A l’aube de 1948 : rien ne semble indiquer une victoire rapide. Tandis que l’enthousiasme soulevé par les opérations de 1947 s’éteint, l’agressivité des rebelles connaît un regain de vigueur.

  • La mission principale du 3e R.E.I. est de tenir le terrain conquis, et les axes de communication.
  • Le 1er bataillon, placé sur la R.C.3 est chargé du sous-secteur de Bac Kan et tient les postes entre cette garnison et Cao Bang.
  • Le 2e bataillon occupe le sous-secteur de That Khé sur la R.C.4 et s’étale vers Langson.
  • Le 3e bataillon, arrivé sur la R.C.4, se charge du sous-secteur de Dong Khé, entre That Khé et Cao Bang.
  • Le lieutenant-colonel Simon, qui succède au lieutenant-colonel Royer en février 1948, s’installe à Cao-Bang.

A l’aube de 1948, tirant les leçons de l’offensive française de 1947 (opérations Ceinture et Léa), le Vietminh réorganise ses forces en fonction d’une guerre longue, préparée par une guérilla intensive. Selon les stratèges chinois qui inspirent l’action de Giap et de Nguyen-Binh, pour ces chefs vietminh, une guerre prolongée comporte trois phases :

  • La première est celle de l’offensive stratégique de l’ennemi et de notre défense stratégique.
  • Le deuxième, celle de la consolidation des positions ennemies et de notre préparation à la contre-offensive.
  • La troisième, celle de notre contre-offensive et de la retraite stratégique de l’ennemi.
  • Les opérations se succèdent contre un adversaire le plus souvent invisible., mais dont l’espionnage discret, patient, à la manière des Asiatiques, prépare le déclenchement d’attaques meurtrières. Tout est noté, analysé, passé au crible, exploité. Les habitudes de chaque poste sont connues. Aussi, l’assaut est toujours donné dans les conditions les plus favorables, malgré les précautions considérables prises par les chefs de poste. Tentatives d’empoisonnement collectif, briquets piégés et toutes sortes de ruses sont signalés sur les journaux de marche des unités

A partir de 1948, la France commence néanmoins à renforcer ses effectifs et à reprendre progressivement le contrôle de l’Indochine. Les pertes du corps expéditionnaires retombent à une moyenne de 286 morts par mois.

 

Au début de 1948, les Parachutistes coloniaux mettent sur pied la 1ère C.I.P., Compagnie indochinoise parachutiste.

  • La D.B.M.P. devient le G.L.A.P., Groupement léger aéroporté ; une partie de ses personnels doivent provenir de la Légion Etrangère.
  • Au début de 1948, le légionnaire Beliard, en garnison au poste de Lang Bo, sur la R.C.6 au Nord Tonkin, disparaît alors qu’il est allé en ravitaillement dans le village voisin avec les caporaux Becker et Tardieu. Il est fait prisonnier par une dizaine de Viêts avec l’aide du chef de village. Les circonstances de sa disparition peuvent prêter à confusion et le tribunal militaire de Hanoi le condamne pour désertion.

Février 1948 : opération Véga.

  • La première est celle de l’offensive stratégique de l’ennemi et de notre défense stratégique.
  • Les activités de la 13e D.B.L.E. ne consistent pas toujours en opérations de détails. Parfois, cela prend la forme imposante d’un déploiement de forces dans une vaste région.
  • L’opération Véga, conduite en février 1948 par le lieutenant-colonel de Sairigné, se déroule à l’ouest de Saïgon, en bordure de la plaine des Joncs, dans les Giongs. C’est un repère idéal pour les vietminh où ils installent bases, entrepôts, ateliers d’armes, protégés par la défense naturelle d’un immense marais impénétrable ; les rares pistes et les canaux sont les seules voies d’accès. Depuis 1946, des unités y ont effectué plus d’une fois des opérations, portant chaque fois aux rebelles des coups douloureux.
  • Pour l’opération Véga, le chef de corps dispose de deux de ses bataillons de la 13e D.B.L.E., d’unités de tirailleurs, de bateaux des divisions navales d’assaut – les Dinassaut- sans oublier les fameux Crabes du 1er R.E.C. implantés en Cochinchine.
  • Au lever du jour, au centre du dispositif, le III/13e D.B.L.E. aidé de deux escadrons du 1er R.E.C., remplit la mission principale. La 11e compagnie débarque sur la rive ouest du Vaïco, au milieu d’un champ de canne à sucre, et s‘engage sur une piste qui conduit à son premier objectif. Tout à coup, des coups de feu éclatent : les Viêts sont débusqués. Les F.M. des légionnaires ripostent et l’ennemi prend la fuite dans les marais. Mais la progression s’avère difficile sous le feu des tireurs isolés.
  • En fin de journée, pourtant, tous les objectifs sont atteints. Les tranchées, les blockhaus, les paillottes fortifiées sont pris, tandis que les Viêts, à bout de munitions, se font décimer par les Crabes qui les ont rejoints dans les marais.
  • Au sud, partant du canal Tracu Thuong et des rives du Vaïco, le I/13e D.B.L.E. converge vers le centre de la zone et détruit les installations ennemies.
  • Au nord, les éléments du 1er R.T.A. pénètrent dans les Giongs et accrochent durement les rebelles. Le cercle est pratiquement fermé.
  • Quand la nuit tombe, les unités font leur jonction et l’opération Véga est pratiquement terminée. Les Viêts ont perdu cent cinquante tués et un matériel de guerre considérable. L’ensemble des unités ayant participé à l’opération compte onze tués et dix-sept blessés.

