Toujours et encore nous faut-il nous préparer à communiquer avant notre grand rassemblement international de l'an prochain à Millau. Nous vous proposons la lecture de deux billets qui amorcent (peut-être) une réflexion concernant nos Amicales avec la précausion de dire que celles-ci sont placées sous la responsabilité de leurs auteurs. Bonne lecture, n'oubliez pas de participer en placant un commentaire si vous le souhaitez...
Nous pourrions être orgueilleusement satisfaits de notre condition d’anciens légionnaires mais nous ne sommes que des êtres humains qu’un passage à la Légion a marqués à vie et il nous faut, dans une sorte de masochisme intérieur, créer des différences. Le choix de se fédérer en une communauté fraternelle et familiale se révèle pour beaucoup d’entre nous essentiel et montre notre attachement viscéral à une institution qui nous a tous éduqués a des degrés divers, formés et implantés dans le droit et le devoir liés par un sens de l’honneur et de la fidélité vissé au corps…
Mais au-delà des mots qui n’apportent aucun remède aux maux qui se présentent, nous devrions chercher à analyser correctement les problèmes qui s’imposent à notre communauté tels la rareté voire l’absence de jeunes nouveaux anciens légionnaires, l’adhésion de certaines de nos amicales à l’esprit et au corps et régler une bonne fois pour toutes ces dissidences et critiques qui ternissent notre cohésion jusqu’à se demander à quoi notre Fédération peut bien servir ?
Des pointes de désaccord apparaissent mais ne sont pas évoquées, faute de temps ou de disposition, au cours de nos différents rassemblements. Présenter les finances c’est bien, mais il serait peut-être tout aussi judicieux de recueillir les avis de chacun sur des thèmes bien précis afin de comprendre pourquoi certaines choses semblent nous dépasser, comme la non-participation à une importante manifestation ou le retard inconscient ou pire, volontaire, du paiement d’une cotisation symbolique qui n’est là, en fait, que pour satisfaire une des closes des statuts.
En leur temps, des réunions regroupaient les présidents d’amicales ; hélas elles n’apportaient aucune évolution, chacun se questionnant sur le bien-fondé de la réunion, si ce n’était pour se retrouver de manière conviviale pour manger, boire et s’en retourner, à l’issue, dans ses terres ; le déplacement n’était que symbolique. Il montrait une belle fidélité mais sans obligation de résultat.
Aujourd’hui, il nous faut passer à la vitesse supérieure. Notre Président ne manquera sûrement pas de présenter son programme, excluant sans doute toute promesse, nous ne sommes quand même pas des hommes politiques, quoique, parfois… D’autorité il cherchera surtout l’adhésion de tous ses “sujets”, voilà bien une délicate affaire, et sans cesse il devra remettra le fer chaud sur l’enclume, la trempe est un art que peu de forgerons maîtrisent parfaitement sans expérience ; son prédécesseur en avait acquis une indiscutable notoriété quant à l’exécution et le nécessaire recul de perspective qui s’impose dans les situations délicates.
Des courants parfois contradictoires agitent la blogosphère des anciens légionnaires. Le courant entre anciens légionnaires séniors et anciens légionnaires jeunes a parfois du mal à passer. Les plus jeunes se considèrent parfois mal acceptés par les plus vieux. Conflit de générations ? C’est probable… « ah de mon temps… », le style de vie dans la société moderne a changé à une très grande vitesse qui surprend peut-être les plus âgés ou plus ex-gradés. Les corvées continuent d’être exécutées par ceux qui ont détenu un grade plus modeste, les « gilets verts », comme disent certains se regroupent et prêtent peu d’attention aux autres, bref, tout un faisceau de petits détails qui éloignent au lieu de rapprocher. En tout cas ces différents motifs font que le « sang nouveau » a du mal à se frayer un passage au sein des amicales que les plus jeunes délaissent, alors ?
CM
Du bien-fondé des amicales et de l’intolérance de certains...
Je viens de lire sur facebook le désarroi d’un ancien chef de peloton qui « s’est permis », le malheureux ( !), de donner de manière courtoise, sur la page d’un autre ancien, son opinion sur un général estimé de celui-là. Il s’est fait insulter, malmener et in fine bloquer sans qu’on lui laisse « le droit de réponse ». Voilà une belle preuve d’ouverture d’esprit envers un camarade légionnaire qui a servi sous les ordres du général en question alors que celui qui poussait des cris de vierge effarouchée était déjà retraité… et probablement moins légitime à donner son avis.
