Histoire: le colonel Michel Combe:

 

Par ordonnance royale du 1er mai 1832, Michel Combe est nommé colonel de la Légion étrangère qui vient justement d’être constituée à Alger. Avant son départ pour l’Afrique, il effectue un court séjour à Feurs.
La Légion forme alors un seul régiment fort de 2 700 hommes réunis en quatre bataillons. Les effectifs passeront ensuite à 6 000 hommes groupés selon les nationalités en sept bataillons : les trois premiers constitués d’allemands, le quatrième d’espagnols, le cinquième d’italiens, le sixième de belges et de hollandais et le dernier de polonais.
C’est à Michel Combe qu’il revient de remettre à la Légion son premier drapeau, offert par le roi des Français, lors d’une prise d’armes, à Kouba, près d’Alger, le 24 juin 1932. Ce drapeau deviendra en 1841 celui du 1er Régiment étranger.
Très indépendant, d’une grande susceptibilité, il se heurte aux autres chefs de corps, ses pairs, et même à ses supérieurs à propos d’incidents minimes qui se produisent inévitablement entre les soldats des différents régiments dans une grande ville de garnison comme Alger. Ainsi un légionnaire est surpris à voler dans le dépôt de foin de Hussein-Dey et arrêté par les employés du magasin. Surviennent quelques camarades légionnaires en armes qui le délivrent.
Pour éviter le renouvellement de tels larcins, le général Dalton, commandant la division d’Alger demande à la Légion étrangère de participer à la garde des magasins d’Hussein-Dey en fournissant un caporal et quatre fusiliers. Combe refuse hautement en écrivant que jamais ses hommes ne seraient « garde-écurie d’un autre corps » et il demande à être relevé de son commandement. Il est mis aux arrêts et l’affaire remonte jusqu’au ministère.
C’est dans ce contexte que se place l’affaire François Zola. A la Légion étrangère, Michel Combe trouve, sous ses ordres, un officier italien, le lieutenant François Zola, père d’Emile Zola.
Francesco Zola, d’une famille originaire de Venise et de Zara en Dalmatie comptant des officiers de fortune et des missionnaires, est le petit-fils d’Antoine Zola, capitaine au service de la République de Venise et le fils de Demerius-Charles et de Nicoletta Bondioli (grecque de Corfou). Il est né le 8 août 1795 à Venise. Après avoir été élève des écoles militaires de Pavie et de Modane, il sert dès ses dix sept ans (de 1812 à 1815) comme sous-lieutenant d’artillerie à cheval, dans l’armée d’Eugène de Beauharnais, Vie-rois d’Italie.
Il quitte l’armée après l’occupation autrichienne et entreprend des études d’ingénieur à l’université de Padoue.
En 1831, il se retrouve à Alger, soignant les malades du choléra à l’hôpital du Dey d’Alger. C’est là qu’il rencontre jean-Antoine Giono, le grand-père de Jean Giono, ancien carbonaro et ancien propriétaire terrien à Montazemolo en Piémont. François Zola a déjà derrière lui une vie mouvementée quand il s’enrôle le 20 juillet 1831, à trente six ans dans la Légion étrangère avec le grade de lieutenant.
En 1832, le lieutenant Zola s’éprend de l’épouse d’un sous-officier de la Légion, d’origine allemande, Fischer, qui est le fourrier du corps. Ce dernier devant être rapatrié, François Zola supplie sa maîtresse de rester en Afrique. Entraîné par sa passion, il comet une grave indélicatesse en puisant une somme importante dans la caisse du magasin d’habillement de la Légion pour la remettre à madame Fischer.
Malgré tout la « Belle » s’embarque, l’amant s’affole. Le bateau part avec ses amours…
Le lieutenant, malgré tout bénéficiant de l’appui d’un de ses parents, le général comte de Loverdo, n’est pas traduit devant le conseil de guerre, à la grande colère du colonel Combe qui réclame un châtiment exemplaire. Ces faits seront rappelés en 1898, en plein cœur de l’affaire Dreyfus.

 

Avec la complicité du chef du service de renseignement de l’armée, le colonel Henry, deux lettres du colonel Combe accusant formellement François Zola sont transmises à Ernest Judet, chef du service politique du « Petit journal », qui les publie immédiatement avec l’intention délibérée de faire du tort à Emile Zola. Les biographes de l’écrivain replacent la divulgation de ce fait divers dans le climat passionné de la fin du siècle.
Finalement Combe quitte la Légion étrangère avant Zola puisqu’après ces péripéties africaines, on lui confie, le 18 octobre 1832, le commandement du 47ème régiment en ligne, alors en garnison à Montpellier. C’est un homme aigri qui se retrouve dans une paisible garnison de province.
Lors de la revue du régiment, le colonel Combe affecte une allure très libre qui est, tout de suite, mal jugée par le général comte de Castellane qui commandait ; « suivant les habitudes des officiers du premier Empire en campagne, il avait une canne à la main et était suivi d’un petit chien…Castellane le regarda d’un air sévère et intima l’ordre de faire disparaître sa canne et de mettre le sabre à la main…
Heureusement pour le colonel Combe, si l’on peut dire… Il reste la guerre et, en 1835, la conquête de l’Algérie est loin d’être achevée. Le régiment du colonel est appelé à faire campagne en Algérie.
En novembre 1835, une première tentative contre Constantine avait été un échec.