 

1er mars 1948 : l’embuscade de la route de Dalat.

  • Une colonne de véhicules, pour la plupart civils, placée sous la protection d’une escorte, emprunte la route de Saigon à Dalat; des permissionnaires sont dans le convoi ; la colonne tombe dans une embuscade près de Lagnia Bien Hoa. Ce n’est pas un objectif militaire mais les Viêts ne s’embarrassent pas de scrupules
  • Ce jour-là, le lieutenant-colonel Gabriel Brunet de Sairigné, chef de corps de la 13e D.B.L.E., en tournée d’inspection, s’est joint à la colonne.
  • L’embuscade est d’une puissance jamais constatée. Les rafales crépitent et de centaines de Viêts se jettent sur la colonne sur toute sa longueur. Le chef de corps se défend les armes à la main mais il est mortellement touché dès le début. Il tombe au cours d’un combat inégal et sans merci, avec une poignée de légionnaires tués à ses côtés.
  • Les adversaires s’emparent de 134 civils pour servir de boucliers. Les renforts qui arrivent en hâte ne peuvent rien : les Viêts ont disparu, laissant derrière eux un carnage rarement vu. La poursuite n’aboutit qu’à la récupération d’une partie des otages que l’ennemi est contraint d’abandonner.

Mars 1948 : le lieutenant-colonel Arnault, autre figure célèbre de la demi-brigade, succède au lieutenant-colonel de Sairigné à la tête de l’unité.

  • Sous son commandement ; le régiment poursuit activement la lutte épuisante contre les bandes rebelles, toujours plus nombreuses dans le sud. En 1948, certaines unités sont envoyées au Tonkin pour prendre part à des opérations d’envergure contre les forces viêtminh, dont la montée en puissance prend une ampleur accrue. Cependant la pression ennemie ne diminue pas pour autant en Cochinchine.
  • La 13e D.B.L.E. prendra le deuil d’un chef exceptionnellement aimé et admiré ; el la Légion Etrangère gardera sa mémoire pour la donner en exemple aux héros à venir.
  • Le 4 mars, le II/13e D.B.L.E. subit un violent engagement éprouvant à Vinh Loc.
  • Le 12 mars, le III/13e D.B.L.E. subit un violent engagement éprouvant à Bing Hung Hoa.

Jean BALAZUC P.P.P.P.

Juin 2024

 

Sources principales

Site Mémoire des Hommes du S.G.A.

 La 13e D.B.L.E. de Tibor Szecsko.

Légionnaires parachutistes de Pierre Dufour - Editions du Fer à Marquer 1989.

Les Chemins de D.B.P. de Franck Mirmant- Edition Nimrod. 2015.

Site du Mémorial de Puyloubier.

Le Livre d’Or de la Légion Etrangère.