Le congrès de la FSALE et donc des amicales de la Légion étrangère vient de se terminer à Orange (Vaucluse), ville légionnaire depuis plus de deux mille ans, qui a accueilli notre estimé 1er étranger de cavalerie depuis 1967, lorsque celui-ci a quitté ses fiefs nord-africains.
Au cours de ce congrès, qui a vu le départ du président de la FSALE, le général de corps d’armée Robert Rideau, une évidence a été constatée d’un simple regard : le vieillissement des membres de nos amicales.
Voulues par nos très augustes anciens du début de l’autre siècle, elles avaient alors un rôle important. Durant de longues décennies les légionnaires rendus à la vie civile éprouvaient de très grandes difficultés à s’insérer dans la société. Tous avaient servi la France ailleurs que sur son territoire métropolitain, exception faite des combattants des deux guerres mondiales. Ils devaient donc s’adapter à une société souvent hostile et à un environnement géographique totalement différent. Trouver du travail, se soigner, se loger, survivre, n’était pas aisé…
Les amicales, ainsi que la création de la maison d’Auriol dès les années trente puis de Puyloubier dans les années cinquante, ont constitué, au profit de la communauté légionnaire un bienfait non négligeable. Tous ces anciens avaient en commun non seulement d’être légionnaires mais d’avoir fait des guerres ensemble… le monde marchait alors à la vitesse de l’homme à pied.
La métropolisation de nos régiments a changé la donne. Il y avait alors ceux qui avaient « fait l’Algérie » parmi lesquels ceux qui n’y avaient fait que l’instruction ou le brevet para et puis les autres, ceux de Corse et plus tard de Castelnaudary... De surcroît il aura fallu attendre sept années après le conflit algérien pour que la Légion soit de nouveau engagée au combat, au Tchad. Pendant cette période, courte pour l’histoire et longue dans la vie d’un légionnaire - point de glorieux faits d’armes, point de décorations sur les poitrails vides mais qui offraient de la place pour en recevoir- l’accueil de jeunes anciens dans les amicales était froid et assez « méprisant » car ils n’avaient pas de campagnes à raconter… une sorte de légionnaires au rabais !
Les conflits modernes ont donné l’occasion aux nouvelles générations de légionnaires de se distinguer à l’instar de leurs anciens. La guerre du Golfe qui a vu le rétablissement de la croix de guerre qui n’était plus attribuée depuis l’Indochine, a dû en faire marmonner quelques anciens dans leur barbe des propos teintés d’un peu de jalousie… « ah, mais c’est que cette croix de guerre n’était pas comme les autres… » Mais voyons ! Comme si la balle tueuse portait une étiquette « Made in Indochine » ou « Made in Irak » ! Et la béance entre plus anciens et moins anciens s’est maintenue, sinon élargie. A cela sont venus s’ajouter des particularismes que je considère – de mon exclusif point de vue – superfétatoires : l’amicale des anciens légionnaires paras, celle des anciens du 2, celles des chinois… pourquoi pas celle des anciens du gaz ? Etre ancien légionnaire, tout simplement, ne suffirait-il plus ?
De la vitesse de l’homme au pas, nous sommes passés à celle du cheval au galop, mors aux dents… les légionnaires s’intègrent de facto dans le tissu national comme tout autre citoyen, les origines nationales de nos légionnaires se sont très grandement élargies, ils voyagent, se dispersent et ressentent moins le besoin de se grouper au sein d’amicales dont les membres se réunissent deux ou trois fois l’an ou bien se voient toutes les semaines pour jouer aux cartes et commenter la dernière prise d’armes dans cette Légion « qui n’est plus comme avant… comme celle de mon temps ! »…
Tout cela me semble relever de la foutaise et de la « gueguerre » de clans qui n’ont pas lieu d’être. Et si les anciens, plus anciens, arrêtaient de prendre les plus jeunes pour des bons à rien et ceux-ci de prendre les premiers pour de « vieux, voire de très vieux cons » ?
Tous y trouveraient leur compte par le simple fait que l’union fait la force et que cette force des anciens, regroupés en amicales malgré les difficultés conjoncturelles, serait de nature à aider à maintenir la pérennité de l’idée que le Monde se fait de notre institution et à aider l’institution elle-même par la possibilité d’agir à son profit sur des sujets que les actifs ne peuvent aborder. Pour s’en convaincre, il n’est que de regarder le symbolisme de la loi « Français par le sang versé ».
Restons unis malgré les différences de nos carrières, de nos grades, de nos anciennetés, de nos combats et de nos passés.
Restons simplement d'anciens légionnaires.
AM