Avant propos :
Ceci n’est pas un article politique polémique, ce n’est pas notre vocation, néanmoins un constat est un constat, il ne doit pas souffrir d’interprétations, de même à l’issue de cet article, un de nos Jeunes Anciens Légionnaires (JAL) nous parle de ce qu’il a gardé de son séjour en Afghanistan, son témoignage est sous sa responsabilité.
Pour l’heure, les Américains semblent pressés de partir, ils ont avancé la date du rapatriement de leurs troupes du 11 septembre 2021 au 4 juillet. Ces dates symboliques sont d’ailleurs étranges alors qu’il s’agit de prendre acte d’une défaite.
Plusieurs points sont tout de même très déconcertants dans la décision américaine.
Tout d’abord, les autorités afghanes ont été exclues des discussions sur l’accord de Doha. Étrange façon de traiter son allié dont la position est déjà plus que fragile. « La façon dont les États-Unis partent est une atteinte à l’engagement réciproque de coopération », a déclaré le vice-président afghan Amrullah Saleh dans un entretien au journal Le Monde, le 7 mai dernier. Cette amertume en dit long sur le climat de confiance qui règne entre Washington et Kaboul.
De plus, les talibans ont lancé plusieurs offensives, dans le nord et le sud du pays. L’aviation américaine est intervenue pour les arrêter mais il y a là une contradiction flagrante entre les mots et ce qui se passe réellement sur le terrain. Les talibans n’ont jamais démontré qu’ils souhaitaient la paix en Afghanistan. Ils agissent comme si le retrait américain était un cadeau inespéré dont il convient de profiter au plus vite.
Le district d'Alasay, en Kapisa, est tombé aux mains des talibans. Tagab le serait aussi...
Les talibans se sont emparés, mercredi, de quatre nouveaux districts. Selon la chaîne locale - Alasay dans la province de Kapisa.
Ce dernier district, à l'est de Tagab, est bien connu des soldats français déployés en Surobi et en Kapisa, entre 2008 et 2012.
54 soldats français sont morts en Kapisa et en Surobi. Un secteur où, en fait, une OMLT française était déjà présente depuis octobre 2007.
C'est dans ce district d'Alasay qu'en 2009, les chasseurs alpins du colonel Le Nen sont passés à l'offensive pour sécuriser le secteur et permettre l'édification de deux COP pour l'armée afghane (ANA). Cette zone était aux mains des insurgés depuis 2006. L'opération coûtera la vie à un soldat français. On lira ici le témoignage du lieutenant Benoît de Guillebon, chef de la 1ere section de la 4ème compagnie du 27ème bataillon de chasseurs alpins.
La chute du district a été confirmée et une vidéo circulait mercredi montrant une COP désertée par ses défenseurs et une autre un T55 avec des talibans dans une rue de la ville d'Alasay.
Ce jeudi, les talibans ont affirmé s'être aussi emparés du district de Tagab, toujours en Kapisa; d'autres vidéos qui ont alors circulé montraient des soldats et policiers gouvernementaux rejoignant les rangs des insurgés.
Kaboul n'est qu'à 65km de la Kapisa. Certes, la route peut être défendue, en particulier au niveau des gorges de Mahipar. A moins que les talibans foncent vers le nord de la Kapisa puis vers Bagram et redescendent plein sud vers la capitale.
Témoignage d'un de nos JAL (Jeune Ancien Légionnaire):
"A l’aube d’une opération militaire multinationale en Afghanistan depuis le début du 20ème siècle, nous nous retrouvons face à une question fondamentale relative à cette intervention.
Quelle est sa raison et pourquoi sont décédés nos camarades en Afghanistan ?
J’ai participé à cette action en 2010 ensemble avec mes coéquipiers du 2ème REP. Certains d’entre eux ne sont jamais revenus vivants de ce bout de la Terre. Les années passées, je ne cesse pas de m’interroger sur la pertinence de la présence internationale et, plus particulièrement française, sur ce territoire.
A chaque fois quand j’allume une bougie à l’église, je me pose la question : pourquoi sont décédés nos camarades en Afghanistan ? Pourquoi Konrad Rygiel et Robert Hutnik y sont restés ?
En l’absence d’une réponse raisonnable que je puisse me donner en vertu du contexte international actuel, j’adresse cette question à Konrad et Robert et je m’incline devant eux, or, j’estime que leur sacrifice est resté sans contrepartie. Deux jeunes légionnaires qui ont choisi de servir à la Légion Etrangère ont vu leur vie se rompre brutalement lors des actions menés dans les villages afghanes.
Seront-ils d’accord avec les enjeux et l’accomplissement des missions que la Légion leur a confié à travers une politique publique prioritaire ?
C’est plutôt un « non » ferme, or l’intervention de la France en Afghanistan est restée dans l’ombre de sa politique internationale. Les moyens engagés n’ont pas justifiés une telle intervention, sauf pour préserver son statut de force mondiale. Ceux qui ont perdus leur vie en Afghanistan, ne peuvent pas se prévaloir d’une juste cause et d’une mission reussie.
La vie du légionnaire inspire des milliers de jeunes à travers le monde. Signer un contrat avec la Légion, oublier les questions routinières et adopter un style de vie qui permettent de découvrir le monde est une aventure qui fait rêver.
Le légionnaire cite le Code d’honneur chaque jour. Les missions confiées sont sacrées. L’obéissance et la résilience sont, désormais, ses principes de vie. « Legio Patria Nostra » devient sa deuxième nationalité, avant la nationalité française. Il rejoint son pays, Légion étrangère et agit selon les règles et le Code d’Honneur de celle-ci.
Les politiciens, quant à eux, sont très loin d’appréhender un tel rêve. Les objectifs déclinés devant le légionnaire n’ont pas toujours de sens et c’est d’autant pire, que trop souvent l'histoire se renouvelle sans cesse à l'image de l'Indochine et de l'Algérie, le bilan de ces objectifs est lourd et très négatif.
Le contrat signé avec la Légion reste le contrat le plus important dans la vie de chaque légionnaire, actif ou à la retraite et rien ne peut changer ce constat. La Force de l'Honneur habillée d'une fidélité incorruptible!
More Majorum !"
Alexandru Golban, AALE de la Loire.