 

Arnault Paul, né le 21.08.1911 à Cherbourg dans la Manche ; saint-cyrien de la promotion du Tafilalet 1931-1933 ; officier du 3e R.E.I. pendant l’épopée marocaine de la Légion, avant de rejoindre le 1er Etranger en Algérie ; volontaire pour servir au groupement de bataillons de montagne de Légion Etrangère dès sa création ; capitaine, commandant une compagnie de la 13e D.B.L.E. à Bir-Hakeim en mai-juin 1942 ; chef de bataillon ; commandant un bataillon de la 13e D.B.L.E. en 1943-1944 ; chef de corps de la 13e D.B.L.E. du 17.10.1944 au 25.05.1945. Il prend part à tous les combats de la 13e D.B.L.E. de 1940 à 1945. La 13e D.B.L.E. est réorganisée pour l’Indochine. Depuis mars 1946, il est adjoint au chef de corps de la 13e D.B.L.E. en Indochine ; promu lieutenant-colonel, il est nommé chef de corps en mars 1948 ; En 1950, il est affecté au 1er Etranger ; commandant du D.C.R.E. en 1956. Promu colonel en 1958 ; affecté à la subdivision militaire du Vaucluse. Promu général de brigade en 1967, nommé sur sa demande en 2e section le 01.01.1968. Commandeur de la Légion d’Honneur, Compagnon de la Libération, Croix de Guerre 1939-1945 avec six citations, Croix de Guerre des T.O.E. avec deux citations. Décédé le 09.11.1988 à Avignon dans le Vaucluse.

 

Belliard, légionnaire, fait prisonnier au début de 1948 alors qu’il tient garnison au poste de Lang Bo, sur la R.C. 6 au Nord Tonkin ; porté déserteur et condamné par contumace par le tribunal militaire d’Hanoï à vingt ans de détention ; il s’évade avec deux camarades allemands, un du 1er B.E.P. et un du 5e R.E.I. en 1949 ; son témoignage est jugé crédible par le 2e Bureau.

Brunet de Sairigné Gabriel, né le 09.02.1913 ; fils d'industriel ; Il fait ses études aux lycées Pasteur et Saint-Louis ; saint-cyrien de la 120e promotion Roi Albert 1er, 1933-1935 ; affecté à sa sortie de l'Ecole en 1935 au 29e BC.P. à Gérardmer, il passe sur sa demande à la Légion étrangère en 1939 ; affecté à la 13e D.B.M.L.E. avant son départ pour la Norvège en 1940 où il reçoit une citation à l'ordre de l'armée ; De retour de Narvik, il rejoint l'Angleterre avec l'ensemble du corps expéditionnaire du général Béthouart et choisit d'y rester et de s'engager dans les Forces françaises libres à Londres. Lieutenant de la compagnie de commandement de la 14e D.B.M.L.E. en juillet 1940 en Angleterre ; Au sein de la 13e D.B.L.E., il participe, comme officier d'état-major, aux opérations de Dakar et du Gabon en 1940, puis aux campagnes d'Erythrée où il est de nouveau cité et de Syrie en 1941. A l'issue de la campagne de Syrie, il est promu capitaine et affecté au commandement de la Compagnie d'Accompagnement (CAB 2) du 2e B.L.E. En 1942, il combat en Libye et en Cyrénaïque. Pendant les combats de Bir-Hakeim, du 27 mai au 11.06.1942, il se distingue en dirigeant les canons antichars qui stoppent la division italienne Ariete. Compagnon de la Libération  par décret du 9 septembre 1942. Il prend le commandement de la 2e Compagnie antichars (CAC 2) rattachée au 2e B.L.E. et participe à la bataille d'El Alamein (23-24.10.1942). Il reste ensuite à la 13e D.B.L.E., durant toute la durée de la guerre, de l'Afrique du Nord à l'Italie, puis en Provence. Chef du 1er B.L.E. de la 13e D.B.L.E. en 1943-1945. A la tête de son bataillon, il combat en Tunisie, en 1943, au Djebel Zaghouan, où il porte sans arrêt ses patrouilles en avant. Il est nommé au grade de chef de bataillon en juin 1943. En Italie, où il débarque avec la 1ère Division française libre en avril 1944, son bataillon force, à Radicofani, le seuil de la Toscane. Le 15.08.1944, il débarque en Provence pour prendre part à la campagne de France. Il est choisi par le commandement pour réaliser des opérations particulièrement délicates à Autun, dont il est un des acteurs majeurs de la libération, et dans les Vosges. Ensuite, il participe à la campagne d'Alsace quand, en février 1945, son bataillon est mis à la disposition de la 2e D.B. du général Leclerc. De retour avec son unité au sein de la 1ère D.F.L., il prépare enfin l'assaut victorieux contre le massif de l'Authion dans les Alpes en avril 1945. Gabriel Brunet de Sairigné termine la guerre en qualité de chef d'Etat-major de la 1ère D.F.L. avec le grade de lieutenant-colonel. Officier de la Légion d’Honneur ; Croix de Guerre 1939-1945 avec cinq palmes. En 1946, il part pour l'Indochine sous les ordres du général Leclerc : lieutenant-colonel, chef de corps de la 13e D.B.L.E. nommé le 21.08.1946. il est le plus jeune chef de corps de l’armée française. Chargé du secteur Hoc Mon, il dirige de nombreuses opérations, en particulier dans la plaine des Joncs. Dans un convoi tombé dans une embuscade sur la route de Dalat près de Lagnia Bien Hoa (Viêt Nam). Mort des suites de ses blessures à Saïgon en Indochine le 01.03.1948. Une 9e citation à l’ordre de l’armée lui est attribuée à titre posthume. Il est inhumé à Moutiers-les-Mauxfaits en Vendée. La promotion 1967-1969 de Saint-Cyr l’a choisi pour parrain. Commandeur de l’ordre de la Légion d’Honneur. Croix de Guerre des T.O.E. avec quatre citations dont trois palmes.

