Des mythes et des manies:

Dans le monde légionnaire nous sommes bien placés pour le savoir, certains candidats à l’engagement ont tendance à embellir leur passé, leurs origines, leur rang social. Pieux mensonges car, « à beau mentir qui vient de loin » la vérité se fait rapidement jour en règle générale. Donc je ne crois pas que l’on puisse classer ces quelques individus dans la catégorie des véritables mythomanes, mais seulement dans celle de gens voulant, face à l’inconnu, se grandir alors que les mythomanes procèdent d’une véritable pathologie qui revêt plusieurs aspects.

Un colonel de contrefaçon, d’origine suisse faisait beaucoup parler de lui sur les réseaux sociaux. Une partie de la communauté des anciens légionnaires s’est mobilisée et, très vite, l’individu a été clairement identifié et recherché par la police helvétique. Un colonel… l’homme tapait haut !

Aujourd’hui nous avons un cas plus étrange encore, car la personne incriminée s’affiche sans s’afficher réellement. En effet elle s’est construit un personnage de fiction de telle sorte que, ne pouvant répondre à des questions précises sur son prétendu état d’ancien légionnaire du 2ème  REP, il s’est attribué le rôle d’un ancien officier de ce régiment. Ses versions varient selon les interlocuteurs.  Fort des quelques cinq ou six « amis » Légion sur facebook, il se permettait de porter des jugements méprisants voire insultants sur les légionnaires.

Certains ont été abusés. D’autres non.

Ayant eu le toupet de critiquer de manière méprisante et insultante l’auteur d’un commentaire qui ne faisait qu’éclairer les lecteurs sur l’identité d’un sous-officier photographié, il s’est vu confronté à cet auteur.  Ne pouvant répondre à des questions simples telles que nom de sa promotion officiers, sous quels chefs de corps il avait servi, quelles unités, quelles dates… il devient grossier et menaçant. Croyant impressionner, corbeau se prenant pour un aigle, il invente une histoire des plus farfelue : il commandait une unité spéciale,  au 2ème REP, mais unité tellement secrète que même au régiment rares étaient ceux qui en avaient connaissance ! Voulant en rajouter pour épaissir le personnage,  il déclare même « avoir cassé la geule au capitaine Gausserès dans le bureau du colonel Erulin, parce qu'il méprisait les légionnaires ! ». Rien que ça. Une altercation dans le bureau du chef de corps et dont personne n’aurait entendu le commencement d’un soupçon d’un bruit, c’est pour le moins surprenant et pour ceux qui ont connu le bâtiment P.C. de l’époque c’est simplement incroyable ! Les réseaux d’anciens s’en sont émus et l’homme s’est trouvé ridiculisé mais rien n’y a fait. Comme je le décris ci-après, la crédibilité de son unité secrète ayant été mise à terre, il saute sans coup férir sur un autre mensonge : il a participé aux événements de Loyada en 1976… alors que nous savons tous que c’est la deuxième compagnie en séjour tournant qui est intervenue. Beaucoup d’acteurs de cette opération sont tout à fait connus et accessibles. Nous disposons du témoignage écrit du commandant d’unité et des photos qui ont été prises. Evidemment ce mensonge éhonté n’a pas plus pris que les autres, alors l’homme   fait, ces jours-ci profil bas sur les réseaux, mais… il reviendra, car malgré eux les mythomanes ne contrôlent pas cette nécessité irrépréssible, impérieuse de se faire passer pour ce qu’ils ne sont pas…

Mais qu’est-ce que la mythomanie exactement ?

 

C’est une tendance pathologique à recourir au mensonge sans même en avoir conscience. Le mythomane ne réussit pas à faire la différence entre ce qui lui dicte son imagination et la réalité. Chez le malade, car il s’agit bien d’une maladie, les mensonges ne sont pas intentionnels et n’ont pas pour unique objectif de tromper les autres. Ils permettent surtout au mythomane de faire accepter par les autres sa propre réalité et justifier par là son existence.

