CIMETIERE MILITAIRE DE VENTIANE AU LAOS

Vientiane est la ville la plus peuplée et la capitale du Laos. Elle est située sur la rive gauche du Mékong, qui marque la frontière avec la Thaïlande, presque en face de la ville thaïlandaise de Nong Khai.

Sa population est d'environ 760 000 habitants en 2015. Son ancien nom est Sri Sattanak, ou Sisattanak.

Les premiers explorateurs français arrivèrent dans la ville en 1867 et commencèrent la reconstruction de Vientiane. Elle passa sous influence française à partir de 1893 et devint la capitale du protectorat français du Laos en 1899.

Un plan quadrillé de la ville est mis en place et un saupoudrage de maisons de maître de style colonial et de bâtiments administratif sort de terre. Cependant, Vientiane reste toujours une faible priorité indochinoise pour la France, comme en témoigne le programme de constructions modestes.

En 1928, la ville ne compte que 9 000 habitants, la plupart étant des vietnamiens amenés par les Français.

     Carte du Laos – Position de Ventiane       

      Vestige de maison coloniale française à Ventiane

LES SEPULTURES MILITAIRES FRANÇAISES A TRAVERS LE MONDE

Plus de 230 000 sépultures de soldats sont recensées dans environ 1 000 lieux de sépulture répartis dans plus de 80 pays et 6 territoires ultramarins. Le ministère des armées (DMCA - direction de la mémoire, de la culture et des archives) assure l'entretien, à perpétuité, des sépultures des militaires morts au service de la France et de stèles mémorielles dans près de 59 de ces pays et territoires français non métropolitains.

Il s'agit des sépultures liées aux conflits contemporains (guerre de 1870, Première et Seconde Guerres mondiales, guerre d'Indochine, guerres en Afrique du Nord et plus récemment, soldats tombés dans le cadre d'opérations extérieures) mais également aux guerres du XIXème siècle (guerres napoléoniennes, guerre de Crimée...) auxquelles la France a pris part. Le ministère des armées assure, également la sauvegarde des sépultures des militaires morts en service hors guerre, dites « tombes de garnison ». Ces sépultures sont situées essentiellement dans les départements et collectivités d’outre-mer, ainsi que dans les anciennes colonies françaises. Dans les autres pays, les lieux de sépultures militaires français sont entretenus par les gouvernements, les collectivités et les associations locales. Le ministère des armées y assure une veille mémorielle par l'intermédiaire des postes diplomatiques français.

LE TRAVAIL DE M. ROGER EYCHENNE

M. Roger Eychenne est un passionné qui a depuis plusieurs années entamé un travail de recherche colossal sur les archives militaires en France et au Laos afin d’identifier clairement les personnels inhumés dans le cimetière de Ventiane.

Ce long travail encore inachevé il l’a compulsé dans un document de 119 pages intitulé

« COMPRENDRE PAR LA MÉMOIRE, L’OUBLI ET L’HISTOIRE - Esquisse pour une histoire du Cimetière Militaire Français de Vientiane dans son contexte laotien et français pour la période de 1930 à 1960 ».

Sa démarche intellectuelle a suivi le cheminement suivant : « Comprendre la vie, la mort, des militaires du Corps Expéditionnaire Français d’Extrême-Orient (CEFEO) dans les années 1950 au Laos. Comprendre la société laotienne avec ses civils et ses militaires. Comprendre cette guerre coloniale devenue un front chaud de la guerre froide ».

 Pour illustrer le sérieux de ce travail je vous livre le sommaire de ce document :

-          Premier chapitre - situer le « contexte et les interrogations » toile de fond de ce travail mémoriel ;

-          Second chapitre - état des « sépultures pour des militaires morts en Indochine » - problématique de l’oubli ;

-          Troisième chapitre - le « Cimetière Militaire Français à Vientiane (CMFV) et son monument aux morts » analyse physique, symbolique et de ce lieu de commémoration ;

-          Quatrième chapitre - aller à la rencontre des « 480 inhumés de Vientiane », au travers des dossiers militaires et diplomatiques ;

-          Cinquième chapitre - vie du Corps Expéditionnaire Français d’Extrême Orient ;

-          Sixième chapitre - approche historique du « Laos en Indochine » ;

-          Septième chapitre - « La mémoire collective existe-t-elle ? » ;

-          Huitième chapitre - « poser les mots » afin de partager avec les lecteurs les grandes précautions dans l’usage des mots, des notions, des termes, qui sont évoqués ;

-          Neuvième chapitre - « éclairer la complexité » en faisant l’inventaire des travaux, articles et divers documents et ouvrages de chercheurs sur le sujet ;

-          Dixième chapitre – conclusion et perspectives de recherche ;

-          Onzième chapitre - liste non exhaustive des « personnes ressources, des contributrices et des contributeurs » ;

-          Douzième chapitre – glossaire ;

-          Treizième chapitre – sources et bibliographie ;

-          Quatorzième chapitre – index à la disposition du lecteur pour

Il n’est pas besoin d’en dire beaucoup plus pour comprendre que ce travail de recherche a été mené avec le plus grand sérieux et une conscience toute professionnelle.

