Les deux acteurs de cet article sont aujourd’hui décédés. A leur mémoire, nous souhaitons vous raconter leur histoire incroyable et lorsque l’on dit que le monde est petit, vous verrez à quel point le dicton qui dit : « Il n’y a que les montagnes qui ne se rencontre pas » prend ici toute sa signification.

 

Heinz Kuznik était pensionnaire à la Maison du légionnaire. En son temps de jeunesse, soldat allemand pendant la guerre de 1939-45, il fut prisonnier par les Russes. C’était pour lui un souvenir désagréable de travaux forcés.

Un an après, il fut envoyé en Sibérie, dans des conditions de vie exécrable, il ne pensait pas survivre, il faut avoir vécu de tels moments pour se rendre compte de ce que l’homme peut endurer, sa vie d’adulte commençait très mal et son seul souci était pour lui de réussir à se sortir de cette désagréable situation insoutenable.

Heinz fut libéré en 1948, il fut donc quatre ans prisonnier et se retrouva en Allemagne, libre mais bien marqué par cette détention chez les Russes qui n’ont pas la réputation d’être particulièrement tendres.

Après deux ans de navigation sur un bateau commercial, il s’engage à la Légion étrangère et se trouve engagé dans le conflit indochinois où il restera jusqu’en 1954, date du rapatriement de la Légion sur l’Algérie, suite à la défaite de Dien bien Phû.

Pour notre camarade, commence alors une autre guerre, qu’il dit plus sournoise, plus dangereuse, cet ennemi là, dit-il, était beaucoup plus haineux que les Indochinois et surtout sans pitié, il n’avait pas la réputation de faire des prisonniers.

Heinz Kuznik n’a pas démérité de sa patrie d’adoption, il était titulaire de la Légion d’honneur et de la médaille militaire, c’était un homme qui n’avait presque connu que la guerre, voilà pour le décor…

Un jour, arrive de Marseille à la Maison du légionnaire, l’ancien caporal Franz-Otto Linn, âgé de 84 ans comme notre camarade Kuznik, ils sont tous deux de nationalité allemande et ne manque pas de sympathiser, d’autant qu’ils résident dans le même bâtiment.

Après les mots d’usage, des souvenirs communs ressurgissent et quand ils remémorent ensemble leurs souvenirs de jeunesse en Allemagne, ils s’aperçoivent qu’ils étaient tous deux soldats allemands pendant la deuxième guerre mondiale, qu’ils furent prisonniers par les Russes en même temps et… dans le même camp de prisonniers, au même endroit. Franz fut libéré en 1949, un an après Heinz, presque aussitôt il s’engage à la Légion pour se retrouver avec Kuznik au même endroit en Indochine toujours sans se connaître, peut-être se sont-ils croisés ?

C’était chose faite, les deux « camarades » ont fait connaissance, ils auraient été inspirés de ne pas attendre autant de temps pour se rencontrer et parler de choses et d’autres… Ils se sont rendus compte qu’ils y avaient beaucoup de sujets de conversations qui les passionnaient, tout un programme… On voyait les deux Amis souvent ensemble... ils avaient tant de choses à partager !

C’était à ne point douter une bien belle rencontre…Ils reposent côte à côte au cimetière Légion de la ville d'Auriol.

CM