Léon, le plus âgé des invités,  prend la parole, ancien combattant légionnaire, il parle sans langue de bois de ce qui lui reste en tête de son passé…

« Quand je pense, je me dis avoir signé un contrat pour l’aventure, mais si je me réfère aux écrits de Saint-Exupéry : « la guerre n’est pas une aventure », je ne sais que penser… Je sais qu’une armée utilise légalement la violence pour sauvegarder un intérêt supérieur, celui de la Nation. Elle est de ce fait autorisée à transgresser le célèbre : « tu ne tueras point ! ». L’aventure fantasmée devient une plongée douloureuse dans les eaux profondes de notre conscience. La vie et la mort sont ce qui dominent la guerre. Souvent je pense au colonel Walter Kurtz dans « l’Apocalypse Now », ce soldat reconnu et aimé, militaire fragile chez qui le chaos est venu semer le doute…

Pour moi, tout engagement ne se fait pas en pleine conscience au début, c’est quelques temps après qu’au-delà du risque d’y perdre la vie, on se surprend à définir la noblesse du métier des armes. Cela s’apprend, il faut du temps et des efforts, il faut apprendre grâce à l’expérience des instructeurs, après, l’enjeu apparaît, lourd, qui impose plus de devoirs que de droits, l’engagement devient don, même les poilus qui n’avaient pas eu le choix trouvèrent du sens à leurs mouvements souvent « contre nature ».

Je participe bien volontiers aux cérémonies patriotiques liées au « devoir de mémoire ». Malheureusement, les rangs des Anciens combattants s’éclaississent et la relève ne se présente pas. Ce que je retiens surtout, c’est le manque de reconnaissance et le peu d’itérêt affichés par une population qui devrait pourtant honorer les jeunes hommes morts pour leur liberté.

Peut-être aussi, ne savons-nous pas comment transmettre aux générations qui nous suivent l’Histoire d’un passé récent pour éclairer le présent et construire l’avenir…

Les Anciens combattants petit à petit disparaissent et avec eux les acteurs et témoins des guerres d’Indochine et d’Algérie, pourquoi donc, faut-il, encore, commémorer des évènements liés à notre passé dit aujourd'hui colonial ?

Les commémorations permettent de répondre en partie pour mettre en lumière et à transmettre l’Histoire, de renforcer le sentiment patriotique, de valoriser les lieux où les cérémonies se déroulent, d’éduquer la jeunesse et de transcender les conflits anciens pour construire un avenir dans une paix qui s'est méritée.

Pour commencer, il est nécessaire d’avoir un endroit matérialisé. En France, après le grand conflit de 1870 et celui de la « Grande guerre », il y avait Les cimetières dans lesquels reposaient les combattants morts pour la France et particulièrement les ossuaires. C’est lieux montraient leur limite, il fallait se déplacer pour y accéder, c’est ainsi qu’était créer en 1920, « le droit à pèlerinage » pour les veuves et les enfants des combattants tués. Ce droit se révèla insuffisant et dès lors, apparu nécessaire de rapprocher les lieux à la vie des populations. De cette nécessité est né le monument aux morts. L’exécution des 35 000 monuments communaux en France est à la base du développement de la vie commémorative patriotique.

Je suis très fier quand le devoir de mémoire est appliqué, c’est un principe fondamental qui consiste à se souvenir des évènements historiques et des personnes qui les ont vécus. Il est important de transmettre la mémoire du passé aux générations futures pour qu’elles puissent comprendre les enjeux de notre Histoire et les valeurs qui nous animent.

Les Amicales légionnaires et celles des Anciens combattants en général, ont le souci de participer aux commémorations, c’est pour eux, "encore", un acte concret qui permet le « devoir de mémoire », c’est l’occasion de se souvenir des personnes qui ont sacrifié leur vie pour défendre nos valeurs au nom d’une liberté chérie.

FIN !