cette raison ces communes ont proliféré dans les couches de la société non soumises à la contrainte industrielle; étudiants, professions libérales, retraités et personnes en rupture de ban. Actuellement, le net permet aux gens d'exercer des activités à domicile, cette “expérience communautaire” pourra maintenant s'étendre et revendiquer un cadre légal.
La famille monoparentale.
Je ne parlerai pas de celle issue de la séparation d'une famille traditionnelle où d'une femme ayant des enfants naturelles, mais d'enfants adoptés par une femme ou un homme. En 1965, déjà, Tonny Piazza, musicien de 38 ans, fût le premier homme de l'Orégon, voir des USA , à se voir le droit d'adopter un bébé. Inutile de préciser que le cas à fait jurisprudence.
La famille homosexuelle.
Jadis l'homosexualité était un crime punit de mort, puis elle est devenue un délit avec une peine beaucoup moins sévère. Aprés la seconde guerre mondiale, l'Angleterre à modifié sa législation à cette égard; les rapports homosexuels entre adultes consentants ne sont plus tenus pour un délit. Peu aprés au USA, un congrés de pasteurs de l'Eglise épiscopale a déclaré publiquement que “dans certaines circonstances l'homosexualité pourrait étre considérée comme bonne”. En Hollande, dés la fin des années soixantes, un prêtre catholique a “marié” deux homosexuels en expliquant face aux critiques “ils font partie du troupeau des fidèles qu'il faut aider”. La France a modifié sa législation pour considérer que ce n'est plus un délit, en 1982 ou 83 ( de mémoire).
S'étant peu à peu affranchie de l'ostracisme qui la frappait, l'homosexualité a franchi un autre pas et dans quelques pays la législation permet de fonder une famille homosexuelle. je parle d'une famille à composante fondamentale: deux femmes ou deux hommes. Mais l'adoption d'enfants par une femme ou un homme, comme je le dis plus haut, a fait jurisprudence. En règle générale, lorsqu'on accorde un mariage, c'est que l'on considère que les mariés peuvent faire des parents convenables.
La famille Polygame.
Elle existe de manière légale dans les pays musulmans mais aussi chez les mormons orthodoxes dans l'Utah aux USA. Un relâchement progressif des tabous contre la polygamie se fait sentir dans les pays occidentaux. L'attitude des gens envers le sexe s'assouplit, les droits de propriétés perdent de l'importance et la généralisation de la mobilité contraint les hommes et les femmes à passer un temps considérable loin de chez eux. Tout cela facilite les rencontres, l'adultère simple ou à répétition, les divorces avec parfois un remariage voir des mariages en serie, quant aux plus “discrets”, la polygamie non légale. Selon Jessie Bernard, sociologue de la famille de renommé mondiale, “ Le mariage multiple est plus répandu chez nous aujourd'hui que dans les sociétés où la polygamie est admise, avec pour seule différence que nous l'avons consacré sous forme de série ou d'enchaînement de mariages et non sous celle d'un ensemble d'unions contemporaines” Couples sans enfants, parents professionnels, familles recomposées, familles à tacite reconduction, familles communautaires, familles monoparentales, familles homosexuelles, polygamie, voilà quelques formes de familles qui apparaissent actuellement. Toutefois, tous parmi nous ne consentiront pas à se livrer à de telles expériences. Quel sera le sort de la majorité ?
“ La vie a vraiment changé”: et le prix de la liberté augmente.
Un monde où le mariage est temporaire et non plus permanent, où la famille assume des formes diverses et fort pittoresques, où les homsexuels peuvent constituer des parents convenables et les parents professionnels élever des enfants, un monde comme celui là est profondément différent du notre et pourtant c'est celui que nous façonnons et léguerons à nos enfants.
A coup sûr, le rapport entre l'enfant et la famille sera soumis à un bouleversement radical. La famille perdra sa fonction de transmission des valeurs à la jeune génération. Ce phénomène contribuera à accélérer davantage le rythme du changement et à intensifier les difficultés qui s'y rapportent.
Toutefois, au delà de toutes ces transformations se profile un phénomène beaucoup plus subtil, qui peut les
réduire au rang de futilités. Les activités humaines obeissent à un rythme caché qui a, jusqu'à maintenant, constitué l'une des forces clés pour l'équilibre de la société: le cycle de la vie familiale.
Nous commençons par être enfant, nous grandissant, nous quittons le foyer familial, nous donnons naissance à des enfants qui, à leur tour, grandissent, nous quittent et le processus recommence. Jusqu'à maintenant ce cycle s'est déroulé avec un automatisme et une régularité si implacable que les hommes l'ont toujours tenu pour établi. Cette succéssion prévisible d'évènements familiaux n'a cessé de nantir les hommes d'un sentiment de continuité, d'une place dans l'ordre temporel des choses, quelques soit leur société ou leur tribu. Le cycle de la vie familiale est l'une des constantes nécessaires à l'équilibre psychique de l'homme.
Aujourd'hui, comme l'a dit le Dr Berenice Neugarten, spécialiste de l'évolution de la famille rattaché à l'université de Chicago “Le rythme des évènements à chaque stade de la vie familiale tend à s'accélérer”. L'industrialisation, avec sa cadence frénétique, a accéléré le processus, l'industrie mondialisée menace de la pulvériser. Les expériences pittoresques que les minorités d'avant-garde tente sur la famille, l'augmentation des mariages temporaires ou en série, l'apparition probable d'institutions comme la parenté professionnelle etc,. En bref l'accumulation de tous ces phénomènes fait que, non seulement nous donnons au cycle un mouvement encore plus rapide, mais qu'en plus nous introduisons l'irrégularité, l'inattendu, en un mot la nouveauté et nous créerons l'incertitude dans ce qui était autrefois un processus aussi régulier que les saisons.
Il est en notre pouvoir de modeler le changement. Nous pouvons choisir un futur à un autre, mais nous ne pouvons pas perpétuer le passé. Dans le domaine des formes familiales comme dans ceux de l'économie, de la science, de la technologie ou des relations sociales, nous sommes acculés à regarder en face le monde nouveau.
Ce monde nouveau libérera peut être les hommes de bien des situations “barbares” dû aux structures familiales “restrictives” du présent, Il offrira certainement à chacun un degré de liberté jusqu'ici inconnu, mais il demandera pour cela un prix exorbitant.
PyC
PS: Notez que nos cinq derniers présidents de la république avaient des familles de formes différentes: une famille hors mariage à tacite reconduction, séparation et une autre famille Recomposée; avec des mariages en série.
Traditionnelle; une famille officielle et des maitresses à répétition.
Polygame; une famille officielle et une famille cachée jusqu'au mariage d'un jeune homme avec son institutrice divorcée pour l'occasion...