F133. Guerre de Crimée. 1854. Batailles d’Inkermann et du ravin de la Quarantaine.
Du 26 octobre au 5 novembre 1854, la bataille d’Inkermann:


• Encouragés par leur succès de la bataille de Balaklava, les Russes décidèrent d'attaquer le flanc droit britannique au mont Inkerman surplombant la rivière Tchernaïa se jetant à l'extrémité de la rade. S'ils parvenaient à s'emparer de cette hauteur, ils pourraient y déployer leur artillerie et pilonner les lignes alliées. Pris à revers, ces derniers n'auraient plus qu'à lever le siège et évacuer. Les Russes envoient l’armée de secours attaquer les Alliés à revers. Les Russes s’infiltrent par les thalwegs de la rive gauche de la Tchernaïa, modeste rivière au pied du plateau d’Inkermann, au nord-est de Sébastopol. Les guetteurs, transis par le froid et l’humidité ne voient rien, n’entendent rien. Brutalement, les bataillons russes déferlent sur le camp des Anglais. La surprise est totale. Les Russes bousculent les Anglais qui ne manquent pas de courage mais, au fil des minutes, leur situation devient délicate. L’un de leurs divisionnaires, le général Cathcart, est tué. La division Bosquet court au canon, bientôt soutenue par la division Canrobert. Le brouillard peu à peu se dissipe. Zouaves, tirailleurs s’élancent avec fougue sur un adversaire qu’ils discernent mieux. Sous les charges à la baïonnette, les carrés russes refluent, abandonnant morts et blessés. La bataille d’Inkermann est un échec sanglant pour les Russes.
• Les Russes déplorent 15 000 tués ou blessés.
• La bataille coûte aux Britanniques trois généraux et une centaine d’officiers, 2610 hommes. Les pertes françaises sont de 1726 hommes.
Première bataille du ravin de la Quarantaine.


• Une autre bataille est lancée par les Russes du côté opposé du périmètre d’investissement ; les Russes sortent de Sébastopol par le ravin de la Quarantaine et jettent sur les avant-postes français une colonne de 5 000 hommes, soit plusieurs bataillons, dont la mission est de s’en prendre aux travaux réalisés par les Alliés, alors que le gros de leurs forces est occupé du côté de la Tchernaïa et d’Inkermann. Les Russes causent des pertes très importantes au 1er Etranger du colonel Vienot. Les avant-postes submergés doivent se replier mais les trois compagnies du 1er Etranger, avec un effectif d’environ 65 hommes suite aux combats de l’Alma, en premier recueil, tiennent bon. Devant la résistance opiniâtre des ‘’ventres de cuir’’– légionnaires ainsi baptisés par les Russes à cause de la grande cartouchière de cuir noir suspendue à leur cou- rapidement renforcés par quatre brigades, la sortie russe est repoussée. En effet, leur résistance donne aux Chasseurs du 19e B.C.P. et à l’ensemble du 1er Etranger le temps d’accourir à la rescousse. Les 19e et 39e de ligne qui refluaient lentement repartent eux aussi de l’avant. Les légionnaires finissent de reconduire les Russes à l’intérieur de leur enceinte.


• La Légion Etrangère perd deux officiers, Dessort et Prudon.
• Les combats continuent avec de nombreux accrochages.
• Le 10.11.1854, la Légion Etrangère perd un officier, de Hugel.
• Le 12.11.1854, la Légion Etrangère perd un officier, Denuc.
• Le 30.11.1854, la Légion Etrangère perd un officier, Rault.
Jean BALAZUC P.P.P.P.
Mars 2022


Sources principales
Livre d'or de la Légion Etrangère, Edition du centenaire, Paris, 1931.
Le 1er Etranger de Philippe Cart-Tanneur et Tibor Szecsko – Branding Iron Production 1986.
Le 4e Etranger de Philippe Cart-Tanneur bet Tibor Szecsko – Branding Iron Production -1987.
Histoire de l Légion de 1831 à nos jours du capitaine Pierre Montagnon – Pygmalion – 1999.
Histoire de la Légion Etrangère 1831-1981 de Georges Blond – Plon – 1981.
Site du Mémorial de Puyloubier.
Wikipédia

 

Adin, officier de la Légion Etrangère, tué le 14.03.1855 en Crimée.

Arrighi, officier de la Légion Etrangère, tué le 23.05.1855 en Crimée.

