Il y a quelques jours, nous vous invitions à partager vos souvenirs…
Merci à Jean-Luc Devillers de nous agrémenter d’une réflexion sur le chant légionnaire. C'est une belle initiative qui mérite toute notre attention concernant cette belle tradition légionnaire.
Au congrès de 2016: au Cannet, le général Guignon nous informait qu’il avait souligné, lors d’une visite au 2ème REP, aux officiers : « Vous êtes certainement et sur beaucoup de points, meilleurs que nous les anciens, mais vous ne savez pas chanter ».
Chanter, le mot est lancé, c’est communier ensemble, communiquer entre générations. Nous forçons l’admiration des « pékins » lorsque nous entamons un chant comme « Eugénie », sans répéter, en harmonie, avec les Jeunes Anciens Légionnaires, les Anciens d’Indo, d’Algérie, nationaux ou étrangers.
Aucune Armée au monde ne nous arrive à la cheville. Nous sommes capables de chanter, dans les réunions, sans toujours avoir le carnet à la main. A chaque congrès, nous pouvons, nous devons chanter pour entrenir la flamme, dans nos cœurs et notre « Esprit de Corps ».
Mais, « avec le temps va, tout s’en va... ». Il faut nécessairement entretenir notre mémoire, car si nous ne pratiquons pas régulièrement, les paroles s’envolent et nous ne sommes plus en mesure d’interpréter des chants qui deviennent vite « oubliés ».
Mais que de bons souvenirs iinoubliables :
Nuit de Noël 1975 : dans un des satellites de l’Aéroport Charles de Gaulle, la 2ème section (reconstituée) de la 5ème compagnie du GOLE rejoint Dzaoudzi. Un caporal vient voir le caporal Devaux (alias, moi-même). Il est presque minuit et c’est la nuit de Noël… Noël à la Légion, ce n’est pas rien mais cette nuit là… pas de repas, pas de cadeaux, mais on s’en fout, on est ensemble. Le caporal me demande si je suis partant pour lancer des chants de Noël ? Sans en référer à l’encadrement composé d’un Lieutenant, d’un sergent-chef, d’un sergent, de deux caporaux-chefs qui discutent à part…. Nous avons lancé le chant et ils sont venus nous rejoindre. Je ne vous dis pas la consternation, mais aussi le retour chaleureux des 150 passagers qui ignoraient notre origine légionnaire puisque nous étions habillés en costumes civils de très mauvais goût. 2007 Congrès de Cherbourg : regards échangés avec le général Pichot de Champfleury et chant de la 13 : « l’amour du chef, l’obéissance ...» souvenir impérissable.
2013 : Congrès d'Orange: Au cours du «lunch », je m’entretiens avec le général Colcomb (ancien COMLE), délégué de la FSALE pour le grand ouest. Nous rejoint le général de Saint Chamas (COMLE)… et je lance « Eugénie »…
2022 : Congrès de Millau : avec la MLE , un moment exceptionnel,inoubliable…
Un constat : Chacun d’entre nous a son chant de prédilection, qu’il souhaite entonner avec ses camarades. Pour mon ami Irshad A, Caporal-chef (er), surnommé « Ali la Pointe » par le général Dary, (Irshad a fait presque tous les régiments Légion, sauf peut-être le 2ème REG et le GRLE / à l’instruction, pakistanais d’origine, parlant anglais et allemand, il ne connaissait pas le français, alors, il chantait… en play-back, remuant les lèvres mais aucun son ne sortait … génial ! ) c’est « La lune est claire », pour Alain R., « Cravate verte et képi blanc », pour Gabriel D. « Adieu vieille Europe », pour Sauveur V, « Massari … »
ie ». Perso, j’en ai deux qui me plaisent « Souvenir qui passe », un exercice de style et « Eugénie », à plusieurs voix…
Le chant, c’est ce qui nous lie Tous, d’active et anciens de toutes générations, Officiers, Sous-officiers, Légionnaires, membres actifs et sympathisants des Amicales.
Alors, Camarades, « chantons ensemble !
JLD
Dans le carnet de chants de la Légion étrangère de 2018 en vente à la boutique de Puyloubier, se présente en introduction, le mot du capitaine Selosse (septembre 1970) :
Ce Texte avant propos au dernier carnet de chants réalisé par « Képi Blanc » est devenu un texte de référence destiné aux instructeurs de formation des jeunes légionnaires qui rappellera avec profit – même aux anciens – avec quels procédés, quelle conviction, et quel respect des traditions,doit être abordée la technique du chant de marche de Légion.
A la différence du chant de popotte où la gaieté, la fronde et l’humour se répandent, du chant de reçu avec fierté, certes, mais il nous appartient de le transmettre, non seulement sans le laisser se déprécier, mais aussi en y apportant – pourquoi non ? -encore plus de flamme, encore plus d’ampleur, encore plus de résonancebivouac aux accents parfois nostalgiques, toujours sentimentaux, le chant « de marche » a pour quadruple but de soutenir les énergies, d’affirmer la cadence, de fondre quarante timbres en un seul chant – éveillant en chacun le sens profond de la collectivité – et de donner à la superbe d’une troupe en mouvement un prolongement sonore qui la valorise.
Il n’est pas question de commenter son utilité, de vous persuader, s’il en était besoin, de son influence bénéfique, ni de justifier de son importance. Le fait est là, la Légion étrangère est, une fois encore, la troupe qui sait, qui doit, qui chante le mieux au monde. Ce patrimoine flatteur doit être reçu avec fierté, mais il nous appartient de le transmettre, non seulement sans le laisser se déprécier, mais aussi en y apportant encore plus de flamme, encore plus d'ampleur, encore plus de résonnance.