 

Royer, chef d’escadrons, commandant le groupe autonome du 1er R.E.C. qui quitte le Maroc vers la Tunisie en décembre 1942 ; lieutenant-colonel, chef de corps du 3e R.E.I. au Tonkin en 1947-1948 ; nommé en juin 1949 commandant du 4e bataillon du 4e R.E.I. et du groupement des unités de la Légion Etrangère à Madagascar ; Colonel, chef de corps du 1er R.E.C. en 1951-1952.

 

Simon Jean, né à Brest le 30.04.1912. Issu d'une famille de fonctionnaires, son père était conservateur des hypothèques. Il fait ses études au Prytanée militaire de la Flèche, puis au lycée Saint-Louis à Paris. Il entre à Saint-Cyr en 1933, 120e promotion du Roi Albert 1er ; il en sort en 1935 comme sous-lieutenant au Régiment d'infanterie coloniale du Maroc (R.I.C.M.) à Aix-en-Provence. Affecté en août 1936 au 1er Régiment de tirailleurs sénégalais à Saint-Louis, et désirant vivement servir en région saharienne, il suit le cours des affaires politiques et musulmanes de Mauritanie. A l'issue de cette formation, il présente un travail important sur les nomades Regueibat qui nomadisent en fonction des pâturages sur les confins algéro-marocains, le Rio del Oro et la Mauritanie. En 1937, il est affecté en Mauritanie où il prend le commandement de la subdivision de Tichitt aux confins de la Mauritanie et du Soudan. Il exerce ainsi des fonctions politiques et administratives dans un territoire désertique où vivent et circulent dix-huit mille nomades. La même année, il est promu lieutenant. A la mobilisation de 1939, il commence la guerre au 42e Bataillon de mitrailleurs malgaches devenu la 42e Demi-brigade de mitrailleurs indigènes coloniaux. Début janvier 1940, le lieutenant Simon est volontaire pour servir en qualité d'observateur en avion et suit le cours d'observateur avion à Tours. Il retrouve à cette occasion son ami Fred Scamaroni et se lie d'amitié avec le sous-lieutenant Pierre Messmer. Refusant l'armistice, de sa propre initiative et avec Pierre Messmer, il rejoint Marseille, où tous deux participent avec le commandant Vuillemin à la prise d'un bateau italien de 4 700 tonnes, le Capo Olmo. Ce bateau servira sous le pavillon de la France libre et la vente de sa cargaison permettra de payer les soldes des personnels civils et militaires de la France libre pendant trois mois. Arrivé à Liverpool le 17.07.1940, son engagement aux Forces françaises libres sera homologué à compter du 26.06.1940, date de son arrivée à Gibraltar. A Londres, Jean Simon est présenté au général Charles De Gaulle et, après un bref séjour au dépôt de l'Olympia, lieutenant, il est affecté à la 13e D.B.L.E. Sa destinée épouse celle de la 13e D.B.L.E. Il sert, comme chef de section, sous les ordres du capitaine Dimitri Amilakvari à la Compagnie de mitrailleuses et d'engins Il participe dès lors à la longue épopée de la 13e Demi-brigade de Légion étrangère. Il prend part à l'opération de Dakar et, après l'échec de cette tentative de ralliement de l'Afrique occidentale française, rejoint Douala, au Cameroun, le 10.10.1940. Il participe aux opérations du Gabon, puis à toute la campagne d'Erythrée. En mars 1941, chargé de faire sauter la voie ferrée entre Cheren et Asmara, il dirige une patrouille profonde à l'intérieur des lignes ennemies. Il recueille ainsi des renseignements de première importance sur le dispositif et les intentions ennemies. Le lieutenant Simon est cité à l'ordre de l'armée pour ses exceptionnelles qualités de chef de groupe franc et mention in dispatch par le commandement britannique. Cité à nouveau, en avril, lors de la prise de Massaoua, il est fait Compagnon de la Libération et décoré à Qastina, en Palestine, par le général Charles De Gaulle. Pendant la campagne de Syrie, commandant de compagnie, il est blessé le 21.06.1941 à Kaden, dans les jardins de la Goutta à proximité