J’ai retenu, entre autres de mes lectures, les mots de Charles Péguy qui écrivait en 1902: “Il ne faut pas que l’instituteur soit dans une commune le représentant du gouvernement; il convient qu’il y soit le représentant de l’humanité; ce n’est pas un président du Conseil, si considérable que soit un président du Conseil, ce n’est pas une majorité qu’il faut que l’instituteur dans la commune représente: il est le représentant-né de personnages moins transitoires, il est le seul et l’estimable représentant des poètes et des artistes, des philosophes et des savants, des hommes qui ont fait et qui maintiennent l’humanité. Il doit assurer la représentation de la culture. C’est pour cela qu’il ne peut pas assurer la représentation de la politique, parce qu’il ne peut pas cumuler les deux représentations.”

Bien entendu que personne ne songerait à faire des enseignants les porte-parole du gouvernement et nul pouvoir politique n’oserait les mettre à son service ou leur insuffler son idéologie, surtout qu'aujourd'hui, on remplace allègrement la cérémonie de la fête des morts aux cimetières par une rentrée des classes très médiatisée...

Que dire aussi des propos de chercheurs de “l’Institut de Recherche sur l’Economie de l’Education”: “les nostalgiques, les attardés qui se voient encore en représentants des poètes, des artistes, des philosophes et des savants, devraient comprendre que ce qui fait la valeur de la formation, ce n’est pas l’excellence acquise d’un savoir sacralisé qui ne compte plus guère, mais bien ce qui permet aux élèves de se sentir plus grands, plus intelligents, plus critiques, plus utiles à la société, mieux en phase avec le monde d’aujourd’hui”.

Conséquence de ce nivellement par le bas, celui-ci prime sur l’exigence qui fait naître l’excellence. Le diable a pris le visage d’un bête sans pitié, celui d’un jeune homme qui a enfilé la tenue et appliqué les actes d’un extrémiste. Ecartant toute appréciation sur cette triste actualité, une autre réalité s'impose, on s’obstine à lancer la réforme de l’orthographe qui aboutira à un véritable appauvrissement de la langue française. Les accents circonflexes tout comme les traits d’union, dans un premier temps, sont appelés à disparaître. Tout est clair, nos racines sont malades, il nous faut, pour survivre, greffer la plante “France” sur des porte-greffes sauvages venus d’ailleurs à l’image de nos vignes lors de l’attaque du phylloxéra, l’Attila de la vigne en 1867. Aujourd’hui encore, la victoire du Phylloxéra est totale. L’insecte est à jamais installé dans notre terre de France. Les viticulteurs qui tenteraient de planter une vigne sans la greffer verrait ses ceps détruits par une armée de pucerons surgis de nulle part)… Mais, rassurons-nous, tout est sauf, l’éducation n’a jamais été aussi efficace, ainsi, cette année, 88,5% des candidats passant les épreuves du baccalauréat sont admis, les 11,5% restants, alimenteront probablement les rangs des jeunes sans emploi, sans chômage, sans avenir; j’ai bien peur qu’une grande partie des lauréats les rejoignent…

Je me souviens de cette affiche montrant un jeune homme avec un enfant sur son dos et qui lui tenait la main, éloquente image, pour présenter l’école, plus de tables, plus de livres, plus de médiation, plus d’institutionnel, que du relationnel. L’ascendant des anciens maîtres d’école cédait la place à la sollicitude de l’adulte fraternel et copain. Là où il y avait hiérarchie des rôles, il y a désormais proximité des personnes. Le professeur est congédié par le moniteur qui a noué des liens d’affection et pour montrer que le cœur est aux commandes, le toucher prend la relève de la parole. Aujourd’hui, l’enfant a tout de l’adulte, l’ange est en danger comme jamais, la faute à internet, à la télévision, à vous, à moi, à l’évolution des espèces ?

L’imparfait du présent s’impose ! c'est une affirmation que l’on peut faire sans trop d’erreur contrairement à ce que dit le dicton, “on attire bien les mouches avec du vinaigre…”. Comment comprendre l’incompréhensible ? ». Voilà bien une rentrée qui ressemble bien à ce que devient petit à petit notre société...

CM