La DMCA, sur son site précise qu’en lien avec la mission de défense près de l’ambassade de France au Laos, elle soutient un important travail de recherches historiques sur le cimetière militaire français de Vientiane afin de connaitre le parcours des soldats inhumés dans ce cimetière. Nul doute que cette annotation est à l’intention des travaux de M. Eychenne.

LE CIMETIERE MILITAIRE FRANÇAIS DE VIENTIANE (LAOS)

Le ministère des armées (DMCA) a ainsi, à Vientiane, la responsabilité du seul cimetière militaire français du Laos. Il s'agit également de l’un des rares lieux de mémoire existant dans les trois pays (Vietnam, Laos, Cambodge) qui constituaient l’ancienne Indochine coloniale française. En effet, les militaires morts au Vietnam ont été rapatriés dans la nécropole de Fréjus (Var) dans les années 1980.

Reposent dans ce lieu de mémoire les corps de soldats français ayant participé à la guerre d'Indochine, le Laos ayant été un théâtre important lors de cette guerre d'indépendance.

Au début des années 1980, les autorités laotiennes, en collaboration avec les autorités françaises, décidèrent de regrouper les corps des soldats français au sein de ce cimetière. Elles mirent donc à disposition de la France un terrain afin d’inhumer les dépouilles des militaires français. Le ministère des armées délègue des crédits à l’ambassade de France qui en assure l’entretien via la mission de défense.

Vue du cimetière militaire de Ventiane

Ce cimetière d'une superficie de 6 555 m² comporte 576 tombes individuelles (479 tombes identifiées et 97 non-identifiées) ainsi que cinq tombes contenant 43 corps dont 22 dépouilles inconnues. Par ailleurs, ce cimetière a accueilli une cinquantaine de sépultures civiles.

Depuis quelques années, le cimetière, situé dans une cuvette par rapport aux terrains adjacents et aux deux routes le bordant, était régulièrement inondé en dépit de travaux permettant l’évacuation des eaux.

Les tombes du cimetière sont organisées en quatre carrés placés devant un monument aux morts.

Les stèles réalisées en béton, dès les réinhumations en 1955-1956, portent notamment une plaque de marbre gravée avec « nom-prénom-régiment-date décès » ou avec « inconnu ». Sur la face de la stèle est indiqué un symbole religieux renvoyant à la confession du défunt.

Selon les témoignages des représentants du Souvenir Français chargés du suivi du cimetière, les plaques étaient à l’origine fixées et à la base de la stèle. Ainsi, au cours de la vingtaine d’années passées, quand la parcelle du cimetière était fortement inondée, à la saison des pluies, ces plaques étaient immergées et se décollaient parfois (il semble que ces plaques aient pu être recollées, non pas sur la stèle d’origine, mais sur une stèle voisine). Il y a quelques années, des travaux ont permis de fixer les plaques sur la partie haute de la stèle (voir la photo de première page) et il semble que l’opération de fixation de la plaque sur la stèle ait pu reproduire les erreurs de positionnement. À l’occasion des travaux de 2022, un bilan des plaques cassées et des plaques manquantes a été réalisé afin d’effectuer des remplacements. En comparant la situation du moment à la liste numérotée des « 480 militaires inhumés », il apparaît souhaitable de penser l’installation des plaques en suivant l’ordre de la liste qui semble être l’ordre originel. En 2023, les démarches administratives et comptables sont en cours pour assurer une bonne remise en état. La démarche est perturbée car, depuis peu, le cimetière est l’objet de vols (éléments métalliques, robinetterie) et on signale aussi la disparition de plaques gravées.