 

Cette fois, l’expédition est mieux préparée. Environ 10 000 hommes vont être engagés, divisés en quatre brigades, les meilleures troupes de l’armée d’Afrique : infanterie de ligne mais aussi Bataillon d’Afrique, Légion étrangère et Zouaves. Les chefs, aussi, sont prestigieux : le lieutenant-général comte de damrémont, gouverneur général est commandant en chef, les maréchaux de camp: duc de Nemours, Trézel et Rulhières ainsi que le colonel Combe dirigent chacun une brigade.
La campagne commence le 1er octobre avec le départ du camp de Guelma. Le 6 octobre l’armée arrive à Constantine. L’artillerie pratique une brèche dans la muraille. Le général Damrémont adresse alors aux Constantinois une offre de capitulation. Le 11, les défenseurs de la ville tentent, en vain, une nouvelle sortie.


La première vague monte à l’assaut conduite par Lamoricière. Peu après sept heures, les Zouaves plantent le drapeau tricolore sur le rempart mais la ville est loin d’être prise. Des barricades obstruent les rues étroites et tortueuses, la fusillade est meurtrière, des explosions secouent la ville. Le commandant de la première colonne, Lamoricière, est mis hors de combat par l’explosion d’un magasin à poudre. Il y a un moment de flottement parmi les assaillants. C’est en cet instant crucial que Michel Combe montre sa détermination…
« Le colonel Combe arrivait avec les compagnies du 47ème et de la Légion étrangère, presque au moment où ce sinistre venait d’avoir lieu ; il prit le commandement… Les ennemis, revenus de leur premier élan d’audace, à mesure que nous avions secoué la poussière des décombres, s’étaient un peu retirés en arrière, mais sans sortir de la rue par laquelle nous voulions nous ouvrir un passage. Ils étaient embusqués presque en face de la porte, derrière un amas de débris et de cadavres qui formaient une espèce de barricade… Le colonel Combe ordonne à une compagnie de son régiment d’enlever cette barrière. En promettant la croix au premier qui la franchira. La compagnie se précipite contre le retranchement… Le capitaine fut frappé mortellement et plusieurs soldats furent tués ou blessés.


Ce fut à peu près en ce moment que le colonel Combe, qui veillait sur l’opération, fut atteint, coup sur coup, de deux balles dont l’une avait frappé en plein dans la poitrine. Après s’être assuré de la réussite complète du mouvement qu’il avait ordonné, il se retira lentement du champ de bataille et, seul, calme et froid, il regagna la batterie de brèche, rendit compte au général en chef de la situation des affaires dans la ville et ajouta quelques simples paroles indiquant qu’il se sentait blessé à mort… »
Michel Combe meurt le 14 octobre au soir, selon Canrobert, le 15 selon l’extrait mortuaire officiel. Ces derniers moments sont d’un grand calme : « Ses traits réguliers n’accusaient aucune souffrance, et sa figure couleur de cire était magnifique… ».
Le 16 octobre, le général Valée écrit :
« Le Roi a perdu un serviteur habile et dévoué : le colonel Combe est mort hier de ses blessures qu’il avait reçues pendant l’assaut. C’est une perte que l’armée ressent vivement. Nous avions tous admiré son courage et son calme sous le feu de l’ennemi, au moment où il venait d’être frappé à mort. »
Michel Combe est inhumé au pied des murailles de Constantine, les soldats creusèrent de leurs mains une tombe au bas de la brèche sur laquelle flottait depuis la prise de la ville le drapeau français. Une grande dalle était en place sur laquelle étaient gravés ces mots :


Le 47ème Régiment de ligne
A  Michel  Combe,  son  colonel,
Blessés à  l’assaut  de Constantine
Le 13 octobre 1837 et mort le 15 du mois
Regrets Eternels.


Le gouvernement décide que son cœur sera ramené en France aux frais de l’Etat et qu’un buste en marbre devra être placé dans l'hôtel de sa ville natale.

Une statue fut érigée à la base de laquelle fut incéré le coeur du Colonel Michel Combe.

Extrait du livre "Michel Combe 1787 - 1837" écrit par monsieur Joseph Barou, édition "Village de Forez"

cliquez: http://forezhistoire.free.fr/images/54-S-Barou-Colonel-Combe.pdf