Des aventuriers, des saints, des émigrants vivant aux crochets de leur famille, des explorateurs nés, des puînés qui ne pouvaient hériter, des romantiques qui voulaient croire à la grandeur militaire, des joueurs, de jeunes alcooliques censés être guéris par une vie active, de vieux alcooliques, toujours en quête d’un nouvel endroit pour se soûler, des amateurs d’évasion et tous ceux qui se trouvaient là, sans savoir tout à fait comment ni pourquoi. Tous ces légionnaires qui avaient un point commun: ils n’étaient pas des bâtisseurs et pourtant ils ont bâti avant, pendant et après les combats.

 

C’est un de ces tours de l’Histoire, ces hommes se rendirent à la Légion pour des motifs personnels; pour certains par pure haine de la politique de leur pays natal; pour d’autres par idéologie ou pour le mythe, ils devenaient le bras armé du “colonialisme”...

La France après la seconde guerre mondiale prit conscience de son Empire le jour où celui-ci commençait à s’émietter. Ah! Le colonialisme tant décrié aujourd’hui, ce fut d’abord une aventure personnelle et c’est un paradoxe de dire qu’il ne prit la forme d’une doctrine politique que le jour où il apparut aux français responsables qu’il fallait protéger les colonies contre elles mêmes. Alors apparaissait un nouveau concept envers les colonies et la population, on vit surgir des hôpitaux, des tribunaux, des écoles, des routes, et des lois. Le colonialisme, en tant que doctrine, était porteur d’obligations.

Aujourd’hui, le type colonial entre dans deux catégories: l’ancien qui parle sans cesse mais avec modération du passé et le nouveau qui parle des merveilles espérées de l’avenir qui devrait lui appartenir…

Le vieux de la vieille existe toujours et c’est très heureux, mais le monde autour de lui a changé si vite que tout ce qu’il pouvait avoir de prestigieux, de romantique et parfois d’admirable est devenu pathétique et incompréhensible: “Quand les ombres disparaissent, une partie de la lumière s’en va avec elles”.

Nul ne peut dire quels nouveaux modèles de légionnaires vont apparaître dans les années à venir... Ce ne peut être qu’une question sans réponse et s’il devait y avoir, envers et contre tout, une amorce de réponse, on peut dire avec certitude que le légionnaire ne changera jamais et qu’il sera toujours à l’image de ce qu’était avant lui ses Anciens. Les motifs qui le poussent à s’engager sont toujours les mêmes et rien ne change vraiment à l'ombre de la planète légionnaire, l'essentiel n'est-il pas invisible pour les yeux...

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CM