Dupré, spécialiste de ces questions, au début du siècle dernier,  distinguait quatre types de mythomanie :

  • Vaniteuse (le sujet se vante),
  • Errante (la personne ne cesse de fuir),
  • Maligne (compensation d’un complexe d’infériorité par la médisance),
  • Perverse (fabuler pour escroquer).

La mythomanie peut se rêvéler comme le symptôme de désordres psychiatriques tels la psychose ou la névrose.

 Alors dans quelle catégorie classer notre lascar ?

Pour ma part je le mettrais dans trois catégories : la vaniteuse, l’errante et la maligne.

  • La vaniteuse parce qu’il ne se déguise pas en un quelconque soldat, il cherche une imaginaire appartenance à une troupe d’élite mondialement reconnue, prestigieuse, la Légion et le 2ème REP.
  • L’errante car, bien que se disant habitant de Cairns, ville du nord-est de l’Australie, plein sud de la Papouasie-Nouvelle Guinée, il a fait ses adieux provisoires à ses amis du Web pour cause d’un séjour de six mois aux Philippines, comme si les Philippines ne disposaient pas d’Internet… quelle pourra être sa prochaine destination ?  Nous nous perdons en conjectures.
  • La maligne parce qu’il semble vouloir compenser un complexe d’infériorité certain2 par la médisance dont il accable ceux qui ne croient pas à ses balivernes.

Kolwesi ?

D’une manière plus générale, les mythomanes restent apparemment inconscients des risques qu’ils encourent d’être démasqués, voire poursuivis en justice,  du fait que, l’universalité de la Légion et des réseaux sociaux aidant, ils ont plus de probabilités d’être débusqués que de passer inaperçus.

Souvent leur inconscient pathologique est tel qu’ils ne se rendent pas compte que l’incongruité même de leur accoutrement, pour ceux qui revêtent un uniforme, tellement ils « en rajoutent », où des situations qu’ils mettent en scène, les dénonce. Il y a celui qui s’habille en légionnaire et met une cravate bleu-pétrole, cet autre qui se met en tenue de combat « guerre du golfe », alors que son visage poupin nous laisse soupçonner qu’il était à l’école primaire à l’époque donnée, mais incontestablement, la perle rare, le summum de la contrefaçon, le gagnant toutes catégories du pompon est sans doute cette dernière trouvaille. Non seulement il a créé son personnage, mais aussi des unités tellement secrètes que nul n’en a jamais entendu parler, comme si elles étaient constitués de personnages virtuels et non d'hommes en chair et en os! Il détrône haut la main le décrié « colonel suisse ».

Mais d’après certains spécialistes, une vie de mythomane n’a rien de facile. Pour demeurer dans « son » monde le mythomane doit en permanence rompre les liens créés pendant son errance mentale et géographique. Pour un mytho, le pire, s’est d’être confronté à son propre mensonge car c’est perdre sa raison d’être. Découvert, il enchaine immédiatement sur un nouveau mensonge pour poursuivre le même type d'activités. Ici, d'officier du REP que nul n'a jamais rencontré, il est passé à une unité spéciale, pour embrayer, après, sur le combat de Loyada.  Dans le cas qui nous occupe, le mythomane exerçant sa coupable activité uniquement sous forme épistolaire dans les pages FB de certains groupes Légion, nous pensons qu’il aura du mal à s'en remettre, contrairement à ceux qui se déguisent physiquement à l'aide d'uniformes et qui sautent d'une cérémonie commémorative et patriotique, à un cocktail chez le préfet ou à la Mairie dans une autre ville...

Il semblerait que si le mythomane ne supporte pas la réalité telle qu’elle est, c’est tout d’abord parce qu’il ne se supporte pas lui-même tel qu’il est. C’est la pathologie du narcissisme. Chaque mensonge emporte un désir. Chez le mythomane c’est celui d’être reconnu pour ce qu’il n’est pas.

Comme si, pour exister, il fallait se dépeindre sous les traits d’un autre.

AM