Je me garderai bien de sortir mon épée pour escrimer avec Antoine connaissant la grande vivacité de mon ami à défendre ses opinions.
Nous n’en sommes pas là et c’est bien heureux. Aussi, je me garderai de donner mon avis, me contentant prudemment de dire que je ne souhaite pas paraître aussi marqué politiquement, quoi que...
Néanmoins, Antoine est un de ces hommes qui ne pratiquent pas la langue de bois, de ceux qui disent toujours ce qu’ils pensent sans fausse pudeur et comme il le dit si bien en guise de conclusion : “l’espoir fait vivre et la foi sauve”. Aucune orientation politique dans ses propos, qu’un simple constat dont il prend l’entière responsabilité, néanmoins, malgrè tout, c’est un partage intéressant et chacun à son niveau retiendra ce qu’il veut bien retenir, après tout c’est aussi ainsi que l’on peut éviter la morosité de certains écrits sans âme, ceux-ci ont au moins l’apparence et le profil d’êtres clairs…
CM
"Res publica" : la mal nommée.
« Non nobis solum nati sumus ortusque nostri partem patria vindicat, partem amici ». Cicéron a écrit ces mots à l’âge de 62 ans, avant d’être assassiné. Entre octobre et novembre de l’an 44 a.C., le penseur a codifié en un texte, sous la forme d’une lettre à son fils, la morale publique. De Officiis. La République était entrée en crise après l’assassinat de César, et la révolution qui grondait la menaçait. En ce temps équivoque de confusion morale, Cicéron a laissé écrits les principes et les idéaux du comportement public, sachant que l’absence de droits politiques corrompt les valeurs morales et que l’absence de justice est sa négation même. Le livre est devenu l’un des piliers de la pensée morale médiévale, étendant son influence à Saint Thomas d’Aquin, Saint Augustin et Erasme. C’est le deuxième livre à avoir été imprimé après la Bible de Gutenberg.
De Officiis demeure d’actualité et plein d’enseignements par ces temps de perturbation de la chose publique, la « res publica » si mal nommée.
Ils ont un coupable pour tout : c’étaient ceux d’avant. Et lorsque ce n’étaient pas ceux-là c’est ceux-ci qui ont bon dos aussi. Il est nécessaire d’en terminer avec ces commodes excuses, avant que le peuple ne termine avec eux. Mais force est de constater que rien ne les séduit tant que de désigner un bouc émissaire, surtout qu’ici ils peuvent lui donner un nom, le désigner à la vindicte populaire, afin de minimiser voire de nier leur incompétence patente… il n’est pas un jour où certain n’évoque pas « la faute d’untel »
Tous bords confondus ont, bien entendu, la liste de leurs pertinences et de ce qu’il faut supprimer - ce qui a été fait par « ceux d’avant » et de ce qu’il faut créer comme nouvelles instances, parfois pour caser de fidèles amis, ou non. Instituts, Banque, commissions, comités, chargés de missions et de rapports, toutes ces aberrations administratives, ces « comités Théodule », créés par la démocratie et surtout chargés de gagner du temps quand le pouvoir en place est incapable de réfléchir par lui-même, malgré les longues années d’attente dans l’antichambre des salons des palais de la république.
Avec la mauvaise foi coutumière et commune aux grands partis de gouvernement, les dénonciations, les fuites à effet politique pour discréditer le parti opposé ou ses membres, pour le détruire ou avoir une sorte de monnaie d’échange dans le scandale, sont mises en œuvre. Ah vous avez eu machin ? Nous aurons untel. Vous n’aimez pas les cons qui ont bâti le « mur des cons » ? Nous n’aimons pas Dudule qui attaque l’intouchable Gentil. Ces sortes de bouffées de chaleur qui assaillent les animaux politiques ont de quoi faire rire, malgré la crise.
Après les protestations d’un politique à la frange agressive et au verbe arrogant de suffisance dans ses rodomontades, de cet autre qui raconte n’importe quoi, le préfet de police immobile proclame que tout va bien, mais qu’il n’a pu empêcher de fondre dans un même moule les gens de la « manifestation pour tous » avec les casseurs du Trocadéro.
La corruption morale pour servir des intérêts spécifiques au nom d’idéologies fumeuses, a permis, sinon provoqué, l’installation dans les sphères dominantes d’un groupe « aggiornato » de compétents et d’incompétents et plus personne ne distingue les uns des autres, ne sépare l’avoine de l’ivraie.
Certains peuvent être mis en examen, d’autres mis dans des conseils d’administration. Une chose est certaine, je n’ai jamais pu constater que des professionnels de la politique allaient pointer à Pôle emploi suite à la perte d’un mandat. Ils sont tous recasés dans la fonction publique dont ils étaient issus, ou dans des cabinets d’avocats pour être plus près des trafics d’influence, ou à Bruxelles ; dans la banque ou sur les étagères de l’Etat attendant que le vent change de direction. Quelques rares retraités – l’animal politique ne rejoint que tardivement sa tanière – qui souvent cumulent retraites diverses et salaire. Les uns sont intelligents, d’autres grossièrement stupides mais tous ont su tirer leurs marrons du feu… à l’aide de nos gants.
Peut-être une nouvelle génération verra-t-elle le jour et qui, se prenant pour Hercules, nettoiera les écuries d’Augias… Entretemps je continuerai de lire Cicéron…
l’espoir fait vivre et la foi sauve !
AM