Vues des tombes immergées durant la saison des pluies © le souvenir français-asie.com © findegrave.com

En 2021, profitant que les autorités laotiennes effectuaient des travaux d’élargissement de la route attenante au cimetière, des travaux de mise hors d’eau du cimetière ont été réalisés avec des crédits mis en place par la DMCA. Ces travaux ont permis la démolition puis la reconstruction du mur d’enceinte du côté de la façade principale (déplacement de 4 mètres pour permettre l’élargissement de la route), le rehaussement du niveau du sol actuel (1,80m) en vue de la nouvelle route afin d’éviter les inondations lors des saisons de pluies et enfin le déplacement de toutes les tombes. Ce rehaussement a nécessité 11600 m3 de terre, c’est-à-dire le volume transporté par 518 camions.

Le site réaménagé permettra ainsi de préserver durablement les sépultures, dans des conditions dignes des hommes et femmes tombés pour la France.

LES LEGIONNAIRES INHUMES DANS LE CIMETIERE DE VENTIANE

Au milieu de leurs camarades de combat des unités de tabor, parachutistes vietnamiens, commandos laotiens, chasseurs parachutistes, etc … reposent soixante-quatre légionnaires dont deux inconnus.

Il y a en a peut-être plus car cent cinquante-cinq autres tombes restent avec une identification partielle ou la mention inconnu sans possibilité de rapprochées celles-ci d’une appartenance à une unité en particulier. Par exemple pour deux personnels il est signalé qu’ils sont tirailleur ou cuirassier de fait je les ai écartés de la liste des légionnaires.

L’analyse des archives consultées auprès du service historique de la défense (SHD) par M. Eychenne, fait apparaître que les militaires inhumés au cimetière militaire français de Vientiane sont morts au Laos, ont été une première fois inhumés, par leurs camarades de combat, près du lieu de leur mort. Ensuite, en fin 1955 et début 1956, ils ont été exhumés, placés dans des caissettes et réinhumés au cimetière militaire français de Vientiane.

La colonne de gauche du tableau ci-dessous donne le numéro d’implantation de chaque tombe. À la droite du numéro, l’auteur a ajouté un repère lorsqu’il a pu obtenir, auprès des archives, le dossier militaire (plus ou moins détaillé) du militaire inhumé : repère « x » pour les dossiers issus du CAPM, repère « o » pour les simples fiches issues du CAPM, repère « - » pour les dossiers issus du CADN.

Quelques informations ont pu être complétées à partir du fichier de recensement des décédés de la Légion que nous tenons et pour lequel nous faisons actuellement un travail de correction, parfois des informations discordantes apparaissent.

D’autres personnels sont décédés sur le Laos et pour lesquels nous n’avons pas encore pu identifier de sépulture ils sont donc peut-être en partie certains de ces inconnus !

D’autres noms en revanche nous étaient inconnus ils viendront dans le même esprit compléter notre base^[1]. On peut cependant émettre une autre remarque les personnels avec des noms à consonnance asiatique devaient très certainement être des supplétifs immatriculés d’une façon tout à fait particulière et n’ayant pas véritablement le statut de légionnaire qui n’était acquis qu’en prenant un contrat au titre de la Légion étrangère. De fait ils n’apparaissent pas dans les bases du Bureau des anciens de la Légion étrangère. Néanmoins en tant que camarades de combat ils méritent leur place dans notre base de recensement avec l’annotation de leur statut de supplétif.

Pour respecter le travail de M. Eychenne et tout de même essayer d’aller plus avant dans les précisions j’ai annoté en rouge nos informations. J’ai fait de même dans notre fichier avec les informations issues des travaux de M. Eychenne en attendant une confirmation ultérieure.

Plaque du légionnaire Opalka Karl du 2/3^e REI posée sur une pierre tombale

PERSONNELS IDENTIFIES COMME APPARTENANT AU 5^E REI

PERSONNELS IDENTIFIES COMME APPARTENANT AU 1^E BEP

Indochine – section de légionnaires et de supplétifs coiffés de leur béret blanc

PERSONNELS IDENTIFIES COMME APPARTENANT AU 2^E REI

PERSONNELS IDENTIFIES COMME APPARTENANT A LA 519^E CTLE

Personnels inconnus identifiés comme légionnaires

PERSONNELS IDENTIFIES COMME APPARTENANT AU 3^E REI

Sources ;

-          « COMPRENDRE PAR LA MÉMOIRE, L’OUBLI ET L’HISTOIRE - Esquisse pour une histoire du Cimetière Militaire Français de Vientiane dans son contexte laotien et français pour la période de 1930 à 1960 » - M. Roger Eychenne – juin 2023 ;

-          Wikipédia ;

-          cheminsdememoire.gouv.fr ;

-          souvenir-francais-asie.com ;

-          Archives FSALE.

Major (er) Jean-Michel Houssin