Georges Henri Anne Marie Victor, comte de Villebois-Mareuil, né le 22 mars 1847 à Nantes et mort à Boshofen Afrique du Sud, le 5 avril 1900, est un militaire français. Il reste principalement connu pour son engagement aux côtés des Boers contre l'armée britannique lors de la seconde guerre des Boers.

« Il eut été vraiment dommage », écrit le général de Villebois-Mareuil, dans un article paru en 1896 dans  la revue des deux mondes, de priver la Légion de l’immortalité de Camerone.

De décembre 1861 à mars 1875, il n’existe plus qu’un régiment étranger. Au début de 1863, on apprend à la Légion que les zouaves embarquent afin d’aller faire la guerre dans l’Amérique Centrale. Grand émoi dans les mess et dans les endroits où les légionnaires se retrouvent pour boire et retrouver un peu leur passé… au fond d’un verre. La Légion n’est pas prévue pour faire partie du corps de débarquement. C’est pour l’ensemble des hommes du régiment étranger inadmissible, inimaginable. Les officiers subalternes du régiment adressèrent directement une pétition à l’empereur Napolëon III. La Légion gagne sa cause. Il ne pouvait en être autrement, c’était encore, comme disaient les légionnaires : « un sacré tour de ces damnés bureaux qui ne connaissent rien de la Légion. En reconnaissance, les légionnaires chantent « Eugénie »…

Ainsi le 28 mars 1863, le Régiment Etranger débarque à Vera-Cruz.

 

La puissance d’une atmosphère exotique Méxicaine agit profondément sur tous les légionnaires dont l’imagination est fertile et même pour certains… ardente. Le régiment est commandé par le colonel Jeanningros, la Légion avait la mission de la garde des terres chaudes, pernicieuse contrée qui avait pour but d’assurer les communications entre Puebla et Vera-Cruz, ce n’était pas la mission des plus désirables.

Les terres chaudes comme leur nom l’indique est une région du Mexique couvée par un soleil infernal qui distribuait sans compter le Typhus, les fièvres et le « vomito négro ». Sous ce soleil, le paysage se transformait en un bagne incandescent, les légionnaires devaient assurer la protection des convois contre les partisans éparpillés adroitement dans ces régions hostiles et féroces.

C’est en accomplissant ce lourd travail meurtrier et quotidien que les légionnaires vont inscrire le plus beau fait d’armes de leur esprit de sacrifice : Camerone dont le nom sera brodé sur la soie de leurs drapeaux.

Suite ci dessous :

Au petit matin du 30 avril 1863, la 3ème compagnie du 1er bataillon commandée par le capitaine Jean Danjou, forte de 62 hommes reçoit l’ordre de se porter au devant d’un convoi très important qui se dirige sur Puebla. La mission est d’explorer les environs de Palo-Verde et de disperser les guerillos qui sont signalés. Le petit jour se lève à peine que déjà les légionnaires ont atteint le petit poste de Paso del Macho. Personne ne soupçonne que 1200 fantassins et 850 cavaliers surveillent la colonne Danjou, ils profitent d’un terrain boisé pour se dissimuler.

La compagnie Danjou atteint le point d’eau de Palo Verde et met sacs à terre. Quelques sentinelles sont mis en place et surveillent les quatre points cardinaux. L’excellent café du matin embauche, une sentinelles appelle aux armes et se replie, on renverse les marmites. Tout à coup, la plaine se peuple de cavaliers mexicains ; l’air manque autour du détachement. Du côté de Camarone, un nuage de poussière monte en trombe, le capitaine Danjou se dirige sur le village.

Suit le récit du déroulement du récit du combat.

Le lendemain, un des blessés survivants est désigné par ses camarades du soin d’adresser un compte rendu du combat au colonel Jeanningros. Il écrivait : « la 3èm du 1er est morte, mon Colonel, mais elle en a fait assez pour que, en parlant d’elle, on puisse dire : elle n’avait que de bons soldats ».

Le culte de Camerone est célébré chaque année depuis 1931, vers la fin de 1863, le régiment a perdu 11 officiers et 800 hommes sur les 1400 de son effectif. Au total la campagne du Mexique a couté au Régiment Etranger tués à l’ennemi ou morts de maladie : 31 officiers et près de 1917 sous-officiers et légionnaires, mais la Légion rapportait dans les plis de son drapeau la gloire de Camerone.

