Historique


Robert Delandre, sculpteur normand, à l'âge de trente-deux ans, exécuta la commande en 1908 d'un monument pour la ville de Saïda située dans le nord-ouest de l'Algérie. Et c'est ainsi qu'en mai 1910 fut inauguré, place de la Mairie, un monument jugé par la presse de l'époque comme étant "d'une harmonieuse simplicité et d'un fort bel effet". Juché sur un piédestal, un officier au casque colonial, auquel les témoins trouvèrent une allure martiale et des traits énergiques, tient d'une main un drapeau. De l'autre, il pointe son épée vers un lion d'Afrique... d'Afrique du Nord bien entendu, et dont les deux ou trois derniers survivants de l'espèce, tapis au fond de l'Atlas marocain étaient déjà prêts à subir l'holocauste final.

    

L'inscription sur le piédestal était la suivante : "Aux soldats de la Légion étrangère et de l'Armée d'Afrique morts dans le Sud-Oranais". La cérémonie d'inauguration fut présidée par Eugène Etienne, député d'Oran, ancien ministre de la guerre. Il était entouré de cinq généraux... pour ne pas faire mentir Guy de Maupassant ! Parmi eux, un certain Lyautey fera parler de lui dans le pays qui est à 170 kilomètres à vol d'oiseau de Saïda : le Maroc.


Au moment du repliement de l'armée française, la Légion a démonté les deux statues composant le monument et les a acheminées vers la Corse où elles furent débarquées le 23 juin 1962. Ce monument a été reconstitué un an plus tard sur une place, devant l'entrée de la citadelle de Bonifacio, première garnison de la Légion en Corse. Il se présente de la même façon qu'à Saïda, l'officier sur son socle, le lion d'Afrique assis à ses pieds. Une inscription rappelle les raisons de son existence et son lieu d'origine. Seule la forme du socle a changé. Le monument a été confié à la ville de Bonifacio.