Du 1 au 15 février 2023, la FACS Thailande ( FACS: regroupe depuis 1927, tous les français ou étrangers résidant hors de France qui ont servi sous le drapeau français) dont le président est un ancien légionnaire: Jacky Biaugeaud, matricule 170 858, s'est recueillie à Diên Biên Phù au monument érigé par Rolf Redel pour y déposer une plaque.

A suivre: Brève histoire du monument:

« Mesdames et chers camarades,

Je vais essayer de vous raconter l’essentiel de l’histoire du monument aux Morts que j’ai créé et construit sur le site de Diên Biên Phù. Comme je ne suis pas un bon orateur et pour ne rien oublier, je me permets de vous lire le récit que j’ai préparé.

C’est en mars 1992 que je suis retourné en Indochine pour la première fois, pour revoir les lieux des combats que j’ai connu pendant mes deux séjours. J’avais emporté une plaque gravée : « A la mémoire de tous les légionnaires tombés au champ d’Honneur au cours des combats de Diên Biên Phù », que j’ai déposée au Musée militaire de Diên Biên Phù. D’autre part, j’avais découvert une dalle de ciment, entourée d’une petite murette, érigée dans les années 80 par un particulier inconnu « Pour les morts de l’armée française à Diên Biên Phù ». Cette dalle, jamais entretenu par personne, était abandonnée au milieu des champs de maïs, cassée, fêlée, sale – bref, pourrie et envahie par la végétation – et la petite murette était en partie disparue. Quand j’ai vu cette « lamentable chose » je l’ai réparée, restaurée, repeinte et remise à l’état neuf avec les moyens du bord de Diên Biên Phù. Je pense que vous avez peut-être vu mon reportage photographique paru dans Képi blanc, le journal de la Légion étrangère en février 1993, ou les différents articles de presse parus dans Le Progrès de Lyon et dans d’autres journaux et magazines.

Après mon retour en France, étant donné que beaucoup de monde était au courant de ces faits, j’avais pensé et surtout espéré que cette histoire ferait bouger quelques personnes concernées, ou inciterait les autorités de Paris à entreprendre une action en faveur de nos disparus. Malheureusement, il n’y eu aucune suite et étant donné que pendant 40 ans aucun gouvernement, aucun ministère concerné, ni personne ne s’est intéressé à faire, sur place, quelque chose de valable pour honorer nos morts, et comme aucun corps n’a jamais été rapatrié de Diên Biên Phù en France, j’ai décidé de créer et de construire moi-même et tout seul, à l’occasion du 40e anniversaire de la fin de la bataille de Diên Biên Phù et de la guerre d’Indochine, un véritable monument aux morts, digne de ce nom, sur l’ancien champ de bataille même de Diên Biên Phù.

J’avais gardé mon secret car je craignais un « court-circuitage » ou un sabotage éventuel de mon projet. Seuls, les généraux Coullon, président de la Fédération des sociétés d’anciens de la Légion étrangère, Fouques, Duparc et Colcomb, commandant la Légion étrangère à Aubagne, le colonel Bonfils, vice-président national et président de l’ANAPI Rhône-Alpes, et quelques amis étaient au courant de mon projet et m’avaient fait connaître leur approbation. Le général Coullon m’avait remis la somme de trois mille francs avec la mission de représenter tous les anciens légionnaires et de faire de mon mieux pour honorer tous nos morts.

je peux vous dire qu’aujourd’hui, il existe à Diên Biên Phù, sur l’ancien champ de bataille, un véritable monument aux Morts, le premier et le seul au Vietnam et dans toute l’ancienne Indochine et je suis heureux d’avoir atteint, seul et sans aucune aide de personne, l’objectif que je m’étais fixé : 

  • D’une part, d’honorer tous nos camarades qui reposent encore pour l’éternité dans cette terre lointaine de Diên Biên Phù, quelque part, ailleurs, dans la brousse ou sous les rizières.
  • D’autre part, d’avoir créé un lieu qui permet aux anciens combattants, aux familles des disparus et aux sympathisants de se recueillir à la mémoire de tous ceux qui sont tombés au champ d’Honneur pour la France et de leur rendre l’hommage qui leur est dû.

Ce monument permettra, espérons-le, aux jeunes et aux générations futures de ne pas oublier les sacrifices de tous ces soldats français qui ont laissé leur vie, là-bas, pour la France ».

Rolf Redel

 

 

NB:

Juridiquement, la France n'a aucun droit sur le monument : seul est reconnu par les autorités vietnamiennes le droit de conclure une convention d'entretien avec le comité populaire de la province de Dien Bien Phu, sous réserve qu'aucune modification ne soit apportée à son aspect actuel. Le ministère des armées alloue annuellement à la mission défense en poste au Vietnam, les crédits nécessaires à sa conservation. Les derniers travaux ont été effectués en 2016 et l’installation de l’électricité a permis d’éclairer le monument.

Le 3 novembre 2018, Monsieur Édouard Philippe, Premier ministre, a déposé une gerbe au mémorial au cours de sa visite au Vietnam afin de rendre hommage à tous les combattants français morts au cours de la guerre d’Indochine (Le président de la FSALE, Rémy Gausserès était présent, invité par le Premier ministre).

Le monument accueille par ailleurs de nombreux visiteurs locaux et étrangers de passage dans la cuvette. Chaque année, les élèves des classes de 3ème du lycée français Alexandre Yersin d’Hanoï effectuent un voyage scolaire sur le site, dans le cadre d’un travail de mémoire sur la guerre d’Indochine.