Le régiment rejoignit l’Algérie en 1867, il n’avait eu le temps de se reconstituer que la déclaration de guerre à l’Allemagne mettait à nouveau les légionnaires sur la brèche...

 

Témoignage du caporal Maine:

"Rescapé de la bataille de Camerone, il est nommé sous-officier, puis officier. Maine va combattre encore quatre ans au Mexique. Mais en 1867 à la fin de la guerre du Mexique, le régiment Étranger passe de huit à trois bataillons et la Légion reverse son héros de Camerone dans l'infanterie, une affectation dans une garnison paisible qu'il ne va pas endurer longtemps. Il s'engage alors dans les troupes de marine.

Il participa à la campagne de 1870 comme capitaine au 3e régiment des Troupes d'infanterie de marine lors de la bataille de Bazeilles, il combat dans la « Maison de la dernière cartouche »."

« Nous étions encore trois debout : Wensel, Constantin et moi. Un moment interdits à la vue du lieutenant renversé, nous nous apprêtions cependant à sauter par-dessus son corps et à charger à nouveau ; mais déjà les Mexicains nous entouraient de toutes parts et la pointe de leurs baïonnettes effleuraient nos poitrines.

C’en était fait de nous, quand un homme de haute taille aux traits distingués, qui se trouvait au premier rang parmi les assaillants, reconnaissable à son képi et à sa petite tunique galonnée pour un officier supérieur, leur ordonna de s’arrêter, et d’un brusque mouvement de son sabre releva les baïonnettes qui nous menaçaient :

-        Rendez-vous ! nous dit-il.

-        Nous nous rendrons, répondis-je, si vous nous laissez nos armes et notre fourniment, et si vous vous engagez à faire relever et soigner notre lieutenant que voilà blessé.

L’officier consentit à tout, puis comme ces premiers mots avaient été échangés en espagnol : « Parlez en français, me dit-il, cela vaudra mieux, sans quoi ces hommes vont vous prendre pour un espagnol, ils voudront vous massacrer, et peut-être ne pourrais-je pas me faire obéir . »

Cependant, l’officier parlait à l’un de ses hommes ; il se retourna et me dit : « venez avec moi. » Là-dessus il m’offrit le bras, donna l’autre à Wensel blessé, et se dirigea vers la maison ; Constantin nous suivait de près.

Je jetai les yeux sur notre officier que nous laissions par derrière.

-        « Soyez sans inquiétude, me dit-il, j’ai donné ordre pour qu’on prit soin de lui ; on va venir le chercher avec un brancard. Vous-mêmes comptez sur moi, il ne vous sera fait aucun mal. »

-        « Pour dire vrai, je m’attendais à être fusillé, mais cela m’était indifférent. »

-        « Non, non, reprit-il vivement, je suis là pour vous défendre. »

Au moment où, sortant du corps du logis, nous débouchons sur la route, toujours à son bras, un cavalier irrégulier fond sur nous avec de grands cris et lâche des deux mains sur Wensel et sur moi deux coups de pistolet ; sans mot dire, l’officier prend son revolver dans sa ceinture, ajuste froidement et casse la tête au misérable qui roule de sa selle sur la chaussée ; puis nous continuons notre route sans nous occuper de lui.

Nous étions arrivés ainsi dans un petit pli de terrain, à quelque distance de l’hacienda, où se tenait le colonel Milan et son état-major.

-        « C’est là tout ce qu’il en reste ? demanda-t-il en nous apercevant.

On lui répondit que oui et, ne pouvant contenir sa surprise 

-        « Pero non son hombres. » s’écria t-il, son demonios ! »

-        « Ce ne sont pas des hommes, ce sont des démons ! »

Puis s’adressant à nous en français :

-        « Vous avez soif, messieurs, sans doute. J’ai déjà envoyé chercher de l’eau. Du reste ne craignez rien ; nous avons déjà plusieurs de vos camarades que vous allez revoir ; nous sommes des gens civilisés, quoi qu’on dise, et nous savons les égards qui se doivent à des prisonniers tels que vous. »

Le sacrifice de la 3ème compagnie n’a pas été vain. Le convoi qui chemine péniblement, escorté par deux compagnies, passe sans être inquiété ; les pertes subies par les Mexicains, et le désordre consécutif au combat ne leur permettent plus de l'attaquer."