Je me lance délibérément dans une aventure qui me tient à cœur, celle d’oser essayer de comprendre pourquoi, malgré tout, j’aime bien cet art de rue tant décrié que sont les tags et graffitis, rien que cela…
Le débat, si débat il y a, n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Les gens du commun prétendent que c’est l’émanation symbolique de la vie quotidienne des humains. Le graffiti a toujours été un moyen d’expression ludique, événementiel, revendicatif, religieux, dénonciateur, contestataire, amoureux…
Certains réfractaires considèrent ce mode de communication comme un cancer de la société et le qualifient volontiers de métastase tant certains tags et graffitis peuvent irriter. Et si c’étaient des œuvres d’art ?
Un constat s’impose à nous, qu’il s’agisse de symboles religieux, d’inscriptions militaires, de silhouettes humaines ou animales, d’ornements ou de slogans politiques, ces dessins, lettres ou peintures en disent long sur les modes de vie, croyances, au fil des siècles.
Les premiers tagueurs n’étaient-ils pas ceux de Lascaux ? Ainsi pour effacer les traces de ces vandales de « graffeurs », en 1992, à Bruniquel (village de Tarn et Garonne), des scouts-éclaireurs engagés dans une opération de dépollution effacent des peintures rupestres en croyant nettoyer des graffitis.
Certains graffitis relèvent de la communication pure et servent à diffuser un message. En France, les auteurs des graffitis sont appelés « graffeurs » ou « graffiti-artists ». Ces « graffeurs » se font connaître en apposant leur signature au bas de leurs œuvres mais, souvent aussi, ces signatures constituent à elles seules les œuvres en question et sont effectuée sur les murs, les rames de métro ou encore les camions.
En fait, ils prétendent créer en réaction, disent-ils, à la saturation publicitaire imposée par une imagerie à but vénal en leur opposant une image gratuite.
L’homme a toujours souhaité laisser des traces en gravant sur un arbre ses amours, en dessinant sur les bancs d’école ou en inscrivant sur les murs le témoignage de son passage…
Il est cependant vrai que les “tags” deviennent souvent insupportables et souvent on peut parler de vandalisme qui prend le pas sur l’art de la rue, tout n’est pas parfait dans ce monde défectueux, grossier, vicieux.
Depuis quelques années, j’ai suivi la « graffeuse » “Miss-Tic” () qui avait bien modifié les repères esthétiques de ses dessins au pochoir au point d’atteindre un niveau d’art subtil voire moralisateur. Cette artiste de rue, native de Montmartre, pratiquait le pochoir à la bombe avec une constante dans l’humour exposé avec une poésie appréciée. Aujourd’hui reconnue, cette artiste exposait dans les plus grandes galeries de la planète.
Nous constatons que malheureusement notre environnement urbain est envahi par tout et n’importe quoi mais les tags et graffitis ne sont pas seuls responsables.
L’humour pour « Miss Tic » se révèlait dans les mots qui accompagnaient ses dessins: “j’essaie de regarder la vérité en farce”, “parfois, j’ai du vague à l’homme”, “je suis trop peureuse pour être heureuse, ça fait peur d’exister, le monde me fait peur”.
CM