Les cités grecques sont confrontées à une grave crise, surtout Athènes. Cette crise est politico-financière et sociale. Déjà au VIè siècle AC… des paysans accablés de dettes se vendent comme esclaves, de nouvelles classes sociales urbaines émergent, constituées d’artisans et d’armateurs. Pour faire face à cette double crise les cités grecques sont obligées de modifier totalement leur organisation politique. Les réformes à Athènes donnent jour, au Vè siècle, au premier régime démocratique qui comporte encore, néanmoins, des esclaves.
La démocratie donne le pouvoir au peuple et non plus seulement à l’aristocratie, aux aréopages, pour faire bref…
De nos jours, cette apparence est maintenue grâce au vote. Mais pour qui vote-t-on ? Pour des « élites » qui ont fait de la politique leur métier, comme un autre métier, bien rémunérateur, certes, revenant ainsi aux aréopages anciens. En réalité, le pouvoir du peuple consiste uniquement à faire ou défaire des rois, mais ceux-ci, une fois élus font exactement ce qu’ils veulent et pas ce que le peuple souhaite. Oui, notre ami Christian a bien raison de titrer son billet « L’équivoque démocratie »…
AM
L’équivoque démocratie
Démocratie, maître mot qui désigne à la fois un régime et un processus politiques. Le régime affirme le pouvoir des hommes sur leur vie sociale et sur leurs actions. Mais en démocratie, rien n’est acquis et rien ne porte le sceau de l’éternité, tout est débat, tout est remis incessamment en cause, l’ancienneté même ne fait plus référence.
La démocratie, c’est aussi l’histoire en marche, le double développement de la liberté des individus et de l’égalité des conditions d’égalité, vaste programme…
Si l’achèvement de toute action démocratique est constitutif du régime politique, le processus, quant à lui ne connaît pas les blocages ou retards. Aujourd’hui, nous sommes tous des démocrates puisque tout absolument tout fait débat. Ainsi, nous donnons notre avis sur l’extension de la loi à des couples non mariés, sans distinction ni de sexe, ni de certains droits attachés au mariage traditionnel, nous expliquons avec raison que le Pacte Civil de Solidarité est un bienfait ce qui est une vérité ; nous discutons de la représentation des hommes et des femmes dans les lieux de pouvoir, de la pétition lancée par certaines associations contre le refus de l’adoption d’un enfant accordée à un homme ou une femme vivant en couple homosexuel. La démocratie avec ses mouvements devient une suite d’avancées impensable il y a quelque temps ; elle devient le passage de l’ombre à la lumière écrasant sur son passage certains tabous d’un autre temps.
En 1948, confronté à l’arrogance totalitaire, Albert Camus définissait la démocratie comme le régime qui “ne peut être conçu, créé et soutenu que par des hommes qui savent qu’ils ne savent pas tout”. Et d’ajouter: “le résultat est que le démocrate est modeste. Il avoue une certaine part d’ignorance, il reconnaît le caractère en partie aventureux de son effort et que tout ne lui est pas donné. Et, à partir de cet aveu, il reconnait qu’il a besoin de consulter les autres, de compléter ce qu’il sait par ce qu’ils savent”.
Mais autour de nous, nous nous apercevons que la modestie n’étouffe pas tout le monde, loin s’en faut et nous avons la preuve chaque jour avec certains des nôtres qui pensent avoir opté pour la démocratie de Camus alors qu’ils donnent des leçons comme le faisait Sartre à Camus.
Alors? Bond en avant démocratique ou catastrophe anthologique? L’homme d’aujourd’hui est délié de la lourde charge du maintien dans la fidélité à la parole donnée, où donc l’individu trouvera-t-il, dans un avenir très proche, les ressources de la modération et du scrupule quand il s’apercevra que la terre est malade et fiévreuse du microbe qui a pour nom: homme, ce microbe qui l’épuise.
Nous saluons comme un progrès de la civilisation l’entrée de l’existence humaine dans la sphère de la consommation.
La solution serait-elle dans la démocratie ? Il est permis d’en douter quand on voit avec quel empressement l’humanité démocratique répond à l’appel de l’histoire…
Avec cette guerre éclair en Ukraine ravivant les pires plaies de notre histoire, Saura-t-on enfin, au miroir d'une abjection qui ne se cache plus, comprendre enfin qu'il est un régime qui seul garantit l'ordre, la prospérité, la liberté et la fidélité à certains idéaux : la démocratie ? Si cette guerre pouvait nous guérir de la mystérieuse haine de soi qui, à tant de nos compatriotes, y compris parmi les élites, a fait préférer le puisard autoritaire à la source vive démocratique, elle aura au moins servi à quelque chose - hélas.
CM