Dans un article précédent, je donnais avec son autorisation les conclusions concernant cette guerre d'Indochine par le général (2s) Jean-Claude Coullon, notre grand ancien: " la guerre d'Indochine avait été pour nombre de survivants, un génocide militaire".
N'ayons pas peur des mots, La Légion en 2024, prend comme thème de son Camerone: la bataille de Dien Bien Phu qui a celé le sort de la france en Indochine il y a 70 ans.
L'Indochine représente 10 471 morts: 307 officiers, 1082 sous-officiers et 9092 légionnaires, c'est la guerre la plus meurtrière confrontée par la Légion. Dans notre mémoire collective de nombreux noms font référence aux combats des légionnaires: "Coa Bang, RC4, etc..." Les 228 légionnaires tués presqu'au moment de Dien bien Phu et à quelques encablures de la célèbre cuvette sont passés sous silence et restaient inconnus de nos livre d'histoire. Cette chronique laotienne vient à point pour mettre toute la lumière sur cette période de fin de guerre sans rester fixer sur l'ultime combat. Merci à nos camarades et bonne lecture:
Le premier combat de Mouang Khoua
Début 1953
Le Commandement français a décidé de conserver une chaîne de plusieurs garnisons isolées à travers la région, afin de gagner du temps contre les attaques du vietminh. Mouang Khoua fut l’un des derniers postes dans le nord Laos. Beaucoup de ces petites garnisons reçurent par radio l’ordre de se fortifier et de combattre toute approche vietminh.
Au début de 1953 le général Giap commence à envahir le Laos. Le général Salan ordonne à ces postes isolés de résister face au vietminh pour gagner du temps afin de fortifier Louang Prabang et Vientiane. Chaque poste reçoit un délai à tenir en nombre de jours précalculé. Ainsi le capitaine Teulier commandant le poste de Mouang Khoua reçoit, le 13 avril 1953, l’ordre de tenir 14 jours.
Le premier poste à recevoir le choc de l’offensive Viet est le poste satellite de Sop Nao, situé à 48 km à l’est de Mouang Khoua et à 32 km de piste de Dien Bien Phu. Le 3 avril le vietminh entre au Laos par cette piste et le bataillon de tête atteint Sop Nao. Encerclés par l’ennemi, les Français commandés par le lieutenant Grézy, résistent pendant six jours.
Les survivants reçoivent par radio l’autorisation du capitaine Teulier de se replier dans la nuit du 9 au 10 avril. A travers la brousse ils arrivent à Mouang Khoua le 12 et son intégrés à l’effectif du poste. Pendant ce temps, un bataillon Viet et une compagnie de mortiers de 120 arrivent à proximité de Mouang Khoua.
Qualifiée de force relativement faible, les 2 officiers, la poignée de sous-officiers et les 300 Laotiens étaient équipés de 3 mortiers de 81, de 2 de 60 et de 2 mitrailleuses 12,7.
Le 13 avril, le colonel de Crèvecoeur leur ordonne de tenir pendant 14 jours et leur promet un soutien aérien.
A 23 heures ce soir-là les premiers obus de mortier commencent à tomber sur les pentes de la position Alpha. Le vietminh lance sa première attaque directe qui échoue et laisse 22 cadavres dans les barbelés. A partir de ce jour-là le poste sera soumis à des tirs de mortier tous les soirs. La garnison sera appuyée par des B26 et des parachutages de munitions et de vivres. Cette noria aérienne permet au poste de résister et, le 27 avril le poste était tenu solidement. A partir de cette date et pendant deux semaines, l’ennemi va appliquer sa vieille tactique d’étouffement pour ronger lentement les positions de l’avant-poste français.
Le 18 mai à 0 h 30 les mortiers de 120, les canons sans recul de 57 et obus au phosphore de 81 frappent la position Alpha et la Souricière, mais pas la position Pi où le lieutenant Grézy soutient avec ses mortiers les deux autres points d’appui.
Le capitaine Teulier demande par radio un éclairage du poste par lucioles et un soutien aérien ; mais les conditions météorologiques sont mauvaises.
A 01 h 00 le flanc ouest de la Souricière tombe sous le bombardement Viêt.
A 01 h 30 le capitaine Teulier reçoit un message radio indiquant que les conditions météo ne permettent pas l’appui aérien.
A 02 h 30 le Viêtminh lance des vagues d’assaut successives qui écrasent le capitaine Teulier et ses hommes. Grâce aux bancs de sable de la Nam Pak l’ennemi peut aussi lancer des attaques de flanc.
A 03 h 30 plus aucun tir ne part de la Souricière.
Le point d’appui Alpha survit le reste de la nuit et est aperçu en plein combat par l’aviation à 09 h 00.
Des avions C47 viennent parachuter de l’approvisionnement, mais ils ne peuvent que constater que les drapeaux français et laotien ne flottent plus sur le bunker de commandement de Pi.
Au lieu de tenir les 14 jours demandés, le capitaine Teulier et ses 300 Laotiens ont donc tenu pendant 37 jours avant d’être ensevelis par le nombre.
22 mai 1953
4 jours après la fin des combats, le sergent Novak et 2 soldats laotiens atteignent le dernier poste français encore tenu dans le nord-Laos, Phong Saly. Le 24 mai le sergent Blondeau rejoint ce poste également.
A suivre !