Création de la 13ème DBLE - Article rédigé par Marie Larroumet
Dans quelques jours, le 20 février prochain, la 13ème Demi-Brigade de Légion Etrangère (13ème DBLE) fêtera le 82ème anniversaire de sa création, rendant ainsi hommage à l’ensemble des glorieux anciens qui ont forgé ce qu’elle est aujourd’hui.

   


Le 20 février 1940, quelques mois après le déclenchement de la Seconde guerre mondiale (1939-1945), un groupement de marche de Légion étrangère composé de 2 bataillons est créé à Sidi-Bel-Abbès, ville d’Algérie maison-mère de la Légion étrangère, pour être intégré au corps expéditionnaire franco-britannique destiné à intervenir en Norvège afin d’en chasser les troupes du IIIe Reich qui viennent d’envahir le pays pour sécuriser l’approvisionnement en fer en provenance de Suède, indispensable au bon fonctionnement de l’industrie allemande.
Les premières dénominations de cette nouvelle unité sont d’abord demi-brigade légère de montagne de Légion étrangère, puis après un passage pour formation dans un camp du Larzac ( cela mérite tout de même d’être signalé !) : 13ème Demi-Brigade de Marche de Légion Etrangère (DBMLE).
Entre le 9 avril et le 10 juin 1940, la « 13 » livre ses premiers combats en Norvège où elle s’empare notamment de Narvik, principal port d’où le minerai de fer est expédié vers l’Allemagne. L’opération est un succès mais avec l’attaque fulgurante des troupes allemandes sur la France (10 mai - 22 juin 1940) le corps expéditionnaire allié est contraint de quitter la Norvège.
Face à la progression allemande, tout juste débarquée en Bretagne, la « 13 » est contrainte d’embarquer pour l’Ecosse où elle retrouve d’autres unités du corps expéditionnaire de Norvège. Début juillet, sur les 1619 légionnaires présents en Ecosse, 900 font le choix de rallier le général Charles de Gaulle à Londres sous les ordres de leur chef de corps et de son adjoint, le Capitaine Pierre Kœnig (1898-1970), futur héros de Bir-Hakeim, constituant ainsi la 14e DBMLE, premier noyau des Forces Françaises Libres (FFL) – militaires français de toutes armées qui rejoignent le Général de Gaulle en Angleterre après son « appel du 18 juin » et qui constituent le bras armé de la France Libre (28 juin 1940 - 3 juin 1943) –, tandis que le reste de la demi-brigade rentre au Maroc et conserve le nom de 13e DBMLE. Le 4 novembre suivant, la demi-brigade du Maroc est toutefois dissoute ce qui permet aux troupes restées en Angleterre de prendre le nom de 13e demi-brigade de Légion étrangère.
Réfugié à Londres après la défaite française face à l’Allemagne, le Général de Gaulle (1890-1970), militaire et homme politique, venait en effet de lancer, le 18 juin 1940, un appel à la radio demandant à tous les Français, « officiers ou soldats, avec ou sans leurs armes (et) ingénieurs et ouvriers spécialisés des industries d’armements qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver de se mettre en contact avec (lui) » pour poursuivre la lutte car « Quoiqu’il arrive, la Flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas ! » (voir bulletin « Appel du 18 juin »).
A l’instar des 900 légionnaires de la « 13 », des soldats, marins ou aviateurs se rallient à lui pour, sous ses ordres poursuivre le combat aux côtés des Anglais. Pendant 5 ans les FFL luttent sur tous les théâtres d’opération, en Afrique, au Moyen-Orient et en Europe jusqu’aux derniers combats sur le territoire allemand en 1945.
Renforcée notamment par des éléments du 6ème étranger en 1941, la « 13 » participe à toutes les campagnes qui aboutissent à la libération du territoire national : du Gabon (27 octobre - 12 novembre 1940), en passant par la Libye, avec la bataille de Bir-Hakeim (27 mai - 11 juin 1942), par l’Egypte, avec la bataille d’El-Alamein (23 octobre - 4 novembre 1942) - la DBLE y perd son Chef de Corps, le Colonel Amilakvari (1906-1942) -, par l’Italie, avec la bataille du Monte-Cassino (17 janvier - 19 mai 1944), jusqu’en France, avec la bataille des Vosges et d’Alsace (septembre 1944 - janvier 1945).


En remettant la croix de la Libération à la 13e DBLE, le 6 avril 1945, le Général de Gaulle ne manque pas de faire l’éloge de ce « noyau important et très ancien des FFL ».

