Un certain lieutenant Rollet :
Fin décembre 1895, le bataillon rentre en Algérie ; l’effectif n’est plus que de 20 officiers et 358 légionnaires. Le capitaine Brundsaux y figure toujours, comme adjudant-major. Il a été cité à l’ordre du corps expéditionnaire pour sa magnifique attitude au feu pendant les combats de Tsinainondry, les 15 et 16 septembre 1895.
Promu chef de bataillon en mai 1897, le voilà affecté comme major au 1er Régiment étranger. Bien qu’il y mette son zèle habituel, ces fonctions administratives conviennent peu à cet homme fait pour la rudesse des camps et la défense physique des campagnes. Son caractère pâtit de l’embourgeoisement du quartier. Peut-être faut-il situer à cette époque la naissance d’une anecdote qui courut longtemps les popotes et les cantines et qui racontait comment le « vieux » courroucé contre sa fille, dont le caractère tenait beaucoup du sien, sanctionnait ses incartades en l’envoyant en cellule à la prison régimentaire !
En 1899 enfin, le commandant Brundsaux reçoit le commandement d’un bataillon dans le Sud-Oranais. Là, il va pouvoir s’affirmer « l’officier de Légion par excellence, l’entraîneur d’hommes » ainsi que le note le colonel Alix.
Aux ordres du colonel Bertrand, chef de corps du 1er étranger, une forte colonne dont fait partie le bataillon Brundsaux quitte Djenien Bou Rezg le 20 mars 1900 pour Igli, qu’elle atteint le 5 avril. Il faudra attendre jusqu’au 1er juillet pour que Brundsaux avec une de ses compagnies occupe définitivement Taghit, fief de tribus pillardes et perpétuellement agitées. Les opérations sont rendues pénibles par le manque d’eau, la température, la grde des chameaux au pâturage et les escortes de convois (en tout 7 de mars à novembre) qui groupent chacun 4000 chameaux. C’est au cours d’une de ces escortes que la compagnie montée du 2ème étranger livre le 30 juillet le premier combat d’El Moungar.
Il faudrait un journal de marche tout entier pour restituer le touffu des activités de la colonne, marches, protection de chantiers, recherche de puits, échauffourées, poursuites, détachements temporaires d’unités à des missions annexes, reconnaissances, levées d’itinéraires, gardes, surveillances.
Les qualités du commandant Brundsaux, tout à son affaire, continuent d’impressionner ses légionnaires, qui le suivraient n’importe où malgré sa rigueur exigeante, ses chefs qui apprécient son efficacité et ses nouveaux jeunes cadres, tels un certain lieutenant Rollet, frais arrivé à la Légion, qui découvre à la fois la magie des terres du Sud et le modèle même du chef en campagne. Ces deux impressions marqueront Rollet jusqu’au bout de son étincelante carrière. Quant aux tribus habituées aux coups de main sur la vallée de la Zousfana, elles apprennent à craindre et à révérer en Brundsaux l’homme de combat « rompu à la guerre de détails, toute de chicane et de coups de force », ainsi que le décrit un de ses subordonnés, le lieutenant Jaegle.
A suivre : « Encore Madagascar et le Tonkin. »