de Damas. Il perd son œil droit et est évacué sur Deraa, puis de là sur Nazareth, Jérusalem et Bethléem où il passe sa convalescence. Promu capitaine le 26 juin, il rejoint sa compagnie le 01.10.1941 à Homs. Il prend ensuite une part active à la campagne de Libye comme commandant d'une compagnie lourde antichars et sert pendant toute cette période sous les ordres du général Koenig. Le capitaine Simon est le premier officier de la Brigade appelé à commander une jock-column, unité légère motorisée effectuant des raids dans la profondeur du dispositif ennemi. Dans la région de Méchili, il attaque à la tête de son détachement un fort parti ennemi composé de 14 chars, de plusieurs autocanons et d'infanterie. Il lui inflige des pertes et est cité à l'ordre de l'armée pour sa conduite calme et réfléchie. A l'occasion du siège de Bir-Hakeim, du 27.05 au 11.06.1942, il se distingue de nouveau et reçoit une nouvelle citation à l'ordre de l'armée. Après la sortie de vive force et les opérations de dégagement de Bir-Hakeim, il revient avec son unité en Egypte et participe à l'attaque du massif de l'Himeimat dans le cadre de la Bataille d'El Alamein, qui marque la reprise de l'initiative par les Britanniques au Moyen Orient. Toujours avec la 13e D.B.L.E., il combat en Tunisie, puis en Italie où il participe aux opérations du Garigliano, Ponte Corvo, Rome et Radicofani. Promu chef de bataillon à la fin de la campagne d'Italie, il débarque en Provence, le 30.08.1944, sur la plage de Cavalaire avec la seconde vague de l'Armée B du général de Lattre de Tassigny. Il participe aux combats qui amènent la prise de Lyon le 03.09.1944 et à la bataille pour Belfort. A la suite des très violents combats de Massevaux, il est blessé le 03.12.1944 par éclat d'obus au côté droit sur la cote 880 devant Thann (Haut-Rhin). Il prend une part active aux très durs combats pour la défense de Strasbourg, à la libération de Colmar et aux derniers engagements au massif de l'Authion dans les Alpes. Il termine la guerre avec sept citations à l'ordre de l'armée, une citation à l'ordre du corps d'armée, une citation à l'ordre de la division. Il vit durant des années avec une balle dans la tête. En 1945, il est attaché au cabinet du général de Gaulle où il s'occupe particulièrement des questions F.F.L. Après un passage à l'Etat-major de l'Inspection des Forces terrestres d'Outre-mer en 1946, promu lieutenant-colonel en 1947, il est affecté au 3e Régiment étranger d'infanterie, stationné à Cao Bang sur la frontière de Chine. Il en prend le commandement en 1948 ainsi que celui du secteur de Cao Bang. Jean Simon s'illustre dans de difficiles combats sur la Route coloniale N° 4 et à l'occasion du dégagement du poste de Phu Tong Hoa en juillet 1948, attaqué par cinq mille viêtminh. Héros célèbre et incroyablement populaire dans la Légion ; il commande la colonne de secours vers le poste de Phu Tong Hoa dont les survivants lui rendent les honneurs en tenue de parade. Il est blessé par éclats de grenade aux jambes et au dos le 28.02.1948. En février 1949, grâce à son intelligence et à son énergie, au cours d’une embuscade sur la R.C.4, l’effectif du convoi n’est pas entièrement massacré. Il est cité deux fois à l'ordre de l'armée. De retour en France en 1950, il quitte la Légion. Il est affecté à la Section technique de l'Armée, puis admis à l'Ecole supérieure de Guerre en 1951, et au Cours supérieur interarmées. Promu colonel en 1952, Chef du 3e Bureau de l'Armée de terre en 1955, Jean Simon met sur pied la sélection du contingent et l'instruction rationnelle. Il participe en novembre 1956 à l'opération de Suez en liaison avec l'Armée israélienne. Puis il est colonel à la 20e D.I. qui débarque en Algérie en juin 1956 : le P.C. s’installe à Bouïra. En 1957 il est nommé attaché militaire (Terre) à l'Ambassade de France à Londres et représentant de la France au bureau militaire de standardisation. Il exerce simultanément les fonctions d'attaché terre-air-mer en Irlande du Sud à Dublin. Il participe en tant qu'expert militaire au comité restreint de la conférence du désarmement qui réunit à Londres Jules Moch pour la France, Zorine pour l'U.R.S.S., Stassen pour les Etats-Unis et Omsrygore pour la Grande-Bretagne. Nommé général de brigade en 1960, adjoint au commandant du Corps d’Armée d’Alger en décembre 1960 ; commandant la 27e D.I.A. et la Zone Est Algérois en Kabylie en 1961 ; légitimiste après réflexion lors du putsch d’avril 1961, il assure en Algérie dans des conditions difficiles et avec un loyalisme total le commandement de la zone Est algéroise en Grande Kabylie et de la 27e Division alpine, puis de la zone Centre-oranais et de la 29e D.I.. Une citation à l'ordre de l'armée et une citation à l'ordre du corps d'armée lui sont décernées. Désigné par le Président Charles De Gaulle comme représentant militaire aux pourparlers franco-algériens, il participe à la conclusion des accords d'Evian en juin 1961. Sa grande expérience des affaires militaires et ses mérites en temps de guerre le désignent pour prendre le commandement de l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr et de l'Ecole militaire interarmes. Général de division en 1964, il met sur pied et commande le 1er Corps d'armée à Nancy. Général de corps d'armée en 1967, il est gouverneur militaire de Lyon et commandant de la 5e Région militaire et fait face à une situation insurrectionnelle en mai 1968. En 1969, le Gouvernement français le choisit pour exercer les fonctions d'inspecteur général de l'armée de terre. Membre du Conseil supérieur de la Guerre depuis 1968, général d'armée en 1970, il quitte le service actif le 01.05.1973. Placé à la tête du Secrétariat général de la Défense nationale jusqu'en 1977, il est l'initiateur du développement de l'enseignement de Défense et de la création de plusieurs chaires à Paris et en Province. Membre du Conseil de l'Ordre de la Libération depuis juin 1969, il est nommé Chancelier de l'Ordre de la Libération en septembre 1978 pour quatre ans et reconduit en 1982, 1986, 1990, 1994 et 1998. Sur son initiative, les maires des 5 communes Compagnon de la Libération (NantesGrenobleParisVassieux-en-Vercors et l'Ile de Sein) signent un pacte d'amitié, le 03.12.1981, afin de resserrer les liens entre leurs communautés respectives et d'assurer l'avenir de l'Ordre de la Libération. Il porte la main du capitaine Danjou à Aubagne pour Camerone, le 30 avril 1985. A la demande du Président de la République, le général Simon est le maître d'oeuvre de la loi du 26.05.1999 créant le Conseil national des Communes "Compagnon de la Libération", pérennisant ainsi l'Ordre, destiné, à l'origine, à s'éteindre naturellement, en même temps que les derniers Compagnons de la Libération. Le général Simon est également Président national de l'Association des Français libres de 1978 jusqu'à sa dissolution en 2000, et ensuite Président de la Fondation de la France libre jusqu'en septembre 2001. Par ailleurs vice-président de l'Institut Charles De Gaulle, il quitte, au terme de son sixième mandat, ses fonctions de Chancelier de l'Ordre de la Libération en septembre 2002. Le général d'armée Jean Simon est décédé le 28.09.2003 à Cherbourg. Ses obsèques ont été célébrées le 02.10.2003 en l'Eglise Saint-Louis des Invalides. Il est inhumé au cimetière de Querqueville dans la Manche. Grand-Croix de la Légion d'Honneur ; Compagnon de la Libération - décret du 23 juin 1941 ; Médaille Militaire - décret du 16 octobre 2002 ; Croix de Guerre 1939-1945 (9 citations) ; Croix de Guerre des T.O.E. (2 citations) ; Croix de la Valeur Militaire (2 citations).