 

 
1942 – 2022 : les 80 ans de Bir-Hakeim


Désignée pour faire partie du corps expéditionnaire en Extrême-Orient, la « 13 » débarque le 6 février 1946 en Indochine – territoires colonisés par la France au XIXe siècle comprenant l’Annam, la Cochinchine, le Tonkin, le Laos et le Cambodge, qui accède à l’indépendance après la guerre du même nom en 1954 -. Elle y combat, d’abord en Cochinchine, au centre Annam et au Cambodge avant d’intervenir au Tonkin, perdant un Chef de Corps, le Lieutenant-Colonel de Sairigné (1913-1948), lors d’une embuscade le 1er mars 1948, tandis que 2 de ses bataillons disparaissent totalement pendant la bataille de Dien-Bien-Phu – défense menée entre le 20 novembre 1953 et le 7 mai 1954, du camp retranché du même nom sur lequel sont disséminées de petites collines ou points d’appuis, que les Français ont baptisé de nom de femmes autour duquel l’armée française espère fixer l’ennemi avant de l’éliminer – : le 3e bataillon, et avec lui son Chef de Corps, le Lieutenant-Colonel Gaucher (1905-1954), sur « Béatrice » le 13 mars 1954, et le 1er bataillon, sur « Claudine » le 7 mai suivant. La « 13 » quitte l’Indochine en juin 1955.
Entre 1955 et 1962, l’unité prend part à la guerre d’Algérie dans le Constantinois puis dans les Aurès avant, alors qu’elle est fortement réduite, d’être transformée en régiment d’intervention et d’être envoyée partout dans le pays en fonction des besoins. Remarque attendrissante liée à cette période : après la parution, dans le journal français Paris-Match d’une photographie montrant un légionnaire qui lors d’un déplacement de l’unité, porte le petit âne sur son dos (photographie qui fait la une de plusieurs autres journaux en 1958), la société protectrice des animaux d’Angleterre décerne une médaille à l’une des unités de la « 13 » qui a recueilli cet ânon famélique.

 
Un légionnaire de la 13 porte un ânon sur son dos


D’avril 1962 à 2010, la « 13 » s’installe dans ce qui deviendra, en accédant à son indépendance en 1977, la république de Djibouti. D’abord occupée à des missions de police, le régiment est ensuite largement engagé en opérations extérieures (Somalie en 1992, Rwanda et Yémen en 1994, République de Côte d’Ivoire en 2002, République de Centre-Afrique en 2007) ou lors d’interventions humanitaires (Indonésie en 2005 après un tsunami) tout en étant régulièrement intégrés, particulièrement depuis le début des années 2000, à des détachements d’instruction opérationnels au profit de pays voisins (Ethiopie, Ouganda, Emirats Arabes Unis, Qatar, Koweït.
Profondément restructurée, son statut passant de celui d’unité de combat opérationnelle interarmes à celui d’unité de support de forces projetées, le 31 juillet 2011, la « 13 » s’implante à Abou Dhabi aux Emirats Arabes Unis où les grands espaces désertiques et les facilités de la coopération interarmées favorisent un entraînement de qualité permettant aux unités françaises de s’aguerrir au combat en zone désertique.
La 13e DBLE est recréée le 30 juin 2016 sur le camp de La Cavalerie, sur le plateau du Larzac en Aveyron. Depuis lors, elle ne cesse de remonter en puissance pour redevenir un régiment d’infanterie à part entière – très large augmentation de son effectif (de 80 à 1200 hommes), construction d’un nouveau casernement, équipement de matériels modernes – employé aux mêmes missions que l’ensemble de l’armée française, aussi bien sur le territoire national qu’en opérations extérieures.


Les plis du drapeau de la 13e DBLE portent les inscriptions :
Camerone 1963
Bjervik-Narvik 1940
Keren-Massoua 1941
Bir-Hakeim 1942
El-Alamein 1942
Rome 1944
Colmar 1945
Authion 1945
Indochine 1945-1954
AFN 1952-1962

 

La cravate du drapeau de la 13

Sa cravate porte la Croix de la Libération, la médaille de la Résistance avec rosette, la Croix de guerre 1939-1945 avec 4 palmes de bronze, la Croix de guerre des TOE avec 4 palmes de bronze ainsi qu’une fourragère aux couleurs du ruban de la médaille militaire avec olive double aux couleurs du ruban de la médaille militaire et du ruban de la Croix de guerre 39-45 et une autre fourragère aux couleurs du ruban de la médaille militaire avec une olive aux couleurs du ruban de la Croix des TOE. Son personnel porte la fourragère aux couleurs de la croix de la Libération.

   


L’insigne d’origine de l’unité – il en a ensuite existé de nombreuses autres déclinaisons – est créé fin 1946 alors que le Lieutenant-Colonel de Sairigné en assure le commandement : il représente, sur un fond émaillé blanc, une Croix de Lorraine bleue - la Croix de Lorraine est le symbole de la France Libre - reposant sur 2 bandes horizontales verte et rouge – ces couleurs sont celle de la Légion étrangère -, elles-mêmes soutenues par un dragon d’or – cet animal est censé représenter l’Indochine - avec, au centre, une grenade à sept flammes d’or – la grenade à sept flammes est la marque distinctive de la Légion étrangère –. Au centre de la bombe de la grenade, le chiffre « 13 » et sous la grenade, en demi-cercle, l’inscription « DBLE ».


Il est à noter que, cette année, la « 13 » est au cœur de l’actualité des anciens légionnaires car elle accueille, entre le 13 et le 15 mai prochains, le Congrès de la Fédération des Sociétés des Anciens de la Légion Etrangère (FSALE).
Amitiés légionnaires.


Vert & Rouge Info


Rédaction du bulletin : Commandant (RC) Bérengère Nail