Un curé et trois femmes :
Cela se passait dans un poste d’infanterie coloniale situé le long d’un fleuve pour garantir la tête de pont. Le poste était important, sous les ordres d’un commandant peu catholique et, comme tous les postes importants, il comportait un bordel alimenté par des jeunes Vietnamiennes chargées de faire vivre tous les leurs, parfois 10 personnes par famille de trois générations.
La misère et l’absence d’emploi, la présence des militaires entraînaient la prostitution. Il faut ajouter que, dans la culture locale, la chose n’a pas la même image qu’en France. Donc, elles étaient une dizaine. Et voici qu’un jour où je passais dans le poste, l’une d’elles, dans un français maladroit, m’expliqua qu’elles voulaient connaître Jésus. J’étais quelque peu surpris, mais l’Esprit souffle où il veut. Je dus acquiescer à leur demande. Et, après les démarches nécessaires, j’obtins un petit local où je pouvais en recevoir trois chaque fois que je passais dans ce poste. Et le dialogue a toujours été émouvant. Maladroitement, ç l’aide de l’Evangile, je répondais à leurs questions sur la personnalité, la vie, la Passion et la Résurrection de Jésus-Christ. Au bout de quelques mois, je me rendis compte que mes rapports avec les sous-officiers et les officiers avaient quelque chose de différent. La recherche de ces trois filles les interpellaient et leur posait des questions. Que sont-elles devenues ? Sont-elles allées jusqu’au baptême ? Je ne le sais. Mais il est impossible que l’Esprit n’ait pas continué de les accompagner, elles qui avaient commencé. Je pense souvent à elles.
Pour achever l’anecdote, je cite cette phrase prononcée par un sous-officier, sans aucune mauvaise pensée : « ça ne fait rien, nous, on n’en prend qu’une à la fois. Et vous, il vous en faut trois ! Mais aucune malice dans cette phrase.
Just de Vesvrotte