Bazaine Achille, né à Versailles en 1811 ; officier dans un bureau arabe en Algérie ; aide de camp du général Conrad, commandant la Légion étrangère française cédée à l’Espagne en 1837 ; commandant, à l’état-major du général Louis Lamoricière en décembre 1847, lors de la reddition de l’émir Abd el-Kader ; il participe à la guerre de Crimée en 1855 ; chef de corps du 1er Régiment de la Légion étrangère de 1851 à 1854 ; en Crimée en 1854-1855 ; il y est nommé général, commandant la brigade étrangère ; il participe à la bataille d’Inkerman en 1854 ; il commande en chef au Mexique en 1863 ; Maréchal de France en 1864 ; il commande en chef en Lorraine en 1870 ; bloqué dans Metz, il capitule devant les Prussiens ; condamné à mort en 1873, sa condamnation est commuée en détention ; il s’évade et gagne Madrid ; mort à Madrid en 1888.

Bosquet Pierre, général de l’Armée d’Afrique lors de la fin de la conquête de l’Algérie ; il réduit la révolte kabyle en Petite Kabylie en 1850-1851 ; en février 1852, prise dans une tempête de neige, sa colonne forte de 1 200 hommes est anéantie près d’El-Kseur. En Crimée, il commande la division qui lance l’attaque lors de la bataille de l’Alma le 20 septembre 1854. Puis il commande le 2e C.A. devant Malakoff.

de Canrobert François Certain, né le 27.06.1809 à Saint-Céré ; officier en Algérie ; il se distingue lors de la prise de Constantine en octobre 1837 ; capitaine adjudant major à la Légion Etrangère en 1840 ; il s’illustre en avril 1845 entre Orléansville et Ténès ; promu au grade de colonel, le 8 novembre, il est versé au 3e régiment d’infanterie légère qu’il quitte le 31 mars 1848 pour prendre les fonctions de chef de corps du 2e régiment étranger, tout en gardant la subdivision de Batna. Avec cette unité, il prend le bey Achmed. En juin il permute avec le colonel de Cariés de Senilhes et prend le commandement du 3e régiment de zouaves et de la subdivision d’Aumale ; son action d’éclat lors de la prise de Zaâtcha le 26.11.1849 lui vaut la Croix de Commandeur de la Légion d’Honneur et les étoiles de général à 40 ans ; il s’empare avec ses Zouaves par la ruse, fin 1849, du nid d’aigle de Nara, au milieu des derniers contreforts de l’Aurès ; il participe activement au coup d’état du 02.12.1852 ; général de division en 1854, il remplace le Maréchal Achille de Saint-Arnaud en Crimée ; écœuré, il abandonne le commandement en chef de l’Armée d’Orient en mai 1855 ; Maréchal de France le 18.03.1858 ; guerre d’Italie ; victorieux en 1870 à Saint-Privat ; décédé le 28.01.1895 à Paris.

Cathcart, général de division anglais, tué le 05.11.1854 devant Inkermann.

Denuc, officier de la Légion Etrangère, tué le 12.11.1854 en Crimée.

Dessort, officier de la Légion Etrangère, tué le 05.11.1854 en Crimée.

de Hugel, officier de la Légion Etrangère, tué le 10.11.1854 en Crimée.

Levaillant, général commandant la 5e Division, dont la brigade de la Légion Etrangère fait partie, lors du siège de Sébastopol de septembre 1854 à septembre 1855.

L’Héritier, chef de bataillon, commandant un bataillon du 2e Régiment Etranger en Crimée ; il se distingue le 19.01.1855 lors de la 2ème attaque russe sur le secteur du ravin de la Quarantaine.

Nayral, chef de bataillon du 1er Régiment Etranger ; en août 1854, il est nommé à la tête d’un bataillon formé avec huit compagnies d’élite des deux régiments étrangers, en Crimée.

Prudon, officier de la Légion Etrangère, tué le 05.11.1854 en Crimée.

Rault, officier de la Légion Etrangère, tué le 30.11.1854 en Crimée.

Vienot Raphaël, né le 31.08.1804 à Fontainebleau ; il entre à Saint-Cyr en 1823 après 9 ans d’études au Prytanée Militaire de La Flèche ; en 1831, jeune lieutenant, il débarque en Algérie au 4e régiment d’infanterie de ligne où il sert pendant plus de vingt ans ; en 1846, il est nommé chef de bataillon au 20e régiment d’infanterie légère ; il ne va cesser de côtoyer la Légion étrangère au hasard des colonnes ; en 1852, il rejoint le 1er Régiment Etranger avec le grade de lieutenant-colonel ; vieux soldat ayant passé plusieurs années en Afrique ; actif, digne et ferme, c’est un chef estimé ; jeune colonel, possédant une solide expérience, il est nommé chef de corps du 1er Régiment de la Légion étrangère qui va commencer la campagne de Crimée le 05.09.1854 ; tué à la tête du 1er Etranger le 02.05.1855 à Sébastopol en Crimée. Le quartier Vienot est le sanctuaire de la Légion à Sidi-Bel-Abbès puis à Aubagne. Il est le parrain de la corniche brutionne 2006-2008.